A Londres, grande expo sur l’Opéra, la passion, le pouvoir
- Publié le 05-10-2017 à 08h25
- Mis à jour le 12-10-2017 à 12h04
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Dans la nouvelle aile du V&A à Londres, on est plongé dans l’histoire passionnée de l’Opéra.
Fin juin, était inaugurée la « Sainsbury Gallery », la nouvelle aile du Victoria and Albert Museum (V&A) avec une immense salle excavée de 1100 m2 qui doit servir aux expositions temporaires. Dessinée par le bureau londonien AL_A et l’architecte Amanda Levete, on y accède par une nouvelle entrée du musée, très contemporaine, tout en pierre blanche. Une aile nouvelle d’un coût de 56,6 millions d’euros.
Pour sa première exposition dans cette aile, le V&A a choisi le thème de l’Opéra et a transformé la vaste salle en coulisses de théâtre. L’exposition « Opera: Passion, Power and Politics » veut donner au plus grand public une immersion complète dans l’histoire de l’Opéra en présentant 300 objets objets originaux tout en écoutant bien entendu les meilleures musiques.
Pour ce projet, le V&A s’est entouré des experts du Royal Opera House dont le directeur musical Antonio Pappano que les Belges connaissent bien, puisqu’il dirigea l’orchestre de la Monnaie. Le directeur artistique de l’exposition est le metteur en scène Robert Carsen.
Il a bien fallu choisir dans cette si riche histoire de l’Opéra. Le V&A a sélectionné sept moments clés, sept premières d’opéras célèbres qui lui permettent chaque fois, de présenter l’oeuvre et le compositeur mais aussi le contexte politique et social de l’époque. Le visiteur est muni d’un casque qui lui donne automatiquement, selon l’endroit où il se trouve, les musiques adéquates et superbes.
De Britten à Philip Glass
On passe ainsi de Venise pour le Couronnement de Poppée de Monteverdi en 1642, à Londres en 1711, pour Rinaldo de Haendel. On voyage ensuite à Vienne pour découvrir en 1786 les Noces de Figaro de Mozart. On déménage alors à Milan pour la création du Nabucco de Verdi en 1842 avant de filer à Paris en 1861 où se jouait le Tannhaüser de Wagner. Puis, c’est Dresde en 1905, avec Salomé de Strauss pour terminer à Saint-Petersbourg en 1934 pour Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch.
Une salle avec des projections à 360 degrés complète le dispositif. Assis au centre, on peut y suivre la projection d’extraits visuels et musicaux des principaux opéras créés après 1945, de Peter Grimes de Britten à Einstein on the Beach de Philip Glass en passant par Stockhausen ou George Benjamin.
Bien sûr, chacun a sa propre liste d’opéras fétiches et peut critiquer les choix du V&A et du Royal Opera. Mais ce voyage s’accompagne de nombreux objets rares qui aident à comprendre le climat de chaque époque et chaque ville. . Pour Rinaldo, on a reconstitué une scène théâtrale d’alors avec un dispositif simulant les vagues. Pour Venise, on se plonge dans le monde de la fête et des courtisans, tout en admirant un clavecin ancien. A Vienne, c’est le Siècle des Lumières et son influence sur Mozart dont on admire des manuscrits. A Milan, avec Nabucco, c’est la lutte pour l’indépendance italienne. Une salle montre les photos des 150 maisons d’opéra en Italie.
Pour Chostakovitch, on évoque la censure de Staline et on a reconstitué son studio et on le voit (via un film) y composer l’oeuvre. Etc.
De nombreux films comme celui toujours aussi glaçant sur Salomé dansant avec la tête de Jean, montrent ces histoires passionnées, avec des enregistrements ancien (de Maria Callas entre autres) ou nouveaux (le duo du Couronnement de Poppée). On découvre aussi bien les idées de costumes de Dali ou Oscar Wilde que des tableaux de Degas ou Manet montrant la « musique dans les jardins des Tuileries ».
Même si on l’a si souvent écouté, on frémit encore d’y entendre le grand choeur « Va pensiero » de Verdi. Car, dans cette histoire de l’Opéra, il n’y pas que le pouvoir comme toile de fond, il y a d’abord le plaisir, le désir, la sensualité de la musique.
Une immersion totale, certes pour le grand public, mais de belle qualité.
« Opera: Passion, Power and Politics » au V&A à Londres, jusqu’au 25 février