À La Loge à Bruxelles, Michel Blazy met en action des dispositifs sculpturaux qui génèrent leur propre devenir
Basé sur des expériences dont le but est de rendre visible des phénomènes naturels ou artificiels mis en action par ses dispositifs, le travail de Michel Blazy se situe dans le champ du visuel sans pour autant appartenir à aucune catégorie des pratiques artistiques convenues.
Publié le 06-03-2019 à 11h50
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Basé sur des expériences dont le but est de rendre visible des phénomènes naturels ou artificiels mis en action par ses dispositifs, le travail de Michel Blazy se situe dans le champ du visuel sans pour autant appartenir à aucune catégorie des pratiques artistiques convenues. Au contraire de la plupart des artistes qui maîtrisent jusqu’au dernier carat la finition de leurs réalisations, il crée les conditions d’un développement plus ou moins prévisible dont il ne peut néanmoins contrôler l’évolution dans son ampleur, ses formes, ses couleurs, ses extensions. L’aléatoire est constamment de la partie et les imprévus sont multiples, car les protocoles mis en place ont pour but de faire proliférer les matières aussi bien naturelles qu’artificielles, ou de les faire agir en contaminant l’environnement. L’un des principes de ce travail est le laisser faire d’un développement éphémère mais non strictement programmé dans le temps. Si ce n’est, pour certaines pièces qui pourront éventuellement être réactivées ailleurs, le temps d’une exposition. L’artiste compose ainsi avec le temps et devient le spectateur d’un devenir dont il a prévu les grandes lignes mais jamais le résultat effectif. Créateur de cycles de vie, usant de composantes naturelles ou fabriquées, il s’est engagé dans une œuvre métaphorique calquée sur la manière dont les composantes biologiques et autres ressources de la planète, évoluent naturellement ou pas.
Agir en conséquence
À l’œuvre depuis une petite trentaine d’années, Michel Blazy a largement anticipé quelques questions environnementales particulièrement sensibles aujourd’hui concernant le devenir de la planète, la préservation d’espèces, les conséquences de la surconsommation… Dans la grande salle du centre d’art, il a disposé au sol, sur un tapis de couleur, des amas de plâtre et coton additionnés de colorants alimentaires. Comme s’il s’agissait de plantes, ces entités sont arrosées régulièrement, si bien que l’eau qui les traverse après évaporation, agit par phénomène d’extension sur le sol (ou sur le mur en d’autres cas) et crée une aura qui modifie l’aspect, les couleurs et peut provoquer à terme des réactions imprévisibles. L’artiste montre que la nature a ses propres lois et que l’homme, par ses interventions, doit agir en connaissance de cause. La maîtrise des actes humains engage une vraie responsabilité. Visible.
À travers des films, d’autres pièces réalisées à partir d’objets de récupération, d’installations, de plantations, l’artiste français (Monaco, 1966 - vit à Paris) réveille la conscience de l’importance des cycles de vie dans lesquels l’humain est inclus.

Michel Blazy Multiverse Où La Loge, 86 rue de l’Ermitage, 1050 Bruxelles. www.la-loge.be Quand Jusqu’au 30 mars. Du jeudi au samedi de 12h à 18h. Entrée libre.