Nouveau duo et projets à Mariemont

C’est le seul musée à vocation aussi scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Guy Duplat
Nouveau duo et projets à Mariemont
©AV PRESS

Le Musée royal de Mariemont est le seul établissement scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’équivalent en Communauté française des établissements scientifiques restés fédéraux comme le Cinquantenaire ou le musée des Beaux-arts de Bruxelles. A ce titre, outre sa mission muséale, l’institution mène à bien de nombreuses tâches de recherches scientifiques et pédagogiques, sans compter le parc magnifique où il se trouve.

Mardi, la nouvelle équipe de direction s’est présentée. On y retrouve Marie-Cécile Bruwier qui dirige déjà la partie scientifique depuis 2002. Elle forme dorénavant un duo directorial avec Roland Van der Hoeven, “directeur opérationnel”. Roland Van der Hoeven était le directeur du service de l’inspection de la Culture à la Fédération Wallonie-Bruxelles.

L’avenir des ESF fédéraux Alors que les ESF fédéraux doivent supporter des coupes drastiques (on parle toujours de coupes de 20 à 30 %), ce seul ESF de la Communauté française, dépendant de Joëlle Milquet, est bien loti, ne voyant son budget en baisse que d’un tout petit pour cent.

Mariemont regarde d’ailleurs de tout près l’évolution du dossier des musées fédéraux car la déclaration gouvernementale de Michel Ier parle de nouer des liens entre musées fédéraux et musées des entités fédérées, voire de répartir dans les régions une partie des collections fédérales, ce que ne souhaite pas Mariemont mais qui traîne peut-être dans certains esprits N-VA.

Ombilic et Cirebon Les deux directeurs ont présenté les deux expositions importantes pour 2015. D’abord, “L’ombilic du rêve, dessins et gravures de Rops, Klinger, Kubin, Simon” (28 février – 31 mai) qu’on peut déjà voir pour l’instant à Paris au centre Wallonie-Bruxelles où l’exposition “cartonne”. Le titre vient d’une citation de Freud dans “L’interprétation des rêves” : “Chaque rêve comporte au moins une partie qui ne peut être creusée jusqu’à son fondement, comme un nombril, un ombilic qui le met en relation avec l’inconnu”.

L’exposition se veut une invitation à sonder les limites de notre conscience, à travers l’imaginaire graphique d’une centaine de dessins et de gravures de 4 artistes, Félicien Rops (1833-1898), Max Klinger (1857-1920), Alfred Kubin (1877-1959) et Armand Simon (1906-1981), dont les œuvres respectives révèlent des liens évidents et des préoccupations communes, autour de 5 thématiques, le rêve, le féminin, l’Eros, la mort ou encore “l’inquiétante étrangeté”. L’exposition explore les similitudes et les correspondances qui relient les œuvres présentées mais aussi les spécificités propres à chacun des créateurs, entre visions oniriques ou hallucinées du monde.

La seconde exposition est consacrée à “Cirebon. Lumières d’un monde naufragé. Fouilles sous-marines en mer de Java” (11 juillet – 10 janvier 2016). L’épave de ce navire marchand a été découverte par 56 m de fond, dans la mer de Java en 2003. Le “trésor de Cirebon”, ainsi nommé car il a été découvert au large du port de Cirebon (île de Java), comporte 250 000 objets, retrouvés sur l’épave d’un navire de commerce datant d’environ 960 après J.C. Les pièces sont représentatives des échanges qui existaient à l’époque entre l’Extrême et le Moyen-Orient : objets sculptés en cristal de roche typiques de la dynastie des Fatimides (Egypte), verres de Mésopotamie, perles du Golfe, porcelaines et céladons rarissimes de la Chine impériale, des pièces d’or, de monnaie, des pièces de céramiques. Repérée par des pêcheurs, l’épave a été fouillée en 2004 et 2005 par la société Cosmix (la fouille fut dirigée par un Belge, Luc Heymans) et le musée de Mariemont eut l’opportunité de devenir partenaire scientifique de cette opération.

Le trésor doit amener une meilleure connaissance des échanges commerciaux à l’époque entre la Chine et l’Indonésie. Mariemont s’est vu confier une partie de la cargaison (l’autre a été conservée par l’Etat indonésien qui a tenté de la mettre en vente pour 80 millions de dollars). En a émergé un site Internet évolutif, grâce auquel tous les chercheurs de la planète pourront comparer leurs découvertes.

Le parc si riche

Rodin. Le parc de Mariemont, à Morlanwelz près de La Louvière, est un régal : 45 hectares et des kilomètres à cheminer à l’ombre de milliers d’arbres, souvent exceptionnels : les châtaigniers ont été plantés au temps de Charles de Lorraine et les chênes pédonculés sont encore plus vieux. Avec plus de mille espèces, le parc possède une des plus grandes collections dendrologiques de Belgique.

Mais les chiffres expriment mal le plaisir des sentiers, la surprise de découvrir des paons, ou des sculptures de Jef Lambeaux ou d’Auguste Rodin (un des très rares exemplaires en plein air des Bourgeois de Calais). Les ruines du château de Charles de Lorraine, détruit en 1794, sont envahies par le lierre.

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