Notre grand musée d’art contemporain est... au Smak
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Publié le 13-03-2019 à 08h43 - Mis à jour le 10-11-2020 à 14h17
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Pour fêter ses 20 ans et montrer ce que serait un nouveau musée, le Smak propose un passionnant voyage.
Une exposition très importante s’ouvre ce week-end au Smak à Gand. On attend plus de 2000 personnes au vernissage et 200 groupes ont déjà réservé des visites guidées. Pour la première fois depuis 20 ans, le musée expose sa collection dans tous ses espaces: 200 oeuvres de 140 artistes, choisies parmi les 3000 oeuvres de la collection. Si, bien sûr, d’autres lieux proposent des expos magnifiques, la collection du Smak reste la plus importante de Belgique en art contemporain. Explication en 3 temps.
Le passé
En 1957, Karel Geirlandt créait à Gand « l’association pour le musée d’art contemporain », le premier en Belgique. L’association qui existe toujours avec 2000 membres commença à acheter des oeuvres (la plus ancienne: un Gaston Bertrand de 1946). En 1975, le musée est créé dans une annexe du musée des Beaux-Arts avec Jan Hoet comme directeur et Panamarenko comme expo initiale. Le« Pape » de l’art contemporain donna un extraordinaire développement au musée et en 1999, il y a juste 20 ans, Jan Hoet inaugurait le bâtiment actuel, dans l’ancien casino rénové.
Quand il partit en 2003, la collection comptait 2000 oeuvres. Après un court passage de Peter Doroshenko, Philippe Van Cauteren, arrivait, formé par Jan Hoet. Il donna avec brio un nouvel élan au Smak, y compris à l’international. Aujourd’hui, le musée accueille 100000 visiteurs par an et a 3000 oeuvres.

Le présent
Pour célébrer les 20 ans du Smak, Philippe Van Cauteren aurait pu simplement exposer les « 50 chefs-d’oeuvre d’une collection » qui comprend Bacon, Richter, Hockney, Broodthaers, Delvoye, Tuymans, Borremans, Alÿs, De Bruyckere, De Cordier, AV Janssens, Panamarenko, Hammons, Marlène Dumas, Bruce Nauman, Buren, Carl André, Adrian Ghenie, etc.
Ces oeuvres sont certes dans l’expo, mais avec des artistes moins connus, créant un vaste paysage comme un labyrinthe dans lequel on circule à sa guise pour faire des découvertes, au gré des rapprochements comme Kader Attia face à Bacon ou Anselmo face à Van Anderlecht. Une aventure aidée quand on est dérouté par un guide du visiteur en français, avec explications sur chaque artiste.
De grandes installations/paysages occupent toute une salle comme Chasing the blue train, avec charbon, train et piano de David Hammons, la salle des Cobra où le sol est occupé par des matelas de réfugiés (Christof Bückel) ou le refuge dans la pénombre en cas de guerre d’Artur Barrio avec café, pain et sofa.
En face, dans le musée des Beaux-Arts, on a placél’immense Aeromodeler de Panamarenko, Le décor et son double de Buren (le double étant chez Anton Herbert) et une installation de Beuys.
L’expo est accompagné d’un catalogue en français (Fonds Mercator) reprenant les principaux artistes par ordre alphabétique et d’un très gros livre avec toute la collection.
« Une collection basée sur les artistes, où la peinture reste importante, qui invite, explique Van Cauteren, à voir ce que l’art contemporain peut apporter à notre regard sur le monde. C’est le meilleur instrument pour lutter contre l’indifférence qui est la plus grande maladie de notre société, un tel musée est un lieu où on est confronté àd’autres choses que ce qu’on connaît déjà. On peut s’y débarrasser de ses préjugés, on peut y envisager le futur, la nécessaire utopie. »

Le futur
Si l’expo s’intitule Highlights for the future De Collectie (1), c’est qu’il y aura une suite, « le futur musée que je souhaite ». Il a fait faire une étude pour un bâtiment neuf de 12000 m2 (trois fois la surface actuelle, 100 millions d’euros) pour exposer 500 pièces de la collection et fairedes expos temporaires et du stockage. Il espère ainsi tripler le nombre de visiteurs, ouvrir en 2025, et avoir enfin, un bâtiment totalement aux normes pour exposer, ce que le bâtiment actuel n’est pas.
L’expo est un prototype de ce que ce musée pourrait être. Faut convaincre le nouveau collège de Gand et Mathias De Clercq, Open VLD, le bourgmestre (le musée appartient à la ville) et le futur gouvernement flamand.« Comme père et mère de cette collection, il y a une attente du public et une urgence pour qu’elle soit mieux abritée. C’est ma dette à Jan Hoet. »
Le Smak développera aussi, encore, ses échanges avec le Mac’s et les Brasseurs à Liège.

De Collectie (I), jusqu’au 29-9, au Smak à Gand