Rik Wouters en toute humilité (DOSSIER)
Publié le 13-03-2017 à 09h33 - Mis à jour le 13-03-2017 à 09h36
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Aux Musées royaux des Beaux-Arts, tout le trésor de Rik Wouters. Ses plus beaux tableaux, ses sculptures, ses dessins qui rayonnent. Dans une rétrospective fantastique qui réhabilite un artiste majeur.Peintre épris de couleur et de lignes enchantées, sculpteur hors normes, obsédé par l’amplitude, la générosité des volumes, dessinateur soucieux d’épure et du trait qui enveloppe et confie du cœur et du corps à ses sujets, Rik Wouters (1882-1916) fut aussi l’amoureux de Nel. Auprès d’elle, il vécut douze années d’une complicité à toute épreuve : elle fut son seul modèle.
"Que c’est beau !" Cette jouissance répétée d’intervenant en spectateur fut une sorte de cri d’enthousiasme répercuté des uns aux autres alors que la presse découvrait le grand œuvre de celui qui, mort trop jeune, s’était imposé comme le fer de lance d’une modernité à visage plus qu’humain.
"C’est stupéfiant !", lança une autre, abasourdie par tant de délicatesse, de tendresse au service d’une palette flamboyante. Ces qualificatifs apparaissent incongrus à force d’être répétés pour le moindre facteur d’arts dont on se passerait fort bien s’ils ne nous étaient imposés. Ils sont à leur place pour Wouters ! Cet artiste modeste, révolutionnaire dans son approche d’un quotidien à fleur de peau, aura réussi à émouvoir les amateurs et son aura règne sans partage.

Un pactole
Apprécié par les artistes de partout mais mal connu à l’étranger, victime d’une guerre qui l’horrifiait et d’une maladie qui le rongea sans entamer ses enthousiasmes, son goût des couleurs, Rik Wouters - chance pour nous mais regret pour sa reconnaissance outre-frontières - n’aura guère vu son œuvre dispersée.
A de rares exceptions - de retour pour l’expo, en provenance de musées comme le Centre Pompidou ou le Stedelijk Museum d’Amsterdam -, ses pièces les plus emblématiques sont demeurées au pays. Chance suprême, les Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles et d’Anvers, propriétaires à eux seuls d’un corpus Wouters d’exception, ont, pour la première fois, uni leurs efforts et patrimoines. A souligner dans un pays aussi compliqué que le nôtre !

Rétrospective majeure
Cent ans après sa mort, Rik Wouters, pour la première fois, se retrouve au sommet d’une gloire échelonnée de purs joyaux.
La rétrospective éclabousse : 72 peintures, 33 sculptures, 94 œuvres sur papier (dessins, aquarelles, gouaches, gravures), ponctuées de quelques œuvres de contemporains, de documents et photos. Le parcours émoustille et les années de maturité, après 1908, montrent à quel point Rik Wouters était de son temps tout en le sublimant.
On l’a qualifié de Fauve brabançon : peu importe une appellation sujette à caution, un artiste étant bien plus que ceci ou cela. Souvent rapproché de Cézanne et de Matisse, qu’il découvrit enfin pour de vrai lors d’un séjour à Paris en 1912, Rik Wouters n’a rien d’un second couteau !
Artiste du quotidien, il transfigure le geste d’habitude, les attitudes, par un surplus de vie, intérieure et extérieure, qu’attendrissent ou dynamisent des jeux de couleurs et de lignes s’accordant au rayonnement des êtres et des chromatismes au-delà des limites du tableau, de la sculpture, du dessin.
Un émerveillement constant
Rik Wouters est unique. Il a peint et sculpté par tous les pores de sa peau, de son âme.
Comment ne pas s’arrêter subjugué, ébahi, enthousiaste - et les mots sont pauvres - en regardant, jusqu’aux tréfonds des matières, "Femme assise devant une fenêtre" (1911), tableau tout en petits traits ajustés, "Femme devant le rideau rouge" (1912), sa liberté de touche, son chatoiement.
Comment ne pas craquer d’aise face à "La Vierge folle" (1913), sculpture d’un équilibre audacieux, ou "Contemplation" (1911), bronze aux contours inédits ! L’émerveillement est constant : couleurs, lumières, images intérieures.
L’art de Wouters chante ! Enchante ! Tout ou quasi serait à citer, magie d’un art qui, loin de se répéter, ouvre sans cesse de nouvelles fenêtres vers une intériorité qui épanouit l’artiste et son modèle. Les études sont souvent aussi émouvantes que les huiles : "Etude de nu" (1912), "Femme accoudée" (1915), "Femme au bord du lit" (1912).
Quant aux autres chefs-d’œuvre - "Femme dans un intérieur", "Femme à la tresse", "Femme en noir lisant le journal", "Reflets", "La dame au collier jaune", "La repasseuse" (1912), "Automne", "Autoportrait au cigare" (1913), "Dame en bleu devant une glace" (1914)… - ils sont la cerise d’un art beau comme un jour de fête au soleil.
