La Renaissance flamande sous un œil particulier
C’est aux Musées royaux des Beaux-Arts que cela se passe et l’initiative est pour le moins originale, puisqu’elle met en scène un patrimoine privé, d’un collectionneur qui conserve l’anonymat.
Publié le 24-01-2016 à 21h19 - Mis à jour le 21-02-2016 à 09h05
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Un patrimoine privé mis en regard des collections de dessins des Musées royaux. C’est aux Musées royaux des Beaux-Arts que cela se passe et l’initiative est pour le moins originale, puisqu’elle met en scène un patrimoine privé, d’un collectionneur qui conserve l’anonymat. Lequel est accueilli à bras ouverts par un musée qui y voit une belle opportunité de complémentarité avec ses propres dessins de la même période : " De Floris à Rubens ".
Pour corser l’aventure - puisqu’il y est aussi question de Rubens, figure majeure de l’époque -, ce florilège se retrouve à côté des grandes peintures de l’illustre Anversois, figure glorieuse de l’institution.
A travers l’histoire
La salle qui accueillait les bustes dorés, autoportraits d’un Jan Fabre à cornes que-veux-tu, fait place, sur des murs d’un beau rouge presque flamboyant, à une impressionnante suite de papiers recouverts de traits à la plume ou au crayon, lavis ou aquarelles.
Bel exemple en bout de course, une subtile "Vue de l’Amstel" du Hollandais Willem Drost, actif au début du XVIIe siècle. Drost conclut ce voyage inattendu, initiatique, en une époque riche et surprenante, foisonnante.
A un autre moment de l’histoire, retenons, contraste fort, la très rare, du moins par son image, "Circoncision du Christ", de l’Anversois Cornelis Schut, plume et encre brune sur lavis brun.
Parcours et techniques
Entre ces deux extrêmes, une foule de bonnes surprises vous saisit, vous enjoint au regard attentif, vous fait opportunément comprendre que l’offre n’est pas à dédaigner. D’autant plus que l’attrait de la collection ne réside pas seulement dans l’éventail et la variété des artistes réunis. La variété des approches techniques mises en avant par les artistes est une autre source de satisfaction.
Enthousiaste dans la discrétion, belle crinière blanche en bataille, le collectionneur est un homme au sourire attachant. Un de ces passionnés qui a consacré près de trente ans de sa vie à la quête du maillon manquant dans un ensemble construit, dit-il, "avec un peu d’argent et beaucoup de patience".
Les grandes salles de ventes, internationales surtout, ont nourri ses recherches qui furent aussi des trouvailles. "Sachant, dès le départ, que je ne pourrais jamais me payer des tableaux de cette époque, je me suis concentré sur les dessins, part la plus intime du ressenti de ces créateurs", tient-il à préciser.
Sa passion a été entendue et les feuillets se sont alignés les uns après les autres, source inépuisable de satisfactions artistiques, historiques, techniques même.
Une passion de vie
Heureux de voir sa collection valorisée au musée, le collectionneur a fait don à l’institution d’un dessin de Hans Collaert l’Ancien au thème récurrent, "Suzanne et les vieillards".
Et, comme le souligne Stefaan Hautekeete, conservateur de la collection des dessins anciens des Musées royaux : "L’étude de cet ensemble constitue pour nous une véritable plus-value scientifique en raison de sa complémentarité avec le patrimoine muséal et parce qu’elle contient des dessins pas ou peu connus de la littérature spécialisée."
Vu l’importance et l’attrait de la présentation au public de pareil joyau privé, la Fondation Roi Baudouin a soutenu l’initiative par un partenariat associant le collectionneur et le musée.
Dans pareil florilège haut de gamme, chacun ira d’emblée vers ce qui le concerne le plus : portraits, vues paysagères, scènes religieuses, mythologiques ou historiques. L’éclectisme y est de rigueur, en assure la saveur.
Noblesse du dessin
C’est aussi l’époque où de vrais maîtres confient au dessin ses lettres de noblesse. Dessins aboutis en tant que tels ou modèles de maîtres pour leurs disciples, ils sont des morceaux d’art à part entière. Des marques du temps.
Nous avons, par exemple, été séduit par un "Paysage boisé avec un chasseur, de Jacques d’Arthois (Bruxelles, 1613-1686), pierre noire et aquarelle sur papier brun, pour la grâce dans le rendu des arbres et feuillages, pour les contrastes entre bleu et brun.
Et tout est à l’avenant, de David Teniers le Jeune à Cornelis de Vos, d’Abraham Bloemaert à Pieter Coecke van Aelst, sans oublier Rubens et Jordaens. Un florilège ponctué par un remarquable livre/catalogue qui vous dit tout ce qu’il faut savoir sur l’époque et ces dessins.
→ "De Floris à Rubens", aux Musées royaux des Beaux-Arts, 3 rue de la Régence, 1000 Bruxelles. Jusqu’au 15 mai. Infos : www.fine-arts-museum.be