En complément de l'expo de Sophie Whettnall, rétrospective livresque
Par les images, mais surtout par les textes, l’ouvrage, première monographie, livre une profonde introspection de l’œuvre de la plasticienne Sophie Whettnall.
Publié le 03-04-2019 à 12h28
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Par les images, mais surtout par les textes, l’ouvrage, première monographie, livre une profonde introspection de l’œuvre de la plasticienne Sophie Whettnall. Pour accompagner son exposition qui s’ouvre demain à La Centrale, est publiée une imposante monographie qui reprend des œuvres de 1999 à 2018. Une rétrospective livresque en images. Mais pas seulement, car elle est soutenue de manière très originale par trois textes, trois points de vue qui offrent des entrées multiples pour appréhender un travail qui exige une sorte de rite du passage. Il convient de traverser les apparences, de passer le miroir comme Alice ou Orphée. Dans le dialogue entre Battista et Samuelson, il est question de silence et d’intimité, d’humour, de voir et être vu, de haikus visuels, de contrastes, de figuration et d’abstraction, d’art engagé, de violence… Autant d’aspects abordés, souvent indirectement, en vidéos, photos, dessins… L’humour est aussi le point de départ d’une conversation avec l’artiste performeuse Marina Abramovic qui, d’emblée, précise : "Il est extrêmement important de pouvoir se moquer de soi-même, de la vie, du fait que nous nous considérons comme les rois de l’univers […]." L’entretien se poursuit sur la mise en danger, la peur, la mort, l’art-thérapie, l’émotion et la spiritualité, la femme artiste, la honte… des thématiques qui innervent les œuvres des deux artistes et la vie.
La question de la beauté
Un des aspects importants est le dialogue entre Sophie Whettnall, Emiliano Battista et la commissaire de l’expo Carine Fol. Il porte sur une question très controversée en regard de l’art contemporain. Celle de la beauté. Elle traverse l’histoire de l’art et est revenue avec acuité au cours des années septante et suivantes lorsqu’il était de bon ton d’agresser les formes jusqu’à la recherche d’un anti-esthétisme. Qui cachait souvent de réelles inaptitudes ! Bien que la tendance ait perdu de sa virulence, une méfiance persiste jusqu’aujourd’hui. Au point que Sophie Whettnall déclare : "La beauté est presque taboue dans l’art contemporain." Alors que celle-ci traverse la plus grande part de son œuvre. En fait, il faut s’entendre sur le terme et sa portée, sur le fait qu’elle est une recherche et jamais un but, une nécessité mais pas un idéal (baudelairien) inatteignable. Et l’artiste s’en explique : "Je traite beaucoup de choses dures, difficiles et violentes. La façon dont je peux gérer ces choses, est de faire la cour à cette beauté, de la laisser filer. […] c’est le point d’entrée que mon travail donne aux questions qu’il soulève." Et d’ajouter : "Pour parler de violence - violence physique, comme dans Shadow Boxing , ou violence psychologique, comme dans Transmission Line - j’ai besoin de beauté." C’est effectivement une des clés de son œuvre.

Sophie Whettnall (at) work Monographie De Textes : conversation entre Emiliano Battista et Scott Samuelson, entretien : S. Whettnall et Marina Abramovic, dialogue : S. Whettnall, Emilio Battista et Carine Fol (commissaire de l’expo). 90 ill., éd. Emiliano Battista/Mercatorfonds. Sophie Whettnall est représentée par la galerie Michel Rein.