L’après-Grande Guerre ne fut pas, très loin s’en faut, un long fleuve tranquille
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Publié le 21-09-2018 à 11h24 - Mis à jour le 21-09-2018 à 20h36
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Le Musée de l’Armée boucle 14-18 par un focus sur la décennie qui a suivi.Le 11 novembre 1918, la Grande Guerre se concluait par un armistice. La Belgique faisait partie du camp des vainqueurs mais le pays ne retrouva pas du jour au lendemain sa prospérité d’antan. Loin s’en faut, la guerre laissa d’innombrables traces de destruction et pas uniquement dans le Westhoek. Puis, on ne peut oublier qu’elle plongea moult familles dans le deuil. Ajoutons à cela une instabilité politique et la fin de l’union nationale mais on enregistra quand même des avancées vers le suffrage universel (sauf pour les femmes !) et la reconnaissance de la Flandre qui n’empêcha pas le Mouvement flamand d’être de plus en plus vindicatif.
Très vite, il apparut que l’Europe ne fut pas davantage apaisée - on parla d’une victoire sans paix des Alliés… - et malgré des initiatives comme la Société des Nations et d’autres démarches éminemment pacifistes dans lesquelles des Belges comme Henri Lafontaine ou Paul Otlet, jouèrent un rôle de pointe, il s’avéra vite qu’une autre guerre risquait d’éclater. Encore plus violente et meurtrière. Dans les vingt ans comme le prophétisa notamment le roi Albert Ier… À l’occasion de la fin des commémorations du centenaire de 14-18, une exposition-synthèse s’imposait. Elle se déroulera pendant…. un an au Musée royal de l’Armée. Son fil conducteur ? Nombre d’historiens estiment de plus en plus qu’on peut relier désormais les deux grands conflits mondiaux et leurs répercussions sur la nouvelle configuration du monde.
Dans les collections du Musée de l’Armée
Plutôt que de se concentrer donc sur le seul dénouement militaire du conflit, le War Heritage Institute a eu la bonne idée de plancher sur la décennie qui a suivi sous ses aspects politiques, sociétaux et culturels tout en se focalisant d’abord sur la dernière année de la guerre et les nouveaux équilibres internationaux bien instables.
Pour ce faire, Michel Jaupart et son équipe ont coopéré étroitement avec divers spécialistes - qui ont notamment participé à un ouvrage éponyme qu’on évoquera dans le supplément "Lire" - tout en puisant abondamment dans les collections du Musée mais aussi en allant à la recherche de pièces représentatives dans bien d’autres lieux de mémoire.
Si l’évolution politique de la Belgique est bien présente, l’exposition s’est aussi penchée sur la relance de l’économie nationale. La dimension mémorielle de la guerre fut aussi très forte à l’époque. Ce qu’on redécouvre ici à la fois par l’essor des monuments commémoratifs et par une grande héroïsation. Le WHI a tenu à resituer aussi la place importante du Musée de l’Armée dans la préservation des traces du conflit. Comme pour rappeler qu’il travaille toujours dans cette voie, près d’un siècle plus tard. En même temps, on ne peut négliger la place prise par les anciens combattants et les familles des invalides et des disparus. Enfin, on travestirait l’histoire en ne s’arrêtant pas aux "années folles" et à toutes les effervescences qu’elles suscitèrent sur le plan culturel mais aussi de la mode, de la musique et de la vie en société tout court. Après l’horreur et le retour (relatif) de la paix, il fallait aussi pouvoir remanifester une certaine joie de vivre… Avant de vivre d’autres horreurs !Christian Laporte