Les 7 architectes pour le Citroën-Pompidou: « la nouvelle génération » se réjouit le bouwmeester
- Publié le 22-07-2017 à 13h54
- Mis à jour le 23-07-2017 à 17h13
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Les noms des sept associations de bureaux d’architecture internationaux qui concourront pour le futur musée Citroën-Pompidou, à Bruxelles, près du Canal, ont été dévoilés.
Kristiaan Borret, le « bouwmeester" de Bruxelles qui était dans le jury, commente pour nous cette sélection.
Yves Goldstein mène le projet de méga musée dans l’ancien garage Citroën, près du Canal à Bruxelles pour le compte de la SAU (société d’aménagement urbain à Bruxelles, propriétaire du bâtiment) et la région bruxelloise. Il poursuit sa feuille de route malgré la crise politique larvée à Bruxelles.
Il nous avait dit en mars dernier que si beaucoup d’inconnues demeuraient, dont le coût de fonctionnement, et si la route serait encore longue, il « bétonnera le projet pour le rendre irréversible avant les élections régionales de 2019 ». Mais le calendrier politique est aujourd’hui bouleversé. Le projet Citroën restera-t-il inchangé si la majorité devait changer à Bruxelles ?
Mercredi, en tous cas, le projet a franchi une nouvelle étape capitale. Un comité de sélection composé de deux experts architectes, deux experts en muséologie, Kristiaan Borret le bouwmeester de Bruxelles, un représentant du Centre Pompidou associé étroitement au projet, un membre de l’urbanisme régional et Yves Goldstein, a donc choisi la liste des sept bureaux d’architecture qui concourront et devront remettre avant le 23 décembre 2017, une esquisse de projet avec leur vision pour le futur pôle culturel.
Chacun sera payé pour cela, 90000 euros et la procédure sera ouverte (pas de projet anonyme), afin de permettre un dialogue poussé.
La liste des bureaux choisis ( chaque fois des associations de bureaux dont de nombreux bureaux belges et des équipes pluridisciplinaires) a été dévoilée ce samedi. Ce sont les associations :
1) 51N4E (Belgique de Johan Anrys, Freek Persyn et Peter Swinnen) / CARUSO ST JOHN ARCHITECTS (Royaume-Uni qui a réalisé entre autre la rénovation de la Tate Britain et la Gagosian Gallery à Paris)
2) ADVVT (Belgique, les nouvelle stars en Flandre, De Vylder Vinck Tailleu) / AGWA (Belgique, qui a réalisé entre autre la couverture du Carré des arts à Mons) / 6A (Royaume-Uni)
3) DILLER SCOFIDIO + RENFRO (Etats-Unis, ils ont entre autre réalisé la High Line de New York) / JDS ARCHITECTS (Julien De Smedt Belgique)
4) LHOAS & LHOAS (Belge) / ORTNER & ORTNER (Allemagne qui a réalisé un musée dans le « quartier des musées » de Vienne)
5) NOA (Belge bruxellois qui ont travaillé pour l’université d’Hasselt) / EM2N (Suisse) / SERGISON BATES (Royaume-Uni)
6) OFFICE (bureau belge de Kersten Geers et David Van Severen) / CHRIST & GANTENBEIN (Suisse qui ont réalisé l’extension du Kunstmuseum de Bâle et le musée de l’histoire suisse à Zurich)
7) OMA de Rem Koolhaas (Pays-Bas, dont la CCTV tower de Pékin et la casa da Musica à Porto) qui se présente avec les Hollandais Wessel de Jonghe, spécialisés en rénovation de bâtiments modernistes et qui avait participé à la pré-étude pour le Citroën.
Commentaires de Kristiaan Borret
Nous avons interrogé Kristiaan Boorret, le « maître-architecte » bruxellois, qui faisait partie du jury.
On est étonné que de très grands bureaux candidats (Sanaa, Chipperfield, etc.) ne se retrouvent pas dans la « short list » finale?
Nous avions l’embarras du choix, tant la liste de 92 candidatures était prestigieuse. Nous avons discuté deux jours. Il est apparu - pour moi de manière surprenante- que certains grands bureaux internationaux (je ne citerai aucuns noms) n’avait pas fait tout l’effort demandé par le cahier des charges. L’une des exigences était d’évoquer trois réalisations dont une exécutée. Un grand bureau par exemple, n’a évoqué que trois projets non réalisés. Il y a eu comme cela, des erreurs formelles qui nous ont obligé à écarter ces candidatures sous peine de recours ensuite. Il fallait un respect strict du cahier des charges.
