Le tout nouveau Mudia à Redu: autre porte vers l’art
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Publié le 08-09-2018 à 15h01 - Mis à jour le 10-09-2018 à 23h21
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Un ancien presbytère transformé en « attraction culturelle »d’un genre nouveau avec 300 oeuvres originales.
Eric Noulet a fait une longue et fructueuse carrière dans le marketing et son hobby fut de collectionner l’art et d’écumer les musées. Il ne voulait pas exposer sa collection dans un nouveau « musée » mais bien -il insiste- dans une « attraction culturelle », avec comme objectif d’attirer aussi un public non initié ou craintif qui n’ose pas aller dans les musées et, en particulier, un public jeune, afin, espère-t-il, de leur donner des clefs pour aller ensuite dans les musées (qui ont aussi d’importants serviceséducatifs qui remplissent ce rôle).
Comme le disait Camus, il faut bien nommer les choses pour ne pas ajouter aux misères du monde. Si le Mudia àRedu (« Musée didactique de l’art ») est donc une attraction d’un genre nouveau, on y voit 300 oeuvres originales couvrant six siècles d’histoire de l’art, dont plusieurs signées d’artistes aussi prestigieux que Véronèse, Brueghel le jeune, Artemisia Gentileschi, Rodin, Klimt, Picasso, Magritte, Broodthaers, Rops, etc. Même si ce ne sont pas des oeuvres majeures, la liste est impressionnante.
Eric Noulet a financé lui-même le Mudia (trois millions d’euros) et espère que le Mudia s’autofinancera (avec 25000 à 30000 visiteurs par an). Il a choisi de s’installer à Redu, à 1h15 de Bruxelles, à l’entrée des Ardennes, près du Space Center, dans le beau « village du livre », pour ne pas ajouter encore un lieu d’art dans les villes et parce que c’est à Redu qu’il a rencontré son épouse Marie-Thérèse.
Il a racheté un ancien presbytère au centre du village qu’il a fait rénover et aménager aux normes nécessaires, avec une cafétéria haut de gamme, une grande terrasse et quatre étages (1000 m2, une vingtaine de salles) pour présenter les oeuvres dans une scénographie serrée.

Comme un livre pop up
Le Mudia se présente comme un livre en 3D sur l’histoire de l’art occidental du Moyen Age à aujourd’hui, un livre pop up dont les volets mobiles seraient les oeuvres originales.
Le parcours qui demande 1h30 à 2h si on veut tout suivre, explique les périodes de l’art : de l’art médiéval, primitifs flamands, maniérisme, baroque, etc.., jusqu’à Cobra, l’abstraction géométrique, l’art conceptuel et même, en fin de parcours, la bande dessinée. Chaque fois, il y a des panneaux didactiques, des explications interactives en quatre langues possibles, des films, parfois des reproductions d’oeuvres iconiques. On peut y apprendre aussi bien comment Artemisia Gentileshi pouvait être femme peintre, l’histoire des femmes de Picasso ou la différence entre Art Deco et Art Nouveau. Les oeuvres originales sont présentées dans des vitrines. Des dispositifs permettent de faire tourner sur elles-mêmes des petites sculptures de la Renaissance, d’éclairer l’une après l’autre un belle collection de bustes caricaturaux de Daumier tout en recevant les explications sur chaque visage ou de sentir les crêpes de Pont-Aven.
Des petit collants bleus indiquent le parcours des « must »pour ne pas rater les beaux tableaux de Nicolas Tournier, Guido Reni, Spillaert ou Kandinsky. Mais les artistes moins connus réservent parfois de belles surprises.
Jouant la carte de l’attraction culturelle, le Mudia ajoute dans ses salles, de nombreux jeux interactifs pour aider à voir l’art: jeux de mémoire, tests, etc. Avec, en apothéose ludique, un impressionnant travail numérique sur la copie de La Tentation de Saint Antoine de Jérôme Bosch du Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne. Si on touche un personnage du tableau, il se met à bouger de manière comique: le drôle d’oiseau en patins à glace commence àcourir vers l’oeuf, le monstre dans le ciel part en piqué, le château peut exploser, etc. Soixante animations sont possibles sur ce tableau/écran. De quoi amuser petits et grands, et les amener à mieux voir les détails du tableau.
Les oeuvres au Mudia viennent d’Eric Noulet mais aussi « d’amis prêteurs ». La jeune conservatrice est Karlin Berghmans, historienne de l’art qui a travaillé au War Museum de Bastogne et au musée en plein du Sart Tilman.
Le Mudia aura réussi s’il parvient à diriger ensuite ces visiteurs nouveaux vers nos grands musées qui peuvent apporter pleinement cette « révélation de l’art » , loin du pur divertissement et du flux d’images que nous assène la société contemporaine.
L’entrée est à 12 € pour les adultes et 6 € pour les enfants.
Mudia, place de l’Esro, Redu, ouvert à partir du 10 septembre, du mercredi au dimanche de 10h à 18h, www.mudia.be
