Un Liégeois parmi les plus grands peintres hollandais
Publié le 06-01-2017 à 06h54
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A Enschede, le Rijksmuseum consacre une rétrospective à Gérard de Lairesse, le "Poussin hollandais".Le Rijksmuseum Amsterdam n’a pas pour habitude de célébrer des inconnus lorsqu’il organise des rétrospectives. Alors, quand un conservateur de cette prestigieuse institution figure parmi les organisateurs d’une exposition consacrée à un peintre d’origine liégeoise, on s’y intéresse. Même si elle a lieu au Rijksmuseum Twenthe, à Enschede, dans l’Est des Pays-Bas.
Aux murs, une soixantaine de toiles, une quarantaine de dessins et des gravures signées Gérard de Lairesse (1641-1711). Si ce nom n’est pas connu du grand public, il ne laisse pas indifférent aux Pays-Bas où les organisateurs de l’exposition le présentent comme le peintre hollandais le plus important après Rembrandt. Sa réputation était telle qu’elle avait traversé les frontières puisqu’en France, l’artiste était surnommé le "Poussin hollandais", en référence à Nicolas Poussin, un des plus grands maîtres classiques de la peinture française, auquel il vouait un véritable culte.
Orange-Nassau
Né au milieu du "Siècle d’or" (1584-1702) à Liège, Gérard de Lairesse a acquis son statut de peintre majeur aux Pays-Bas après avoir été contraint de s’y exiler pour échapper à la justice suite à une aventure amoureuse ayant mal tourné.
A Amsterdam, il a croisé la route de Rembrandt qui fit de lui un portrait en 1665. Une œuvre désormais exposée au Metropolitan Museum de New York. Mais c’est surtout sa rencontre avec Guillaume III d’Orange-Nassau (1650-1702), stadhouder de Hollande et futur roi d’Angleterre, qui lui vaudra sa notoriété. Il va faire de Gérard de Lairesse l’équivalent de ce que Charles Le Brun (1619-1690) a été pour le roi Louis XIV à Versailles. A savoir, le ferment d’une gloire royale dont les Orange-Nassau avaient besoin. Il employa à foison les talents du peintre liégeois tant celui-ci était capable de transformer le statut royal en celui d’un demi-dieu.
Influence
Le style de Lairesse tranche avec celui de Rembrandt. A la rigueur protestante et au ténébrisme affiché par le grand maître de "La Ronde de Nuit", il oppose l’éclat de la lumière et des coloris. Ses compositions se caractérisent par un somptueux rendu des matières, des mises en scène théâtrales et l’élégance classique des poses. Gérard de Lairesse produira des centaines de tableaux représentant des scènes allégoriques, bibliques et mythologiques. A partir de 1690, frappé de cécité, il cessera de peindre et se consacrera à l’écriture de livres sur l’art de la peinture qui auront une influence considérable sur les pairs du XVIIIe siècle.
Même si cette exposition à voir jusqu’au 22 janvier n’est pas exempte de défauts, elle constitue une occasion rare de découvrir cet artiste méconnu du grand public. On regrette l’absence de chronologie dans l’accrochage et le peu de toiles issues de la période liégeoise de Lairesse comprise entre 1655 et 1664.
"Eindelijk ! de Lairesse", au Rijksmuseum, Twenthe-Enschede. Jusqu’au 22 janvier. Ouvert tous les jours sauf les lundis. Infos : www.rijksmuseumtwenthe.nl