D’autre part, de grands bureaux présentaient des références pour des bâtiments isolés, dans un parc par exemple. Ils semblaient avoir mal compris le projet qui est urbain, complexe, lié au bâti de la ville. Enfin, nous avons vu dans leurs notes justificatives de motivation à leur candidature que certains avaient mieux compris que d’autres les enjeux. Certains grands bureaux semblaient vouloir simplement accrocher un musée de plus à leur liste de réalisations.
Mais il y a quand même des stars !
Bien sûr, comme OMA de Rem Koolhaas, ou Diller Scofidio. Et des stars montantes comme Caruso St John, Ortner &Ortner ou Christ &Gantenbein.
Sauf pour OMA, toute ces associations ont un partenaire belge, avec un équilibre régional belge.
L’époque où on associait toujours une star internationale avec un pendant belge chargé des travaux n’est plus vraiment en cours. Beaucoup de ces associations lient des bureaux belges, suisses, anglais, etc. qui se connaissent déjà bien et ont déjà travaillé ensemble. C’est la nouvelle génération prometteuse, je l’appelerai la génération Erasmus.
La suite: Roger Diener président
La suite? Arrivera alors le jury chargé de désigner le lauréat, au plus tard en mars 2018. Il sera présidé par le grand architecte suisse Roger Diener du bureau Diener & Diener. On y retrouvera l’architecte français Patrick Berger (auteur de la controversée canopée des Halles à Paris) et la jeune et brillante architecte chilienne Sofia Von Ellrichshaussen, qui fait sensation avec ses maisons comme des sculptures et ses liens entre art et architecture.
Feront partie aussi du jury : le bouwmeester, le président du Centre Pompidou, Serge Lasvignes, l’architecte Cédric Libert du Civa, Yves Goldstein et deux membres de l’administration.
Les travaux commenceraient à l’automne 2019. Mais dès le printemps 2018, il y aura dans les locaux du Citroën encore en friche une "phase de préfiguration", qui sera définie avec le comité d’orientation avec expos, spectacles, performances, "pour que les Bruxellois s’approprient déjà le lieu".
Rappelons qu’il y avait eu 92 dossiers de candidatures déposés le 6 juin dernier (avec une note d’intention des références), des candidatures venues de bureaux d’architectes belges et internationaux pour la reconversion du garage Citroën Yser, le long du canal au centre de Bruxelles en mégamusée. Rappelons-en les caractéristiques: : 35000 m2, 125 millions d’euros de travaux (sans compter la TVA de 21 % et les honoraires d’architectes forfaitairement fixés à 13 % de 125 millions). « C’est la première fois depuis Léopold II qu’un tel investissement culturel se fera à Bruxelles », s’enthousiasmait Yves Goldstein : 15 000 m2 pour le futur musée d’Art moderne et contemporain, soit 8 000 m2 pour l’expo permanente, 4 000 m2 pour les expos temporaires - deux de front - et 3 000 m2 pour l’administratif.
L’autre musée inclus dans le futur Citroën, est consacré à l’architecture (constitué à partir du Civa et des archives Sint Lukas) et aura 10 000 m2. Les 10 000 m2 restant, avec l’actuel show room et ses 21 mètres de hauteur de plafond et deux "rues" qui traverseront le "Pôle culturel" seront des "espaces publics" : expos, ateliers d’enfants, horeca, incubateur de start-up culturelles et des salles disponibles pour les acteurs culturels bruxellois.
Parmi les 92 candidatures, on retrouvait tous les grands noms belges bien entendu (Robbrecht et Daem, Hebbelinck et De Wit, Samyn, Beel, De Geyter, etc.) mais aussi tout le Gotha mondial des « stars architectes »: Coop Himmelb(l)au, Chipperfield, Ricciotti, Diller et Scofidio, Eisenman, Foster, OMA (Koolhaas), Jakob+MacFarlane, Lacaton & Vassal, Miralles Tagliabue, Neutelings- Riedijk, Sanaa, Shigeru Ban, Steve Holl, Zaha Hadid, Snohetta, etc… On y retrouvait les auteurs de quasi tous les grands musées récents depuis le Louvre, le Pompidou Metz, le Mas, les Confluences à Lyon, etc. Impressionnant.