Yves Vasseur : "Mons a acquis une place neuve sur la scène internationale"
On en parlait depuis plus de 10 ans. Ce week-end, ce sera fait. Mons 2015 démarre avec l’exposition "Van Gogh au Borinage" et la grande fête d’ouverture. 250 journalistes francophones et 150 journalistes flamands et étrangers se sont inscrits pour la visite de l’expo Van Gogh et pour la fête. Entretien.
Publié le 22-01-2015 à 18h42 - Mis à jour le 24-01-2015 à 09h00
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On en parlait depuis plus de 10 ans. Ce week-end, ce sera fait. Mons 2015 démarre avec l’exposition "Van Gogh au Borinage" et la grande fête d’ouverture. 250 journalistes francophones et 150 journalistes flamands et étrangers se sont inscrits pour la visite de l’expo Van Gogh et pour la fête. On espère 100 000 personnes dans les rues de Mons malgré une météo qui s’annonce maussade. Entretien avec Yves Vasseur, Commissaire général de Mons 2015.
Yves Vasseur, c’est quoi le défi de Mons 2015 ?
Ce n’est pas un festival mais toute une année de programmation avec 300 événements. Il a fallu ménager tout au long de 2015, des points forts, les répartir, être chaque fois européens et montois. Pour que chacun, d’où qu’il vienne, à n’importe quel moment, trouve à Mons ou aux alentours, trois ou quatre expos intéressantes, des spectacles vivants, des animations les plus diverses. C’est pourquoi on répartit le programme en quatre saisons (lire ci-contre).
Quel est le fil rouge ?
Au départ, on avait pris, "Quand l’art rencontre la technologie" et c’est ce qu’on verra avec les Café Europa, le festival Via, etc. Avec un sous-marin technologique qui traverse tout. Mais le thème qui a finalement émergé est celui de la métamorphose d’une ville avec ses équipements, ses commerces, son état d’esprit, ses nouveaux musées, salles de musique, centre de congrès, en sachant que je n’ai jamais dit que tout serait prêt le 24 janvier mais que cela s’étalera au long de 2015.
On a lu dans la presse anglaise et flamande des articles sceptiques, reflétant, disaient-ils, le scepticisme d’une partie des Montois...
C’est minoritaire. La fête d’ouverture pourra j’espère convaincre chacun. Je lis aussi une presse allemande enthousiaste par nos projets et qui a vu à Essen 2010 un cas semblable où il s’agissait, par la culture, de donner une image nouvelle à une ancienne ville minière.
Il y aura un avant 2015 et un après pour Mons, comme on l’a vu à Lille en 2004 ?
C’est notre objectif. La métamorphose durera. Les nouveaux équipements resteront. Le musée mémoriel des guerres devrait ainsi attirer les Anglais. Ils sont un million chaque année à venir à Ypres. Une partie viendra dorénavant aussi à Mons. Les esprits seront autres à Mons : 2015 a amené les gens à travailler ensemble, dans le monde culturel et dans les universités. Mons a acquis une place neuve sur la scène internationale, une image plus dynamique et technologique. Je lis encore parfois dans la presse flamande que Mons c’est surtout une ancienne ville minière, mais ce n’est plus cela, on le verra si on vient sur place.
On reproche parfois au programme d’être trop élitiste ?
Ceux qui disent que c’est un programme élitiste pour bobos sont de mauvaise foi. 80 % des projets sont d’accès gratuits. Il y en a pour tous les publics, de tous les genres, mais je revendique la phrase d’Antoine Vitez : "un élitisme pour tous" que nous avons à faire rayonner largement. Je n’accepterai pas qu’on dise que cet élitisme pour tous n’a pas sa place à Mons ! Tout le monde s’y met, y compris les bus des TEC qui seront gratuits vers Mons pour la fête d’ouverture.
On dit que Mons a trop pris comme budget ?
Il n’y a jamais assez d’argent pour la culture, c’est vrai. Et je le dirai à l’ouverture qu’il faut l’alliance du saltimbanque et de l’architecte, de l’artiste et de l’organisateur pour permettre à une société d’avancer. Et Mons était choisie depuis très longtemps comme capitale culturelle de la Communauté française.
Et après 2015 ? Lille a choisi de continuer avec ses projets Lille 3000 qui marchent fort bien...
C’est trop tôt pour le dire. Il faudra laisser décanter, réfléchir. Et je serai à la pension. Mais bien sûr, Lille 3000 est un excellent exemple et si on pouvait continuer à programmer régulièrement des temps forts à Mons, ce serait formidable. Il y a déjà des clubs d’entreprises qui nous le demandent. Je rappelle que des études indépendantes ont calculé que pour un euro investi (le budget est de 70 millions), il y en a six de retombées diverses, soit 400 millions d’euros sur la ville.
N’a-t-on pas vu trop grand ?
Je ne le pense pas. Tout a été largement payé par l’Europe, la Communauté, la région. La ville n’a dépensé qu’une faible partie de Mons 2015 et ses infrastructures. Tous les nouveaux lieux qui survivront sont à la taille de Mons. On n’a pas d’opéra de 3 000 places et ces nouveaux équipements répondent à des besoins et des publics clairement identifiés et chiffrés.