Un nouveau château pour Bruxelles
Le château du parc Tournay-Solvay sera enfin restauré. Avec ses chauves-souris.
Publié le 03-06-2015 à 17h16 - Mis à jour le 04-06-2015 à 10h45
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PWPYCRBGSJGTBGPR6N7JND635A.jpg)
Bruxelles aura un nouveau château, dans "le plus beau parc de la Région", juge l’architecte Francis Metzger. Le parc de Tournay-Solvay est situé à l’orée de la forêt de Soignes, à côté de la gare de Boisfort. Le château n’est plus qu’une ruine, abandonné depuis 40 ans. Mais il va ressusciter, sera restauré et modernisé.
Son histoire est un conte de fées. Le parc appartenait à la famille Solvay. En 1880, Alfred Solvay commanda aux architectes Constant Bosmans et son beau-frère Henri Vandeveld (ne pas confondre avec Henry Van de Velde), une maison de campagne à Watermael-Boisfort dans leur parc de plusieurs hectares. Ce duo réalisera aussi la Bibliothèque Solvay. Ils choisirent le style néo-renaissance flamande, avec des briques rouges et noires et de la pierre bleue.
Squats et incendie
En 1905, l’architecte Jules Brunfaut y ajouta deux tours pour donner à la maison un air de château.
A la mort d’Alfred Solvay et de son épouse, c’est leur fille Thérèse et leur gendre Emile Tournay qui héritent du château. Le couple n’ayant pas d’enfants, leur propriété est vendue à leur mort en 1972. Des projets de bureaux sont arrêtés par la commune. Le parc et le château sont repris par l’Etat en 1980 et par la Région en 1989. Mais rien n’est fait pour sauver le château : dégradations du temps, squats, fêtes sauvages et, finalement, incendie criminel en 1982 qui détruisit les planchers et le toit. Ce n’est plus qu’une ruine jusqu’aujourd’hui.
Les choses vont enfin changer. Les travaux de consolidation de ce qui reste ont été effectués. Après concours, le bureau d’architectes de Francis Metzger (MA2) se chargera de la réhabilitation du château comme il l’a fait pour d’autres bâtiments du patrimoine bruxellois (maison Autrique, Villa Empain, bibliothèque Solvay, Maison de lune, château Charles-Albert).
Le projet est prêt, le financement aussi (3,5 millions d’euros). Un appel à projets a été lancé pour l’occupation future du château pour des "équipements collectifs". Le choix de l’affectation jouera sur la finalisation de la restauration. Dès que les permis seront accordés, les travaux débuteront pour 14 à 16 mois.
Comme à Berlin
La philosophie de Francis Metzger est celle qui a déjà présidé à la restauration du château Charles-Albert, tout proche. La façade, faisant partie du parc qui est classé, sera restaurée à l’identique. Sauf le toit disparu qui sera remplacé par un toit en acier Corten, avec de multiples petits trous pour faire entrer la lumière comme dans un sous-bois - la forêt est proche. Un belvédère ouvert aux promeneurs sera créé au sommet pour avoir la vue magnifique sur le parc.
Refuge des chauves-souris
A l’intérieur, les rares éléments qui restent du décor (mosaïque à l’entrée, escalier de marbre de Carrare, quelques bas-reliefs, éléments d’enduits) seront restaurés. Pour le reste, on laissera des murs de briques nues ou on y ajoutera des éléments contemporains comme David Chipperfield le fit si bien au Neues Museum de Berlin, jouant sur l’acier, le verre laqué, le hêtre massif.
Etonnant : il faudra tenir compte des chauves-souris qui ont trouvé refuge dans la ruine du château et qui sont protégées par une directive européenne - le parc est Natura 2000.
On leur a construit des abris dans les sous-sols qui deviendront définitifs. Et le calendrier des travaux tiendra compte des migrations de ces petits mammifères : on fera les gros travaux dérangeants en leur absence, et les travaux plus discrets quand elles seront là ! Guy Duplat