Les images énigmatiques de Patrick Bailly-Maître-Grand
A Mons, la rigueur scientifique rejoint l’imagination dans des séries de clichés argentiques surprenants.
Publié le 13-04-2017 à 09h01 - Mis à jour le 13-04-2017 à 09h02
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La photographie est un domaine beaucoup plus multiple qu’on ne l’imagine, et voici qu’en sortant des chemins reconnus et balisés où elle se distingue, elle peut réserver encore des étonnements émerveillés. Une exposition placée sous le commissariat de Jean-Marc Bodson (professeur et critique en arts visuels et photographie pour "La Libre Belgique") en est un exemple probant. Le parcours qu’il propose en puisant dans l’œuvre surprenante de Patrick Bailly-Maître-Grand (Paris, 1945), n’est pas seulement la démonstration d’une œuvre photographique de premier rang, elle montre que l’on peut continuer à innover constamment en se conduisant tel un chercheur et un expérimentateur.
Il est vrai que sa formation l’y engage puisqu’il est diplômé en sciences physiques. Méticulosité et précision sont au rendez-vous des images, sur fond d’un noir impeccable et nocturne, alignées dans la coursive du cloître de l’ancien couvent des Sœurs Noires à Mons.
Dispositif sophistiqué
Loin d’être un inconnu du milieu photographique puisqu’il a exposé un peu partout dans le monde, Patrick Bailly-Maître-Grand, qui pratique exclusivement l’argentique, base son travail, nous dit le commissaire, sur des "technologies complexes telles que le Daguerréotype, la périphotographie, la strobophotographie, les virages chimiques, les monotypes directs, les rayogrammes et d’autres inventions de son cru". Autrement dit, chaque tirage, dont il faut souligner la qualité du rendu, particulièrement des noirs et des luminosités, est le résultat de mises en scène et de dispositifs plus ou moins sophistiqués concoctés avec l’exactitude du scientifique. Cette méthode de travail qui se situe à l’opposé de l’instant décisif du pris sur le vif, de l’observation curieuse ou du reportage, rejoint, en une actualisation exclusive, les travaux de quelques pionniers de la boîte noire, tels des Muybridge, Man Ray ou Laslo Moholy-Nagy, voire Raoul Hausmann. Comme quoi tout n’est jamais dit.
Lever le mystère
On s’en voudrait de lever le voile sur les processus utilisés tant il est préférable de découvrir en premier les photographies et de s’interroger sur ce qu’elles pourraient être, sur ce qu’elles livrent et transmettent, sur ce qu’elles sont.
On remarquera que les sujets qui font partie de sa panoplie, des portraits en pied ou en gros plan, des paysages, des objets, des figures étranges, des scènes tirant sur le fantastique, des nus, des vanités…, pas tous présents, correspondent à ce que visent depuis toujours la plupart des objectifs photographiques. Des photos sans âge. Quant aux mystères de la prise de vue, il sera partiellement levé par les explications reprises dans les cartels adjoints.
---> Patrick Bailly-Maître-Grand. Photographies. Couvent des Sœurs Noires, Ateliers de l’UCL, rue du Grand Trou Oudart, 7000 Mons. Jusqu’au 27 avril. www.uclouvain.be