En art, l’"Obsession" est salutaire

Le 13e accrochage à la Maison particulière présente de très grands noms.

Guy Duplat
En art, l’"Obsession" est salutaire

La Maison particulière vient d’inaugurer son treizième accrochage déjà, sur le thème de l’"Obsession", particulièrement évocateur dès qu’on parle d’art et de collectionneurs. Ce lieu magique sur la scène bruxelloise, ce centre d’art à côté de la place du Châtelain, dans un quartier très prisé, s’est imposé sur la scène artistique bruxelloise.

Initié et porté par le couple de collectionneurs français Myriam et Amaury de Solages, le fil de ses expositions est de chaque fois partager les espaces avec des œuvres de trois autres collections privées autour d’un thème choisi et d’un artiste invité. Le visiteur a alors le plaisir de déambuler dans une belle maison bruxelloise, aux meubles design, et de découvrir d’autres points de vue sur l’art. On peut s’asseoir et feuilleter des livres sur les artistes et les commentaires d’écrivains ou philosophes invités eux à dialoguer avec les œuvres.

L’artiste invité est, cette fois, le peintre et sculpteur Gérard Garouste (1946). Son œuvre figurative et allégorique est imprégnée par la Bible et par Cervantes. Ses tableaux et sculptures se retrouvent souvent près des meubles créés par sa femme, la designer Elizabeth Garouste.

Les choix de Garouste

Myriam et Amaury de Solages lui ont demandé, en plus, de choisir des œuvres qu’il aimerait avoir dans sa collection imaginaire et cette demande s’est révélée riche car il a choisi des grands noms comme Gerhard Richter, Sigmar Polke, Michaël Borremans, Neo Rauch, Thierry De Cordier et Marcel Broodthaers. Et il a fallu trouver des œuvres de ces artistes chez des collectionneurs privés belges. Ce qui nous donne le plaisir de découvrir de très beaux Richter et Polke, un Borremans rarement montré, une "mer" magnifique de De Cordier ou un Broodthaers fait de deux blocs de charbon emballés dans de l’ouate.

On découvre aussi les choix liés à la personnalité, comme collectionneurs, d’un couple néerlandais ("The Ekard Collection"), d’une grande dame des arts liée à la famille de Solages, Hélène David-Weill, qui fut longtemps présidente et mécène du Musée des arts décoratifs à Paris et, enfin, de la collection des Courtraisiens bien connus Chris et Lieven Declerck.

Chaque collectionneur propose des œuvres sur le thème choisi ("Obsession") et la tâche de Myriam et Amaury de Solages fut d’accrocher ces œuvres, en confrontant ces regards particuliers, y ajoutant des œuvres de leur propre collection. Dans celle-ci, ils ont choisi l’obsession qu’ils ont pour le rond. Comme ces deux grands cercles de Michel François, l’un en bronze comme une terre jetée, l’autre gratté sur l’aluminium, ou encore celui fait de fils d’aimant en cuivre.

Une belle promenade

Le résultat est une belle promenade dans l’art contemporain, souvent plus figuratif que d’habitude. On y retrouve aussi des peintres de Supports/Surfaces (Claude Viallat et François Rouan), des Nouveaux Réalistes comme Arman. Wim Delvoye y montre son armoire flamande remplie de disques de scie, en Delft. Les installations de Chiharu Shiota (représentante du Japon cet été à Venise) montrent son obsession des fils. La très belle artiste israélienne Michal Rovner montre une vidéo de chromosomes qui bougent comme des humains. Ce parcours crée de multiples correspondances surprenantes comme Sophie Calle soupesant ses seins qui ont la même apparence que les deux blocs de charbon de Broodthaers placés à côté. Ou la sensualité de Kostya nue photographiée par Bratkov, à côté du corps vieilli de John Coplans.

"Obsession", Maison particulière, 49, rue du Châtelain, jusqu’au 29 mars, du mardi au dimanche, de 11 à 18 heures.

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