La révolte des Kabakov: De l’Union soviétique à l’après-Gorbatchev
- Publié le 15-01-2017 à 05h41
- Mis à jour le 15-01-2018 à 17h29
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Une rétrospective d’Ilya et Emilia Kabakov, de l’Union soviétique à l’après-Gorbatchev, à la Tate Modern.A partir des années soixante, une fronde, souterraine mais réelle, s’est, en URSS, levée contre le sacro-saint Réalisme socialiste, seul à même d’avaliser la création artistique dans les pays réunis sous la botte stalinienne d’abord, communiste à toute époque.
Vrai à Saint-Pétersbourg comme à Moscou quand des bandes de jeunes artistes apolitiques mais décidés à revendiquer la liberté de création se mirent à peindre ou sculpter comme ils l’entendaient.
Interdits d’adhésion à l’Union des artistes, toute puissante pour régir les expositions, réputés vagabonds, les rebelles se virent contraints à créer dans des caves, à réagir en silence, à exposer dans des lieux privés… souvent fermés avant que d’être ouverts, les dénonciations "amicales" étant un fer de lance de la répression étatique.
A Moscou, un groupe influent, cadenassé par le pouvoir, réunit des artistes que l’Occident put découvrir après 1988 et une libéralisation des idées admise par Gorbatchev et sa Pérestroïka.
L’URSS s’ouvre, ça s’emballe
En firent partie des individualités comme Vladimir Yankilevski, Edik Steinberg, Ilya Kabakov, Oleg Tselkov, Vladimir Nemuchin, Boulatov, Infante, d’autres encore. Ni hiérarchie ni rivalités : un esprit de corps les réunissait.
En 1988, la vente Sotheby’s des réfractaires se tint à Moscou. Elle fut un calvaire pour d’aucuns, en éleva d’autres au pinacle, l’Occident bouleversant les valeurs établies. Le pays s’ouvrit au monde, c’en fut fait de la funeste Union des artistes.
Favorisant les installations de la vie à la sauce soviétique, Ilya Kabakov fit soudain florès. En moins de dix ans, il occupa les cimaises des plus grands musées internationaux. Juste rétribution de ses réalisations plastiques ?
La rétrospective de la Tate tendrait à le prouver, ce qui n’explique guère la mise à l’ombre de ses compagnons de route, certains apparaissant plus inspirés en profondeur. Dessinateur, peintre, pop artiste, maquettiste, installateur, Ilya Kabakov a écrit, au fil du temps, une histoire que l’expo de la Tate explicite avec un certain bonheur. Il serait injuste de ne pas l’agréer. Il est de ceux qui ont permis à l’art russe de subsister, de s’étoffer nonobstant les ukases malveillants.
Dix salles prouvent la solidité de sa démarche au long cours et la diversité de ses actions explicite sa longue marche en avant. Pianiste, Emilia Lekach épousa Ilya Kabakov en secondes noces. Elle accola son prénom à celui de son époux à partir des années 1990.
Leur parcours commun conforte, pour Kabakov, une aventure de plus d’un demi-siècle. Une aventure frappée des clés de la contestation, de la revendication, de la poésie en ses meilleures installations. Une œuvre à découvrir pour sa valeur d’exemple.
Tate Modern, Londres. Catalogue. Jusqu’au 28 janvier. Infos : www.tate.org.uk Avec Eurostar, deux billets expo pour le prix d’un : www.eurostar.com.