Leo Copers et la "pensée" au XXIe siècle
Petite mais dense exposition de Leo Copers chez Jacques Cerami. La pensée en question…
Publié le 13-03-2019 à 14h10
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Petite mais dense exposition de Leo Copers chez Jacques Cerami. La pensée en question… À 72 ans, le Gantois Leo Copers garde l’allant de ses jeunes années quand, en 1967, il cofondait le groupe New Rococco, actif durant trois ans. Chercheur pionnier en matière d’art conceptuel et créateur, dans la foulée, d’installations farcies d’objets très originaux, ne craignant pas d’affronter un surréalisme personnel iconoclaste, Leo Copers fut une figure dominante de l’art de la fin du XXe siècle en Belgique.
Il n’a, depuis, rangé ni ses idées ni sa constante à matérialiser ses actions et réactions selon une science et des audaces qui lui appartiennent.
Dans cette très signifiante exposition présentée chez Cerami, Copers nous entraîne dans les aléas de la pensée quand celle-ci perd ses droits à l’originalité au bénéfice du prêt-à-porter, fût-il, rivé à un intellect en souffrance, de la pensée bon marché ou, pire, de celle qui joue la carte bien-pensante, oubliant en chemin son devoir d’action ou de réaction quand tout prend l’eau.
LE "Penseur", de Rodin
Kitscherie pour un monde qui apprécie davantage la copie conforme que l’authenticité, Copers a ramené du Musée Rodin, à Paris, un Penseur en résine censé orner votre table de salon comme on y poserait une potiche trouvée aux puces.
Face à pareil artefact en toc, on se demande parfois quelle mouche pique de grands musées censés émerveiller et nourrir les foules de pensées sacerdotales à même de les grandir ! Est-ce bien le cas en l’occurrence quand le dit musée vous vend la copie en matière vulgaire et l’accompagne d’un certificat "certifiant", comble de l’ignominie pour public peu averti, l’authenticité de la copie… en résine.
Bien de nos grands et inoubliables artistes doivent se retourner dans leurs tombes en voyant à quelles sauces ils sont désormais mangés !
Au gré de ses Pensées Tourbillons, Leo Copers s’interroge sur l’authenticité de la pensée dans un monde qui, si souvent, semble ne plus penser et tout réduire à la plus simpliste des considérations en toutes matières.
Dante ou Rodin ?
Quand on regarde bien Le Penseur de Rodin et même ses subterfuges pour boutiques à deux sous, on constate les bras puissants du modèle, un ouvrier sans doute.
S’agirait-il de Rodin lui-même ou alors de Dante Allighieri ? On peut s’interroger, en effet, quand on sait que Rodin pensait à son penseur pour l’ériger au sommet de sa Porte de l’Enfer, d’où il aurait vu le monde. L’auguste référence à La Divine Comédie, de Dante
Quel monde quand on songe à ce que tout est devenu, que la pensée est mise en pot avec des formules toutes faites, que l’électronique résout nos problèmes, nos inquiétudes ?
Dans la pièce d’accueil de la galerie, Copers a planté un "Rodin" (en résine) qui tourne tête en bas et, plus loin, ce même Penseur (en résine) qui se fracasse la tête contre un mur, débris au sol…
Pensons-nous encore de nos jours ? Que pensons-nous ? Ce qui revient à dire "Où allons-nous ?"
Pour parachever son questionnement plus utile qu’on ne le croit, Copers a posé treize dessins à l’acrylique, très poétiques… Le penseur a-t-il encore droit de cité au XXIe siècle ? Et par penseur, entendons aussi l’intellectuel enfermé, le journaliste bouche close, ou celui qui ne l’entendant pas de cette oreille, réagit… Avant qu’il ne soit trop tard ?

Leo Copers - Pensées Tourbillons" Art actuel Où Galerie Jacques Cerami, 346, Route de Philippeville, 6010 Charleroi - Couillet. www.galeriecerami.be et 0477.784.434 Quand Jusqu’au 23 mars, du mercredi au vendredi, de 14h30 à 19h ; le samedi, de 11 à 18h.