L’Année baroque à Anvers amputée d’un maître projet ?

Roger Pierre Turine
L’Année baroque à Anvers amputée d’un maître projet ?

Le retour de trois autels de Rubens, Van Dyck et Jordaens à l’église Saint-Augustin serait compromis.En 2018, Anvers programmera une Année baroque. Et qui dit Année baroque et Anvers pense en priorité aux peintres Pierre-Paul Rubens, Antoine Van Dyck et Jacob Jordaens.

Des rumeurs, dont l’hebdomadaire "Knack" s’est fait l’écho, font état d’un possible renoncement des organisateurs à un projet ambitieux : la restitution à l’inestimable église Saint-Augustin de son lustre d’antan par la réinstallation en son chœur d’autels peints en 1628 par Rubens, Van Dyck et Jordaens. Les trois œuvres sont actuellement dans les réserves du musée des Beaux-Arts d’Anvers.

Ce projet constituerait le "must" d’une Année baroque, magnifiée par ses maîtres et conférerait à la ville une aura supplémentaire. Cette réinstallation serait supplantée, selon "Knack", par une installation d’art contemporain.

Danger en coulisse ?

Alors que Rubens cartonne en sa Rubenshuis (lire encadré), le premier citoyen d’honneur de la ville serait demain, en l’année d’un rappel historique de son apothéose internationale, éconduit sur l’essentiel : trôner à nouveau sur un autel ennobli de ses mains.

Contacté par nos soins, le directeur général de Toerisme Vlaanderen, Peter De Wilde, voit en ce possible abandon de projet une grossière erreur : "Ce serait un tel atout pour tout le programme et pour la ville. Un geste historique considérable ! […] En collaboration avec la Rubenshuis, ce projet serait le cœur battant de l’Année baroque et la présence des tableaux un atout particulier pour Amuz."

Toerisme Vlaanderen devrait assurer près de la moitié du budget d’une Année baroque, au coût estimé à 12 millions d’euros.

Rubens en ses murs

Pour les initiateurs de l’événement et Peter De Wilde, "admirer des chefs-d’œuvre in situ est un privilège irremplaçable et les trois baroques flamands méritent pareille considération". D’autant que l’église Saint-Augustin est un bel exemple d’architecture baroque dû à Wenzel Coebergher, architecte des archiducs Albert et Isabelle. Il dessina aussi la basilique de Montaigu.

Restaurée, l’église Saint-Augustin abrite, en outre, le centre musical Amuz, expert en l’art de faire dialoguer beaux-arts, musique et architecture.

Selon le même article de "Knack", à moins de dix-huit mois de l’ouverture de l’événement, la communication autour de l’Année baroque 2018 reste vague. Ce qui paraît invraisemblable alors que les plus grands musées du monde doivent décider s’ils prêteront leurs chefs-d’œuvre à Anvers.

En outre, toujours selon "Knack", l’un des curateurs clé de la manifestation, l’Américain Teju Cole, se serait retiré. Steven Tielemans, de la Ville d’Anvers, co-partenaire du projet avec Toerisme Vlaanderen, que nous avons sollicité, n’a rien pu nous dire de concret sur les problèmes soulevés et pas davantage sur un programme et des dates précis : "Je ne peux rien communiquer, nous a-t-il dit. Tout sera finalisé fin février et vous saurez alors tout sur l’Année baroque Anvers 2018. Un projet censé combiner l’histoire de la ville et la nature baroque de ses habitants."

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