A Courtrai, on peut jouer avec le meilleur de l’art contemporain

A Courtrai, on peut jouer avec le meilleur de l’art contemporain
©La marée de ballons verts de Martin Creed - Martin Creed et Play

Pour 5 mois, « Play », un parcours d’art contemporain dans Courtrai, où chacun est invité à participer.

La région de Courtrai est riche de grands collectionneurs d’art actuel, mais la ville elle-même est novice. Sa première initiative est une réussite. Le parcours « Play » dans la ville, préparé par Hilde Teerlinck, l’ex-directrice de la Frac de Dunkerque, est particulièrement ludique et éclairant. Des artistes importants d’aujourd’hui proposent une quarantaine d’oeuvres interactives où enfants mais aussi et surtout grands, peuvent « jouer » et changer ainsi leur regard sur le monde et l’art.

Un parcours gratuit, qu’on fait plan à la main, et si on le veut, avec des vélos de l’artiste Gavin Turk faits de bâtons de bois colorés d’André Cadere.

Sur la Grand Place, symbole de tous les pouvoirs masculins, l’artiste américaine Jennifer Rubell a construit un lit gigantesque et tout blanc, de 40 x 20 m, gonflable. Une cinquantaine de personnes à la fois peuvent y sauter. Une manière de rappeler la richesse de Courtrai grâce aux usines de draps, couvertures et tapis, mais aussi, souligne l’artiste, d’amener au coeur de la ville, la chambre privée symbole cette fois des femmes.

Près de la rivière, l’artiste italienne Paola Pivi a construit une large pente de gazon et invite chacun à se rouler dans l’herbe jusqu’en bas, comme le font les enfants, jusqu’à la limite de l’étourdissement et de l’euphorie.

A Courtrai, on peut jouer avec le meilleur de l’art contemporain
©Le terrain de football arrangé, de Priscilla Monge - Priscilla Monge et Play

3000 ballons verts

Plus loin, un ancien manège transformé par Carsten Höller tourne lentement et à l’envers. A côté, on peut se jucher sur d’immenses fauteuils rouges, démesurés créés par Pipilotti Rist pour y suivre ses vidéos si poétique et sensuelles.

L’idée maîtresse est que le jeu est formateur pour les enfants mais aussi pour les adultes qui peuvent ainsi voir autrement les choses. Dans la tour « Broeltoren », on doit traverser à l’aveugle un amas de 3000 ballons verts qui donnent presque la claustrophobie, une oeuvre de Martin Creed. Au bord de la tour, à plusieurs mètres de haut, Piero Golia invite ceux qui le souhaitent à se jeter dans le vide, pour tomber sur un grand matelas.

Sur le quai, on peut se reposes sur des sièges rouges très ludiques ou expérimenter de s’enfermer pour un euro et cinq minutes dans une cellule de prison (oeuvre de Leo Copers).

Ceux qui craignent un art contemporain trop conceptuel, seront détrompés. On évoque le football avec un but en vitrail réalisé par Wim Delvoye et, en face, le ballon de football de Fabrice Hyber, devenu un cube comme un dé, montrant le hasard dans le sport. L’artiste du Costa Rica, Priscilla Monge a construit un terrain de mini-foot plein de bosses, où il faut sans cesse réinventer des règles.

A Courtrai, on peut jouer avec le meilleur de l’art contemporain
©Le but en vitrail de Wim Delvoye - Wim Delvoye, Smak et Play

L’art est un jeu d’enfant

On découvre ainsi Courtrai, ville discrète, à l’écart du tourisme. On peut y faire des photos de soi en « sculpture en une minute » proposées par Erwin Wurm et être saisi par l’étrangeté d’une vraie salle de casino à l’ancienne reconstruite par Guillaume Bijl.

Max Ernst disait déjà que « l’art est un jeu d’enfant ». Pierre Bourdieu ajoutait: “L’image du jeu est sans doute la moins mauvaise pour évoquer les choses sociales.” Car le jeu dans Play n’est pas hors du monde. Hans Peter Feldman expose des chaussures de danseuse où la semelle est héritée d’épingles expirant la souffrance de la danse. Une vidéo du Turc Erkan Ozgen montre des enfants jouant dans une plaine de jeu kurde. Mais tous sont cachés par des cagoules et des enfants faisaient le guet pour surveiller l’arrivée de policiers.

L’artiste espagnole Tere Recarens s’inspire des ruines d’Irak et de Syrie. Elle a repris de vieilles pierres de Courtrai à la décharge pour en faire des jeux d’équilibres. Heidi Voet a construit tout un labyrinthe de barrières Nadar peintes aux couleurs de l’arc-en-ciel, un symbole de la société du contrôle mais aussi de la transgression. Marcel Duchamp disait: “L'art est un jeu entre tous les hommes de toutes les époques.”

« Play », parcours dans 17 lieux de la ville. Gratuit. Jusqu’au 11 novembre. A l’extérieur ouvert tout le temps, àl’intérieur ouvert du mardi au dimanche de 13h à17h. Infos: musée 1302, Begijnhof ou « Texture », Noordstraat 28.

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