La peinture en trio féminin et new-yorkais
En galerie bruxelloise, parcours de redécouvertes picturales à travers les œuvres d’appartenance avant-gardiste d’artistes américaines.
Publié le 06-03-2019 à 11h47
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En galerie bruxelloise, parcours de redécouvertes picturales à travers les œuvres d’appartenance avant-gardiste d’artistes américaines. L’attention actuelle portée sur les artistes femmes trop peu mises en valeur jusqu’il y a peu, et c’est justice, conjuguée avec une actualité qui regarde volontiers dans le rétroviseur, offre l’opportunité de (re) découvrir des personnalités qui méritent un éclairage valorisant. C’est le cas particulièrement en cette exposition qui regroupe, grâce à la collaboration avec la galerie Zürcher (Paris/New York), trois femmes peintres américaines, reconnues aux États-Unis sans pour autant être des vedettes de première ligne. Elles ont néanmoins eu l’honneur d’expositions muséales notamment au MET et au Whitney Museum à New York ! Elles ont aussi en commun d’avoir été les épouses d’artistes et d’avoir vécu un peu dans leur ombre. On reconnaîtra sans peine que leur travail est resté presque inconnu en Belgique, voire en Europe, si ce n’est parcimonieusement à travers la galerie parisienne Zürcher. Toutes trois se sont engagées, dès les années 60/70 dans l’abstraction à caractère expérimental. De la sorte, elles ont participé à un renouvellement du pictural et à des formes avant-gardistes quelque peu distantes des théories greenbergiennes.
Associer
Depuis ses débuts au milieu des années soixante, Regina Bogat a contesté la planéité de la surface picturale en insérant dans ses peintures des éléments qui lui permettaient à la fois de donner du relief et de structurer les élans d’une abstraction plutôt lyrique. Elle a maintenu cette trajectoire entre gestualité vive et implémentation d’adjuvants géométriques et linéaires qui concrétisent la liaison de deux langages. Des dessins du milieu des années nonante, sur papiers libres aux formats irréguliers de manière à casser les codes, font état d’une abstraction tachiste et éclatée. Dans les deux périodes, un fond quasi monochrome sert de base toujours vigoureusement animée.
Déstructurer
Lynn Umlauf s’est engagée dans la même déstructuration de la surface peinte en travaillant dès les années septante, des toiles et des papiers découpés, parfois collés, dont la forme, toujours très dynamique par les courbes et irrégularités, devient le sujet de la peinture. Les agencements, les interventions chromatiques et linéaires contrarient à leur tour toute rigidité formelle ou graphique et créent un dialogue interne qui va de l’harmonie à la contradiction. Ces peintures sont à mettre en connexion tant avec les recherches de l’époque d’un Franck Stella aux États-Unis, qu’avec celles des artistes français du post Support/Surface.
Rythmer et complexifier
C’est en version plus minimaliste et ordonnée que s’exprime Merrill Wagner. Elle élabore, la plupart du temps, des structures rectangulaires, carrées ou circulaires dans lesquelles elle installe des graduations chromatiques à partir d’une tonalité. Elle décline ainsi une succession de jaunes ou de noirs dont les nuances et les valeurs de densité, dont la luminosité variable, apportent des effets optiques. En œuvrant sur divers supports qui vont de la toile, à l’acier ou à l’aluminium, en travaillant à l’huile aussi bien qu’à la peinture antirouille, en pratiquant parfois des découpes de la surface ou des adjonctions de toiles de formats variables, en inscrivant ses formes géométriques dans des surfaces irrégulières, elle multiplie, diversifie et complexifie les approches picturales. Et elle réveille le champ de la peinture.
Trois artistes
Regina Bogat : Née en 1928 à Brooklyn, elle vit à New York. Épouse du peintre Alfred Jensen. Fréquente les Reinhardt, Hesse, Judd et surtout Rothko. Elle fut une adepte du hard-edged avant d’intégrer des matériaux étrangers dans ses peintures.
Lynn Umlauf : Née en 1942 à Austin (Texas), elle vit à New York. Épouse du peintre Michael Goldberg, elle se partage entre la peinture et la sculpture. A exposé régulièrement en Italie, en France et en Allemagne. A exposé en 1978 chez Michele Lachowsky à Bruxelles.
Merill Wagner : Née en 1935 à Seattle sur la côte Ouest, elle vit à New York où elle a épousé Robert Ryman (décédé cette année). Très présente sur la scène américaine et en collections muséales états-uniennes, elle compte cependant un solo en la galerie L’A à Liège en 1992 et un autre au Gemeentemuseum de La Haye où elle est représentée dans la collection.

Bogat, Umlauf, Wagner Peinture Où Galerie La Forest Divonne, 66 rue de l’Hôtel des Monnaies, 1060 Bruxelles. Quand Jusqu’au 23 mars. Du mardi au samedi de 11h à 19h.