Refonte muséale au Mac’s et au BPS22
Au Grand-Hornu, le Mac’s va réorienter sa programmation et sa collection sous l’impulsion de son nouveau directeur. A Charleroi, le BPS22 acquiert le statut de musée qui ouvre une nouvelle ère de gestion et de programmation. Dossier.
Publié le 18-09-2015 à 19h03 - Mis à jour le 19-09-2015 à 16h03
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En l’absence à Bruxelles de toute institution muséale de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), dédiée à l’art contemporain avec une solide collection à l’appui, force est de constater que les atouts majeurs se situent en Wallonie et principalement dans la province du Hainaut. Ce choix politique qui a l’avantage de favoriser le Sud du pays n’offre par contre pas de vitrine artistique muséale internationale à la capitale de l’Europe et perd ainsi une grande part de son impact potentiel si indispensable à nos artistes. Le travail de crédibilisation et d’attraction de ces lieux de province est par conséquent bien plus ardu que pour toute institution bruxelloise.
Politique artistique
Dans un avenir tout proche, deux des institutions francophones les plus en vue en matière d’art contemporain sont amenées à modifier leur politique artistique. D’une part et en premier, le BPS22, institution provinciale implantée à Charleroi, revendique le statut de musée à la suite de travaux importants dont on verra le résultat dès le 26 septembre prochain. D’autre part, le MAC’s, musée de la (FWB), opérera un changement dans une certaine continuité par la venue du nouveau directeur en février prochain (voir LLB du 5 juin 2015). Il est évident qu’en matière d’art contemporain général, certaines institutions étant par ailleurs sur des domaines spécifiques (photo, céramique, gravure…), elles seront plus que jamais les fers de lance de la politique muséale de la FWB. A ce titre et vu les circonstances, elles viennent de redéfinir les objectifs du futur et engagent les institutions sur des voies attendues tant par le public que par les artistes en forte demande de reconnaissance et de visibilité.
Un enjeu de taille
On pourrait croire, à tort, que l’enjeu du développement de telles institutions est purement régional en considération de leur implantation et des pouvoirs subsidiants. Il n’en est rien. Toutes deux ont un devoir de mission beaucoup plus complexe qui doit viser à un rayonnement international si l’on souhaite que les artistes de chez… puissent être reconnus au niveau où ils le méritent. Dans le monde de plus en plus globalisé qui est le nôtre, des musées tels que ceux-là doivent être les relais de crédibilisation de nos plasticiens auprès de ceux, conservateurs muséaux belges et étrangers, commissaires d’expos et d’événements nationaux et internationaux, critiques influents, qui apportent aux artistes une notoriété non usurpée jusqu’au plus haut niveau. Et vu la situation actuelle, c’est un euphémisme de dire qu’il y a urgence et que le travail à accomplir est considérable.
Les défis à relever et les profils de l’avenir
Pour remplir leurs missions, les deux lieux devront se donner une identité forte et distinctive, idéalement en misant sur la complémentarité entre eux. Les budgets, principalement provinciaux et communautaires, devront être maintenus et adaptés aux statuts et aux objectifs. Enfin, une programmation aussi attirante que solide devra impérativement être soutenue par des moyens de communication et de médiation adéquats. Les deux institutions peuvent donner un nouvel élan à la création et à la diffusion de l’art en Belgique.
De fait, tant au MAC’s qu’au BPS22 les missions principales ciblent la constitution et la gestion de la collection, la programmation des expositions temporaires et le volet pédagogique à tous niveaux, jeunes et adultes. Des deux côtés, le degré visé est l’international sans négliger l’aspect communautaire par la valorisation des artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Des axes communs qui seront différenciés dans les faits.
Une vitrine de l’art
Du côté du MAC’s, Denis Gielen, le nouveau directeur en place en février, annonce comme nous l’avons signalé précédemment et pour la programmation des expos, une suite dans la continuité avec quelques modifications en fonction de sa sensibilité plus scientifique et en favorisant les échanges avec des partenaires étrangers. La collection du MAC de Marseille sera par exemple accueillie au Grand-Hornu. Poursuite des expos personnelles d’artistes belges et internationaux (Jacques Charlier, Benjamin Monti, Arnulf Rainer). Le développement de thématiques se concrétisera avec entre autres et prochainement une expo consacrée à la culture rock. Du côté de la collection, composée d’environ 370 œuvres dont 33 en dépôt et 157 de la FWB, les nouveaux axes concernant les acquisitions se fixeraient prioritairement sur le site géographique, le territoire historique et l’espace utopique. L’ambition annoncée par Denis Gielen est de faire du musée "une vitrine de l’art contemporain la plus large possible" dans le concept "d’un élitisme pour tous".
Le patrimoine et l’expérimental
Pour sa part le BPS22, vu son nouveau statut de musée, entamera une nouvelle ère toujours sous la direction de Pierre-Olivier Rollin. La gestion de la collection, environ 7 000 œuvres provinciales plus les œuvres propres au BPS22, mettra en valeur ce patrimoine et l’année 2016 y sera essentiellement consacrée. Les axes privilégiés s’appuient aussi bien sur un riche patrimoine hennuyer que sur des aspects sociaux et sociétaux. Les archives seront également valorisées. Le programme des expos à venir tendra à la plus grande diversité dans des formats très variables grâce à la diversité des espaces disponibles. Les aspects thématiques ou monographiques (Marthe Wéry), voire historiques (Ruptz), alterneront et se superposeront avec des projets plus expérimentaux d’artistes belges ou étrangers (Hilbert-Bouschet, Banks Violette et Raphaël Zarlka) et prendront les chemins de la collaboration (Charleroi-Danses) ainsi que du décloisonnement des disciplines. "L’art ici sera ancré, spécifie Pierre-Olivier Rollin, dans le terreau du social et du sociétal, voire du politique."
Les outils et les équipes sont en place, les projets sont définis, les budgets doivent être confirmés, restent aux deux personnalités à mettre tout en œuvre pour un nouvel élan et conquérir un large public.