Imposant solo du peintre bruxellois Yves Zurstrassen à Tolède
Si une halte dans la magnifique ville de Tolède vous séduit en ce printemps, ne manquez pas de visiter le Museo de Santa Cruz avec ses quelques chefs-d’œuvre du Greco et, conjointement, l’exposition rétrospective des dix dernières années de peinture monumentale de l’artiste bruxellois Yves Zurtrassen (1956).
Publié le 10-04-2019 à 18h31
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Si une halte dans la magnifique ville de Tolède vous séduit en ce printemps, ne manquez pas de visiter le Museo de Santa Cruz avec ses quelques chefs-d’œuvre du Greco et, conjointement, l’exposition rétrospective des dix dernières années de peinture monumentale de l’artiste bruxellois Yves Zurtrassen (1956). Il s’y présente au faîte d’une puissance picturale aussi diversifiée que pleinement marquée du sceau d’une personnalité distinctive entre toutes. Depuis le début des années quatre-vingt, il poursuit sans relâche la quête d’une abstraction indépendante, puissante, toujours éblouissante, qui ne se laisse jamais piéger par une mouvance dominante. En voyageant dans les abstractions, il conquiert des harmonies singulières en biaisant les approches, en associant les contraires, en construisant des puzzles entre rigueur minimaliste et effervescence baroque.
Atout peinture
Yves Zurstrassen sait que toute la peinture actuelle, sans exception, est redevable à un siècle de modernité et d’avant-gardisme effréné qui a ouvert des voies libertaires pour les artistes soucieux de poursuivre une aventure sans fin inscrite dans leur temps. On ne refait pas l’histoire, on la prolonge en puisant dans son riche potentiel pour en faire émerger des propos, des pratiques, des esthétiques aussi inédites qu’originales. L’espace de la peinture, à nul autre semblable, livré à un talent foncièrement créateur d’un langage de son temps, n’a jamais fini de se renouveler de l’intérieur, par ses atouts matiéristes, formels et chromatiques, et par là de nous enchanter. Il n’est pas question de progrès face à Matisse, Picasso ou Richter, pour ne citer qu’eux, mais de capacité à remodeler, à vivifier, à se porter à la hauteur en corrélation avec nos sensibilités, nos préoccupations, nos émotions, nos attentes visuelles et mentales d’aujourd’hui. C’est ce que réussit brillamment aujourd’hui Yves Zurtrassen. Cette capacité est particulièrement mise en valeur dans l’exposition muséale à Tolède.
Mariages langagiers
"Il ouvre un espace, en collant, déchirant, décollant jusqu’à être au cœur du lieu", écrit le commissaire de l’expo Olivier Kaeppelin qui parle fort justement de "carnaval des formes". Zurstrassen conjugue en un seul lieu, outils numériques et gestuelle vigoureuse, structure rigoureuse et formes libres, il joue autant de la discrétion que de la surabondance et fait vibrer les couleurs vives autant que les noirs profonds. C’est en ces mariages langagiers heureux et solides, aussi singuliers qu’audacieux, équilibres toujours précaires entre mouvement et statisme, que la peinture trouve des épanouissements qui chantent comme une vie pleine de soleil et d’émerveillements surprenants.

Yves Zurstrassen Free Energy Peinture Où Museo de Santa Cruz, Tolède (Espagne). En collaboration avec Bozar. https ://cultura.castillalamancha.es/museos/nuestros-museos/museo-de-santa-cruz. Quand Jusqu’au 30 juin.