La beauté des mélanges
Superbe accrochage à la Maison particulière à Bruxelles, avec l’exposition "PAIR(e)"
Publié le 27-09-2015 à 16h24 - Mis à jour le 28-09-2015 à 09h57
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Le nouvel accrochage à la belle "Maison particulière" à Ixelles, le dernier pour 2015, est particulièrement réussi. Cette fois, Myriam et Amaury de Solages, les propriétaires du lieu n’ont invité aucun artiste au centre de l’exposition, pas non plus d’écrivains pour écrire en marge des œuvres, ni n’ont prêté des œuvres de leur propre collection.
Le couple mécène se "contente" d’inviter deux grandes "familles" de collectionneurs et de faire l’accrochage en mêlant leurs œuvres. Ces deux familles ont souhaité garder l’anonymat mais on est à nouveau stupéfait de découvrir l’ampleur des collections privées.
Une famille, qui se fait appeler "Alix", a le père et les deux fils collectionneurs. L’autre, "Collection Divergente", a aussi les parents et les enfants collectionneurs. L’une est française, l’autre belge.
On peut s’amuser à trouver dans les divers salons de la maison de maître d’Ixelles ce qui appartient aux uns et aux autres, aux parents ou aux enfants et tenter de mieux cerner comment se transmet cette passion et les écarts entre les intérêts des uns et des autres.
Francesca Woodman
Mais on peut plus simplement se laisser guider par les œuvres multiples et diverses qui surprennent le visiteur.
On y voit autant des arts premiers que du contemporain, du design historique ou des photographies grand format.
Dès l’entrée, le regard est capté par un "mur" de statuettes africaines (Hemba, Senufo, Songye, Dan, Dogon, etc.) comme un rappel du "mur" semblable d’André Breton. Parmi ces figures, on retrouve tout naturellement un "Ibo" de Bertrand Lavier, une statuette africaine reprise en bronze brillant.
On retrouve ailleurs dans la maison cet art, comme des figures Tellem, la civilisation qui précéda les Dogon au Mali.
La Maison devenue cabinet de curiosités géant et superbe, peut alors juxtaposer un triptyque religieux du XVIe siècle et une grande photo de David Lachapelle avec une "Dernière Cène".
A côté de Kentridge et Boltanski, le design est fort présent avec de pièces devenues "culte" de Jean Prouvé et des porcelaines de Sottsass. De là, on glisse naturellement vers des sculptures industrielles de Takis ou vers un Basquiat.
La photographie est en force avec les grands formats très beaux de Mitch Epstein et Andres Serrano, avec Thomas Struth, Luc Delhaye, Valérie Belin, les époux Becher Andreas Gurski et la joie de retrouver deux petites photographies si émouvantes, de Francesca Woodman, la photographe américaine qui se suicida à 23 ans et avait réalisé avant cela une œuvre si forte et singulière basée sur son corps et sa disparition dans le décor.
--> PAIR(e), à la Maison particulière, jusqu’au 13 décembre, rue du Châtelain 49, 1050 Bruxelles, du mardi au dimanche de 11h à 18h.