Mark Steinmetz à la Box Galerie : ce qu’il y a de mieux dans la tradition photographique américaine
La Box Galerie expose pour la seconde fois le travail de Mark Steinmetz (1961) et pour la seconde fois, c’est un vrai bonheur. Dès les premières images, on retrouve en effet toute la subtilité de ce photographe américain qui condense dans ses images le meilleur de la tradition d’outre-Atlantique. À commencer par des tirages en noir et blanc d’une beauté soufflante dont la finesse permet de traduire les ambiances incroyables du sud des États-Unis, entre soleil de plomb et orages dantesques.
Publié le 08-04-2019 à 16h40
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La Box Galerie expose pour la seconde fois le travail de Mark Steinmetz (1961) et pour la seconde fois, c’est un vrai bonheur. Dès les premières images, on retrouve en effet toute la subtilité de ce photographe américain qui condense dans ses images le meilleur de la tradition d’outre-Atlantique. À commencer par des tirages en noir et blanc d’une beauté soufflante dont la finesse permet de traduire les ambiances incroyables du sud des États-Unis, entre soleil de plomb et orages dantesques.
Littéraire
C’est précisément le cas de ce paysage autoroutier déchiré du haut en bas par un éclair. Une image manifestement saisie à la volée à travers le pare-brise d’une voiture et qui semble rendre le vacarme de la pluie torrentielle sur le capot. On notera que cette façon de convoquer les autres sens que celui de la vue, très littéraire en fait, est à l’œuvre dans presque toutes les photographies de cette série intitulé "K-Ville". On y perçoit aussi bien l’odeur des brûlis en automne que la chaleur des derniers rayons de soleil en fin d’après-midi. Ou encore l’humidité moite des petites villes de Géorgie et de Louisiane avec "leurs gens aimables" comme le dit Steinmetz.
Outre ce côté multisensoriel, une autre constante chez cet auteur sophistiqué est de susciter une lecture à double, voire à triple détente. Avec, à première vue, l’évidence d’une image composée au cordeau suivie tout aussitôt de la surprise du détail qui fait mouche. Ainsi, par exemple n’est-il pas rare après avoir fait le tour d’une image de découvrir un texte sous forme d’enseigne ou de graffiti qui, loin de clôturer lourdement la lecture, la relance au contraire. Comme cette pancarte Life au coin d’une rue vide ou cette pochette du 33 tours My Fair Lady derrière un personnage androgyne. Un autre exemple de cette double détente est le portrait en pied d’une petite fille qui intrigue de prime abord par les patins à roulettes qu’elle a chaussés et qui sont trop grands pour elle. Ceci jusqu’à ce que, en s’approchant un peu plus près, on découvre sa robe tachée et sa frimousse pas trop propre. Changement de perspective, de la scène plutôt charmante, on passe au registre social.
Photographie américaine
Notons encore que le noir et blanc de Mark Steimetz est celui d’avant le numérique, celui d’un film que l’on place dans l’appareil et non celui d’un choix a posteriori qui élimine les couleurs enregistrées. C’est loin d’être un détail - et pas seulement d’un point de vue technique - car savoir que l’on photographie en noir et blanc engendre un autre regard. En l’occurrence, ce regard des plus grands auteurs qui, à l’instar de Walker Evans ou Lee Friedlander, ont fait de l’art de débusquer la poésie dans la trivialité du monde moderne, la spécificité de la photographie américaine.
À noter: rencontre avec Mark Steinmetz le samedi 27 avril de 14 à 20 heures.

"K-Ville" de Mark Steinmetz Photographie Où Box Galerie, chaussée de Vleurgat, 102, 1050 Bruxelles. www.boxgalerie.be Quand Jusqu’au 11 mai, du mercredi au samedi de 12h à 18h.