Bruxelles, une scène créatrice internationale

Au Wiels, coup d’œil en treize focus sur la jeune création plasticienne.

Claude Lorent
Bruxelles, une scène créatrice internationale

Pour sa troisième mouture, l’exposition que le Wiels consacre à une sélection de jeunes plasticiens (nés entre 1970 et 1990) se concentre exclusivement sur Bruxelles. L’initiative est une confirmation du rôle de plate-forme attractive que représente Bruxelles pour les jeunes créateurs européens mais également originaires d’ailleurs, notamment de Russie, du Japon, du Kirghizistan et de Nouvelle-Zélande !

Bruxelles et non la Belgique

On regrettera néanmoins qu’aucun artiste ne provienne des provinces belges et ce, malgré l’aveu d’une prospection effectuée par les commissaires. Il ne faudrait surtout pas en tirer comme conclusion qu’il n’y existe pas de plasticiens appartenant à la même tranche d’âge dont l’œuvre n’aurait ni la pertinence, ni le niveau, ni les qualités, ni le potentiel international, en regard de celles proposées dans l’expo. On affirmera simplement que dans la subjectivité des choix, "Un-Scene III" se consacre exclusivement à Bruxelles et non pas à la Belgique. Dont acte.

Les parts artisanales et décoratives

La sélection qui prend position sur deux étages du centre d’art a retenu treize plasticiens aux voies très diverses comme il est de mise aujourd’hui et dans l’air très évident du climat actuel de la création. Ce qui est logique.

Le premier constat d’ensemble, très net, est un changement d’attitude dans la création par rapport à la décennie précédente. On passe clairement du chaotique et de l’approche volontairement brouillonne à des réalisations d’une sage sobriété. L’ordonnance est à la une et l’on retrouve les vertus du bel ouvrage dans toutes les directions et techniques.

Désormais, et à travers cette sélection, l’esthétique en vigueur est celle du soigné, exécuté avec rigueur et précision. Une sorte de retour flagrant à l’ordre et au bien fait. La part artisanale étant fréquemment prise en compte et le décoratif vilipendé durant un demi-siècle remis au goût du jour. Et plus d’une œuvre est sous influence, de Beuys et Duchamp à Michel François.

De la fabrication à l’humain

Une analyse approfondie exigerait de s’attarder sur chaque œuvre alors que l’on tentera, ici, juste de percer quelques orientations. Dans les thématiques comme dans l’exécution, les processus de fabrication et l’importance des techniques utilisées occupent une place de premier plan. Elle va de pair avec une approche analytique de la création artistique et de la recherche d’une diversification des matériaux et des composantes. L’art se retourne à nouveau vers lui-même et reconsidère aussi l’architecture et le design.

La place relativement parcimonieuse faite à l’humain se teint au plus proche du quotidien, de l’environnement immédiat, de l’attention au corps et de la pratique des nouvelles images par saisie et interprétation d’un réel (selfies) ou aménagement d’un virtuel.

Quant à la seule performance (Béatrice Balcou), de parfaite exécution comme ses placebos de bois, de parodie elle devient sacralisation de l’art à un tel point que l’on peut penser que la messe est dite ! Dans une des églises peintes en perspective pop ? Il est vrai que l’époque est aussi au retour du religieux.Claude Lorent

"Un-Scene III". Wiels, av. Van Volxem 354, 1190 Bruxelles. Jusqu’au 09 août. Du mercredi au dimanche de 11h à 18h.

Participants : Béatrice Balcou, Jean-Baptiste Bernadet, Sébastien Bonin, Kasper Bosmans, Erika Hock, Hedwig Houben, Stephanie Kiwitt, Julien Meert, Yuki Okumura, Marina Pinsky, Marnie Slater, Leen Voet et Freek Wambacq.

Guide du visiteur et catalogue avec interview de chaque artiste.

Evénements : rencontres avec les artistes : www.wiels.org

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