Beaufort de vent d’est à très modéré

Le festival des arts sur les plages de la Mer du Nord marque le pas.

Roger Pierre Turine
Beaufort de vent d’est à très modéré

Pas question d’aller dénicher, de dunes en bords de mer, des œuvres armoriées de noms d’auteurs ronflants. Le temps des Gormley, Bourgeois, Delvoye, Fabre et autres Plensa ou Op de Beeck serait-il révolu ?

Cette année, l’option choisie par les quatre commissaires est celle de la jeunesse, de l’inédit et, très certainement aussi, du festival à moindre coût par souci d’économie. Le parcours n’est pas aussi ardu qu’à l’ordinaire, ne court pas tout au long des quarante kilomètres de notre côte. Il se structure autour de quatre sites englobant eux-mêmes quelques débordements.

A Dog Republic et les autres

Le Zwin et du Zoute aux alentours, Raversyde et ses dérivés vers Ostende ou Koksijde, La Panne et son parc De Nachtegaal, voilà en gros le parcours du combattant qui vous attend. Mais méfiance pour réduit qu’il soit ! Dans le cadre enchanteur du parc de détente et de culture du Nachtegaal, à La Panne, et ce nous fut incroyable découverte, le parcours veut que l’on escalade et descende des buttes de sable mou redoutables pour qui s’y aventure à cloche-pied !

Groupe éclectique d’entreprenants complices de Yona Friedman, A Dog Republic est un peu la cerise sur le gâteau d’un parcours qui englobe plusieurs réalisations toniques du dit groupe à côté de très faibles créations d’autres invités.

Quatre commissaires, une première. Patron du Mu. ZEE à Ostende, Phillip Van den Bossche mène un quatuor de mousquetaires de l’art contemporain. A ses côtés et à chacun sa part de responsabilités et de choix : Lorenzo Benedetti, Patrick Ronse, Hilde Teerlinck. Oserions-nous dire cependant que le parcours (à découvrir guide en mains), vu dans sa globalité, nous a fort déçus ? Oui, nous l’osons ! S’il n’était la solide beauté des sites et la sportivité récurrente de la ballade, bien menue serait notre satisfaction en bout de course ! Trop lacunaires, bien légères, les propositions plastiques des 34 intervenants pêchent par leur déjà-vu, leur peu d’inspiration, la vacuité des expressions.

Robin des Bois, rêveur d’océan

Le bonheur du parcours, c’est se sentir soudain ailleurs, un atout : aventurier en quête d’espace et d’artistes, de cabanes de bois, jeux de piste, vidéos et photos. A De Nachtegaal, on est Robin des Bois et, dans les dunes, baroudeur dans une mer non pas de glace mais de sable. On a les rêves qu’on peut ! On y découvre - entre le silence du lieu et le brouhaha d’une respiration confrontée à la rudesse des sables mouvants - une première installation signée A Dog Republic. Un jeu de mikado en bambou, construction improbable et évolutive.

Un Beaufort du pauvre

A Raversijde, ses dunes bunker, son Atlantik Wall, son domaine qui fut celui du Prince Charles et, au bout d’un brise-lames (le brise-larmes de Brel ?), une nouvelle partition du Dog Republik ravive la curiosité.

L’Iconostase, face au Domaine puis répétée, des kilomètres plus loin, face au phare, à côté du chenal de Blankenberghe : un Musée de la Mer.

Construction d’environ 700 anneaux métalliques érigée sur et autour du brise-lames. Dialogue avec la mer, la double Iconostase de A Dog Republic subit le flux et le reflux de la marée. Elle en jouit aussi.

C’est le point d’orgue d’un Beaufort du pauvre qui, néanmoins, a pris le parti de miser sur la jeunesse. Affaire donc à suivre.

Mu. ZEE, Romestraat, 11, 8400 Ostende. Jusqu’au 21 septembre. Infos générales : www.beaufort2015.be et www.vizit.be

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