… And I Live by the River

Ses couleurs peuvent être brûlantes, parfois trop, elles peuvent être aussi plus vaporeuses à l’instar des climats et ambiances qui le hantent.

Ancien joueur de foot, issu du populo, Richardson n’est pas entré en art en sifflotant. Dans sa famille, l’art, cette futilité, n’était point affaire de famille et il s’est inscrit en cachette à la Sint-Martin’s School of Art, puis au Goldsmith College.

Né à Woolwich en 1964, il y vit toujours et meuble son art de ce qu’il voit autour de lui. Épris de cinéma, il serait, façon Hooper pour les ambiances, un peintre cinéaste, ses comptes-rendus, leurs constructions et avant-plans ayant été jusqu’à offrir des idées aux cinéastes, l’inverse étant aussi vrai.

Du tableau au film

Ce climat, Nina Degraeve l’a très bien rendu dans le court-métrage qu’elle a consacré à l’artiste en 2017. Et, cerise sur le gâteau de la jeune réalisatrice, Our Side of the Water a déjà été couronné neuf fois et montré dans plus de 25 festivals de films documentaires. Aucun prix en Belgique toutefois pour cette jeune cinéaste qui déjà envisage de tourner une fiction.

C’est par des couleurs brûlantes, des contre-plongées et des plans fixes sur l’action que Richardson témoigne du quotidien des gens de son entourage : au café, autour d’un jeu, à la salle de boxe, car s’il demeure fan de foot, il est aussi attentif aux exploits de ses potes boxeurs et un de ses portraits du champion du monde Lennox Lewis fait partie des collections de la National Portrait Gallery.

Les visages de ses intervenants semblent plutôt absents ou droits devant eux, comme mus déjà dans un futur qui ne rigolera pas plus que le présent.

Au port, au bord des quais, dans la grisaille des jours, Richardson peint moins "hard", des blancs, des beiges, des regards tournés vers les lointains. Des visages typés de la marine de tous pays.

Imaginaire et photographie

Sa toponymie, le sud-est de la Tamise, ses docks, ses supporters du FC Arsenal ou ceux du Charlton Athletic, pas loin de là et où il va se ressourcer à des réalités, des émotions qu’il a bien connues du temps qu’il était lui-même footballeur.

S’il se base parfois sur des photographies pour peindre ses tableaux, son imaginaire l’aide tout autant à cadrer ses sujets et quand il "portraiture" un individu de ses amis, une pose s’impose, fût-elle brève.

Ray Richardson, utile pour le climat de ses peintures, travaille dans un vaste complexe qui regroupe des studios d’artistes. En 2015, il a eu la chance de participer avec Our Side of the Water, titre aussi de l’un de ses tableaux, à l’exposition "Modern and Contemporary British Painting" à la Tate Liverpool. Sa toile côtoya celles de Bacon, Hockney, Freud ou Peter Blake.

"Pour moi, dit-il, je veux être vu comme un peintre qui peint et c’est tout. Je peins mon environnement. Un monde… Et le monde des affaires que l’on voit de l’autre côté de la Tamise, c’est un autre monde.

"Quand j’ai peint des boxeurs sur le ring, je me suis assis sur le ring, mon unique chance de parvenir à peindre les boxeurs à leur ouvrage…"

Ray Richardson peint des êtres en quête de destin face à leur environnement… "Le film Les Affranchis, de Martin Scorsese, m’avait beaucoup impressionné et je me suis demandé ce que cela pourrait donner en peinture…"

Pas de doute, ses raccourcis sur des visages, des poses, dans des décors à la dure… Richardson peint un monde en soi avec ses fêtes, ses rites, ses réalités.

Ray Richardson Art contemporain Où Zedes Art Gallery, 36, rue Paul Lauters, 1050 Bruxelles. www.zedes-art-gallery.be et 02.646.00.04 Quand Jusqu’au 27 avril, du mercredi au vendredi, de 12 à 18h ; le samedi, de 14 à 18h.