"Des oiseaux", la dernière collection créée par l’éditeur Xavier Barral est superbement inaugurée par Pentti Sammallahti et Bernard Plossu

Agilités

On connaissait déjà une partie des images consacrées par Plossu à la gente ailée puisqu’il avait publié il y a une dizaine d’années un petit opus intitulé Hirondelles andalouses aux éditions Filigranes (voir La Libre 11-06-2008). Dans sa préface, Jean-Christophe Bailly notait alors : "À mon avis la véritable raison d’être des anges est le désir qu’ont les hommes de voler, ce qu’ils n’ont jamais pu faire et ne feront jamais…" Il y aurait donc un peu d’envie à sublimer dans le regard que nous portons sur les oiseaux. C’est peut-être ce qui poussait le photographe à ajouter : "Alors avec les hirondelles andalouses […] s’établit cette sorte de jeu, comme "qui est le plus rapide ?". (Elles, sûrement !) Voilà, le challenge ultime : la vraie épreuve du millième de seconde, la rencontre entre nos deux agilités, quelle passionnante aventure."

Comme Plossu ne photographie qu’au 50 mm, dans ses images les oiseaux paraissent tout petits, repris dans de vastes et lumineux paysages qui accentuent leur fragilité. Tout au plus parvient-il à nous les montrer de plus près lorsqu’ils viennent nicher à l’encoignure de sa fenêtre. Mais, de loin ou de près, ce sont eux le véritable sujet des images.

Terrien

Cela semble moins le cas dans les photographies de Pentti Sammallahti. Pour l’artiste finlandais qui est avant tout un formidable paysagiste, les corneilles, pies et pigeons ne sont le plus souvent que des éléments parmi d’autres dans des cadrages au cordeau. Dans ses photographies, comme dans la vie, les oiseaux passent inaperçus si ce n’est lorsqu’ils déchirent le ciel en volant en nuée. D’une certaine manière, ses observations de terrien parcourant son splendide pays s’oppose à celles, tout aériennes du voyageur Plossu. Et c’est bien ce qui rend les ouvrages des deux photographes aussi complémentaires.

C’est sans doute ce qu’avait perçu, avec toute la subtilité qu’on lui connaissait depuis qu’il s’était établi comme éditeur, Xavier Barral qui vient de s’éteindre à l’âge de 63 ans. Comment ne pas citer ici l’exergue qu’il avait choisi pour le livre de Sammallahti, un extrait des Cygnes sauvages d’Hans Christian Andersen : "…Ils repartirent, volant au sein des nuages, bien loin dans le vaste monde et ils atteignirent une sombre forêt qui s’étendait jusqu’au rivage."

Des oiseaux Livre De Pentti Sammallahti, texte de Guilhem Lesaffre, Editions Xavier Barral, 120 pages, 60 photographies Prix 35 €

Des oiseaux Livre De Bernard Plossu, texte de Guilhem Lesaffre, Editions Xavier Barral, 88 pages, 44 photographies Prix 35 €