Colinet veut un grand festival international à Liège
Les idées de Colinet sont bien en phase avec les priorités du moment : accroître les collaborations, se mettre ensemble pour réduire les coûts par temps de rigueur, soutenir les artistes et en particulier les artistes émergents.
Publié le 11-12-2014 à 18h32 - Mis à jour le 11-12-2014 à 18h33
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Jean-Louis Colinet veut transformer le Festival de Liège, qui commence fin janvier, en un grand festival intercontinental.
Jean-Louis Colinet est encore directeur du Théâtre National jusqu’à fin 2015 et préparera encore la saison 2016-2017. Mais c’est à un tout autre titre qu’il révèle une belle ambition. Il dirige aussi le Festival de Liège et entend transformer celui-ci en un vrai festival international promouvant entre autres les artistes émergents, au bénéfice en particulier de toute la Belgique francophone. Il s’explique à l’occasion de l’annonce de la nouvelle édition du Festival de Liège qui se tiendra du 27 janvier (ouverture très symbolique à Mons pour lancer Mons 2015) jusqu’au 21 février. Il s’explique.
Au départ, le Festival de Liège servait surtout à programmer chez nous des spectacles internationaux. Ce festival, avec Colinet à sa tête, attire 20000 spectateurs tous les deux ans pour découvrir des artistes venus des quatre coins de la planète « dans un esprit d’interrogation du présent et du monde ».
« J’ai voulu y joindre une dimension de créativité, rappelle-t-il, y compris pour des artistes belges francophones qui peuvent y trouver un lieu de création et de recherche. »
Mais pour les éditions prochaines, il veut aller plus loin et créer pour la Communauté française, un « festival qui ait une dimension réellement internationale et qui soit aussi un outil de rayonnement et de diffusion pour nos artistes ».
D’abord, il s’agit que le Festival de Liège renforce encore davantage ses liens structurels avec les différents acteurs de Wallonie et de Bruxelles et soutienne les artistes émergents. Il y aura cette année, dans le festival, un week-end appelé « Factory » qui présentera des travaux de recherche. Le festival, ajoute Colinet, doit être aussi ouvert à des collaborations avec des structures flamandes (il pourrait profiter dans ce cadre des budgets nouveaux prévus pour l’accord culturel Flandre-Communauté française, poussé maintenant par le duo des ministres Milquet-Gatz).
Intercontinental

Les idées de Colinet (photo ci-dessus) sont bien en phase avec les priorités du moment : accroître les collaborations, se mettre ensemble pour réduire les coûts par temps de rigueur, soutenir les artistes et en particulier les artistes émergents.
« Dans ce cadre nous réfléchissons aussi à créer une Fondation pour recueillir des fonds privés pour soutenir des jeunes artistes » (avec le tax shelter « arts de la scène » voulu par Reynders ?).
Le Festival de Liège veut aussi s’ouvrir à l’Europe en étant une des chevilles ouvrières d’un nouveau projet qui sera soumis en octobre 2015 à la Commission européenne, dans le cadre du programme « Europe créative », « pour soutenir les artistes émergents qui interrogent notre monde présent, en collaboration avec des institutions qui travaillent sur l’action citoyenne ». Un projet qui est mené déjà avec le Festival d’Avignon et le Festival Temporada Alta de Gérone en Espagne.
Mais Jean-Louis Colinet voit encore plus loin en évoquant une dimension intercontinentale à ce festival et parle de se lier avec le Festival Santiago mil au Chili, un autre à Taïwan et un autre encore à New York .
Grâce à cela, le Festival de Lège qui s’appelle maintenant « Festival international des arts de la scène », veut devenir un instrument qui permette d’accroître la visibilité internationale de nos artistes, « en particulier les émergents qui font un travail remarquable mais reste encore sous la ligne de visibilité des grands festivals habituels qui choisissent souvent des artistes déjà connus, devenus des ‘marques’. »
« Tous ces partenariats doivent devenir des opportunités pour ouvrir le monde à nos artistes. »
Les années paires quand il n’y a pas le Festival de Liège, Jean-Louis Colinet aimerait néanmoins organiser un festival des reprises des meilleurs spectacles de l’année comme le fait en Flandre, le Theaterfestival, pour qu’ils soient vus surtout par les programmateurs internationaux. Le choix sera fait par un jury. Cette année, s’il devait se faire, Colinet penserait à reprendre « Money » de Françoise Bloch et « Mamma Medea » de Christophe Sermet et Tom Lanoye. Ces années paires permettraient aussi des rencontres professionnelles autour d’étapes de travail et des rencontres entre artistes et écoles (du primaire aux écoles primaires). « Il est important de faire rencontrer la culture par les jeunes, de leur en donner le goût ». Il imagine par exemple, une école d’art discutant avec un spectacle en cours de construction.
Du monde aux créations belges

Cette nouvelle édition du Festival de Liège débutera très symboliquement à Mons pour ouvrir aussi Mons 2015, avec deux très beaux spectacles : « Coupé-décalé » le 27 janvier avec des danseurs sénégalais et un chorégraphie de Robyn Orlin, très grand public. Suivi à Mons encore de « La imaginacion del futuro » du formidable collectif chilien La resentida. Ces deux spectacles iront à Liège. Jean-Louis Colinet a aussi invité la magnifique espagnole Angelica Liddell (photo ci-dessus) qui rejouera le spectacle « chinois » « Ping Pang Qiu » qu’on avait apprécié à Avignon. On pourra voir aussi une adaptation des Bas–fonds de Gorki par le metteur en scène lituanien, Oskaras Korsunovas. Du côté belge, six créations : Fabrice Murgia y dévoilera « Ghost Road 2 », avec Viviane De Muynck, tourné dans les camps de Pinochet du désert de l’Atacama. Il sera créé en janvier au Festival Santiago mil. Les frères Tabet qui avaient joué sur l’île de Lampedusa « En attendant les Barbares » pour le Festival Sabir en soutien aux immigrés clandestins, le reprennent ici. Olivia Carrère rejouera son récent « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups », Sophie Warnant se plonge dans l’univers psychiatrique avec « HaTahfénéwai ! ». Vincent Hennebicq y créera « Going home » et deux collectifs, créés dans la foulée du Raoul Collectif (celui de l’inoubliable « Silence du promeneur ») seront là : le Ramdam collectif crée « Buzz » et le « Nimis groupe » présentera une première étape de sa création : « Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu ».
Festival de Liège, du 28 janvier au 21 février : rés. : 04/3322969, www.festivaldeliege.be