"La Libre" s’associe à Denis Meyers pour cette édition collector

"La Libre Belgique" de ce samedi est exceptionnelle. Elle a été illustrée par un spécialiste du street art dont il faut retenir le nom : Denis Meyers. Cet artiste a investi les anciens bâtiments Solvay, à Ixelles. Sa performance est hypnotique, obsessionnelle, titanesque.

Jonas Legge
L artiste Denis Meyer a la Libre Belgique redaction
L artiste Denis Meyer a la Libre Belgique redaction ©Johanna de Tessieres

Le travail de ce typographe, dans les anciens bâtiments Solvay, à Ixelles, est hypnotique, titanesque. "La Libre Belgique" de ce samedi est exceptionnelle. Elle a été illustrée par un spécialiste du street art dont il faut retenir le nom : Denis Meyers. Un artiste qui a obtenu un arrangement avec le promoteur immobilier du bâtiment Solvay pour investir ces bureaux, aujourd'hui quasi en friche, à Ixelles. Depuis l’inauguration de cette exposition éphémère, des milliers de personnes s’y précipitent, les yeux écarquillés.

Dès qu’il entre dans l’ancien siège de la firme Solvay, le visiteur est aspiré par les lieux. La succession de mots et de portraits qui recouvrent les murs, jusqu’aux portes, vitres, radiateurs et plafonds, déclenche une curiosité qui force à s’aventurer. Ces bâtiments sont voués à la destruction, Denis Meyers s’en sert donc, depuis le 29 septembre, comme d’un immense terrain d’expérimentation. Un terrain qui s’offre à lui jusqu’au 21 juillet, date prévue de la destruction, qui verra ensuite pousser des immeubles de haut standing.

Pour l’heure, le typographe y consolide son style, caractérisé par des personnages étirés et une écriture à la fois souple et anguleuse. Mais il épouse également les espaces en s’essayant à de nouvelles représentations figuratives, comme lorsqu’il imbrique des visages. Ou lorsqu’il peaufine sa graphie, passant de caractères infimes (tagués à la bombe) à infiniment grands (projetés à l’extincteur ou à la lance d’incendie).

L’artiste occupe déjà 25 000 mètres carrés sur lesquels sont représentés ses parents, enfants, amis, connaissances. Mais aussi des artistes qui l’ont inspiré ou des passants qui l’ont marqué. Et puis son ex-compagne, évidemment… Car ce projet "Remember Souvenir" sert aussi d’exutoire à Denis Meyers pour se consoler d’une rupture difficile. Son souci du détail l’amène à dessiner jusqu’à un grain de beauté, des yeux plissés, une mèche, une sèche. Le tout, sans repentir. Car Denis Meyers ne prémâche pas le travail à travers des ébauches. Ce trentenaire longiligne, aux cheveux hirsutes et à la barbe mouvante, plonge dans ses carnets de croquis qu’il remplit depuis 20 ans puis, guidé par son inspiration, il s’attaque aux cloisons.

Une trace indélébile

Y figurent également des milliers de verbes à l’infinitif et de textes. Certains sont limpides ("On ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où l’on va", "Ne te courbe que pour aimer"). D’autres, plus personnels, sont volontairement amphigouriques. Denis Meyers va jusqu’à éclater les phrases sur différents murs, sans fournir la moindre clé de lecture. L’artiste laisse voir mais il n’explique pas. Chacun se fait donc sa propre interprétation de ce journal intime.

Par moments, le graffeur semble s’être brouillé avec le vide : les murs sont si noircis qu’ils provoquent un sentiment d’étouffement, d’emprisonnement. Comme dans les caves, rebaptisées "catacombes", où se succèdent des centaines de crânes privés de mandibules sur fond noir. Il n’est pourtant pas question de remplissage, chaque mot ou personnage bombé a un sens, une raison de figurer ici ou là. D’autres salles, plus aérées, agissent comme des bouffées d’oxygène. Celles-ci sont renforcées par les interventions d’Arnaud Kool et de Steve Locatelli, deux autres artistes urbains, des photographes Gilles Parmentier et Sébastien Alouf, et par les empreintes de couleurs déposées par les mains de Joy et Balthazar, les deux bambins de Denis Meyers.

L’ensemble de "Remember Souvenir" laisse, chez le visiteur, une trace indélébile, durable. Mais aux contours flous tant cette œuvre éphémère est propice aux interprétations. Pour saluer cette performance hypnotique, obsessionnelle, titanesque, "La Libre" s’associe à Denis Meyers afin de vous proposer cette édition collector.

Les journalistes ont (un peu) participé à l’œuvre

Pour “Remember Souvenir”, à Solvay, Denis Meyers a recouvert de nombreuses salles de verbes à l’infinitif. Il a répété l’opération dans les locaux de “La Libre”. Les mots calligraphiés lui ont été suggérés par les journalistes de la rédaction.

Recherche de financements et de lieux

Vu le succès de l’exposition "RS", des visites guidées nocturnes vont être organisées le 10 juin, de 19h à 1h du matin. “Les réservations débu­tent lundi sur le site Arkadia.be”, précise Denis Meyers. “En outre, nous sommes à la recherche de financements pour poursuivre deux vidéos consacrées au projet. Les soutiens potentiels, tout comme les personnes susceptibles de nous fournir des lieux d’intervention en Belgique ou à l’étranger, peuvent se manifester sur le site remember­souvenir.me.” L’artiste a également l’envie d’organiser un événement à Solvay le 21 juillet, afin de “redorer l’image de la Belgique”.


A découvrir dans votre Libre Belgique du jour


Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...