A Liège, la fête des masques est totale, colorée à souhait
La fête est totale, colorée à souhait, énigmes et faciès goguenards ou grotesques, inspirés ou ludiques, garantis. Heureusement mise en lumière au gré de cellules réservées aux quatre continents, diversement épris de mascarades et festivités liés aux cultes et croyances, que sont l’Asie, l’Océanie, l’Amérique et l’Afrique, le voyage se diversifie au rythme des peuples, des ethnies.
Publié le 10-04-2019 à 18h34 - Mis à jour le 10-04-2019 à 18h35
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Evénement : une impressionnante série de "Masques" vous conte l’Afrique, l’Asie, l’Océanie, l’Amérique.
La fête est totale, colorée à souhait, énigmes et faciès goguenards ou grotesques, inspirés ou ludiques, garantis. Heureusement mise en lumière au gré de cellules réservées aux quatre continents, diversement épris de mascarades et festivités liés aux cultes et croyances, que sont l’Asie, l’Océanie, l’Amérique et l’Afrique, le voyage se diversifie au rythme des peuples, des ethnies.
La mise en scène s’accompagne d’explications très ciblées et l’on ressort de cette exposition plus savant et, surtout, plus conscient qu’avant des règles de vie qu’accompagnent traditionnellement ces masques quand ils dansent.
Car ces masques, aujourd’hui isolés, sont, dans leur biotope naturel, le visage énigmatique d’une tenue qui habille le porteur de pied en cap et lui confère l’apparence d’esprits ou d’ancêtres censés rappeler aux gens de leur caste un pouvoir incontestable.
Avec Yves Le Fur
Grand orchestrateur de cette mise en lumière, Yves Le Fur, directeur des collections au Quai Branly, rappelle utilement que "toutes ces formes, ces différents visages venus de lieux très divers, donnent corps à des intermédiaires entre le monde des vivants et celui des morts, des esprits de la terre et des forêts".
Caractérisés, pour chaque continent, par une notion explicite, ces masques, extraits de leur contexte, s’en viennent à nous avec leurs particularités notoires.
En Asie, l’art dramatique domine la scène. Ce qui, d’une certaine façon, correspond à ce que nous, Occidentaux, attendons de masques festifs. En Chine, les porteurs de masques interprètent des récits qui expriment les mythes. Et l’on sait combien le Théâtre No japonais - dont de beaux exemplaires trônent ici - a partie liée avec les croyances nipponnes.
À remarquer, du Vietnam, un masque Kinh en terre cuite et glaçure, des masques du Népal en bois. En Amérique, l’art de la parodie prime. La mascarade est de sortie. L’on appréciera particulièrement un masque tigre du Mexique assez exceptionnel sculpté dans des matières étranges avec des dents d’animaux, du crin, du maïs. Il s’agit pour eux d’expliciter l’étrangeté.
Masques en tous genres
À retenir aussi, un masque du Mexique en bois peint : on dirait un visage. Un autre, du Mexique toujours, est en pierre et utilisé en pendentif. Il date de trois siècles avant notre ère. Ou du Chiapas mexicain, un masque Tzotzil en cuir et cheveux.
Très différents d’un continent à l’autre, mais aussi d’une région à l’autre et, souvent même, d’un peuple à l’autre, ces masques en tous genres alimentent notre imaginaire de variantes expressives, inquiétantes ou réjouissantes.
Les 80 masques du voyage le prouvent à suffisance. Et la diversité est fascinante. Parfois ces masques ne sont pas portés, ils peuvent alors être accrochés dans une maison, voire sur un sarcophage.
Dans une majorité de cas, les masques ont pour fonction d’incarner un esprit très puissant qui a droit de vie ou de mort. D’autres fois, contraste frappant, ils sont des masques à moqueries pour des concours de grimaces, comme dans le Nord de l’Amérique.
L’Océanie se caractériserait par un art de l’éphémère. Mélanges entre formes humaines et motifs symboliques, ils peuvent apparaître extraordinaires, tels ceux de Papouasie-Nouvelle Guinée, qu’appréciaient tant les surréalistes. Au Sepik, ils sont souvent en vannerie et peuvent même orner les pignons des maisons.
Tout cela vous est très bien expliqué et diversifié grâce à des cartels ajustés. Et puis, nous voici en Afrique où le masque est davantage censé favoriser l’art de la médiation.
À l’instar de la statuaire africaine, les masques du continent noir sont les plus intériorisés. Qu’ils soient issus des peuples Sénufo, Igbo, Dan, Bamana, Toma, Mende, Baoulé, Mossi, tant d’autres encore, ils captent vos regards par leurs différences mais aussi par leur pouvoir d’impact.
Ce qui fait dire à Yves Le Fur en guise de conclusion : "Pour moi, la sculpture africaine est la plus forte de toutes celles que nous connaissons, plus forte que celle des Grecs !"

Masques du Quai Branly Art ethnique Où La Cité Miroir, 22, place Xavier Neujean, 4000 Liège.www.citemiroir.be et 04.230.70.50 Quand Jusqu’au 20 juillet, du lundi au vendredi, de 9 à 18h ; samedi et dimanche, de 10 à 18h (à partir du 1er juillet, du lundi au dimanche, de 10 à 18h.) Fermé les 22/4, 1/5, 30/5, 31/5, 10/6.