Pas confondre Art nouveau et Art déco
Publié le 26-03-2017 à 09h00 - Mis à jour le 28-03-2017 à 08h59
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Exposition très didactique à la Fondation Civa à Bruxelles, au départ des trésors de Bruxelles et du Civa
Quand on a appris que le Civa déménagerait au futur centre Citroën pour y devenir un musée d’architecture, on a parfois entendu et lu que le Citroën était un bâtiment Art nouveau. Erreur bien entendu car il est moderniste.
Cette anecdote a amené la fondation Civa à réexpliquer les différences entre ces styles Art nouveau et At déco au départ de ses propres archives et des bâtiments Art nouveau et Art déco de Bruxelles (les musées du Cinquantenaire et Fin de siècle exposent aussi ces deux mouvements).
L’exposition est organisée en chapitres avec force photographies, affiches, dessins d’époque, pièces de ferronnerie et de mobilier pour expliquer les différences aux visiteurs. Elle a même choisi de juxtaposer sans cesse les deux styles avec, pour aider les visiteurs, des titres en rouge pour l’Art déco et en vert pour l’Art nouveau.
L’expression Art nouveau a été inventée par les avocats Octave Maus et Edmond Picard en 1884 dans leur revue L’Art Moderne. Une première exposition d’artistes et artisans Art nouveau fut organisée par le marchand Siegfried Bing à Paris en 1895 avec l’ouverture de sa galerie L’Art nouveau. A Bruxelles, Victor Horta construisait en 1893, l’Hôtel Tassel et Paul Hankar, sa maison particulière à la rue Defacqz.
Le terme Art Déco (pour Arts Décoratifs) avait déjà été utilisé par Le Corbusier en 1925 au moment de l’exposition des arts décoratifs à Paris, mais il ne s’est imposé que bien plus tard, en 1968, a posteriori, par le critique d’art anglais Bevis Hillier.
Les deux mouvements se déclinèrent à travers l’Europe et les Etats-Unis.
Sur tout un mur de l’expo on présente les grands noms belges de ces mouvements, mêlant à dessein les maîtres des deux styles. Depuis Horta et Henry Van de Velde (et sa maison Bloemenwerf) jusqu’à Louis Herman De Koninck.
Changements de silhouettes
Bien sûr, au Civa, on insiste sur l’architecture et le style floral, volontiers exubérant, en « coup de fouet » d’Horta ou japonisant d’Hankar. Et on y oppose l’Art déco plus stylisé, marqué par la ligne brisée mais aussi les références aux arts primitifs.
L’expo montre que ces deux mouvements furent des tentatives d’art total, transformant autant la maison que l’art d’y vivre. Pour les tenants de l’Art déco, l’exemple du Palais Stoclet, chef-d’oeuvre d’art total viennois fut déterminant.
Plusieurs facteurs contribuèrent à cet essor : l’émergence d’une bourgeoisie nouvelle férue de nouveauté, les inventions techniques (fonte et ferronnerie), la fascination pour le monde industriel (les lignes Art déco évoquent l’électricité et la vitesse).
L’expo insiste à juste titre sur les changements de mode de vie à Bruxelles, surtout après la guerre de 14. On y voit comment le statut de la femme a totalement changé entre l’Art nouveau où elle est encore avant tout une mère d’enfants et doit porter des robes lourdes, pour se transformer avec l’Art Déco en silhouette « mince comme un fil ».
La guerre de 14 a joué aussi un rôle clé dans l’émergence dans les années 20 des appartements Art Déco, moins chers que des maisons et répondant à la pénurie de logements.
L’expo au milieu des documents des archives du Civa, présente des pièces de ferronneries, mobilier, vitraux ou robes pour étayer un exposé avant tout pédagogique.
Art nouveau, Art déco ?, à la Fondation Civa, 55 rue de l’ermitage, jusqu’au 28 mai. www.civa.brussels