Autour de l’objet tableau
- Publié le 20-11-2019 à 17h45
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Everarts fait œuvre de l’environnement trivial des œuvres. Jubilatoire. Au Rivoli, le travail de Vincent Everarts exposé actuellement chez Rossi Contemporary fait involontairement écho à celui de Philippe De Gobert exposé jusqu’il y a peu, tout en face à la Galerie Alice Magabgab. Pour rappel (voir La Libre du 18-09-19), sous l’intitulé "Voyages en atelier", celui-ci faisait mine de nous emmener dans les coulisses de la création par le truchement de photographies de maquettes représentant des ateliers d’artistes connus. Vincent Everarts nous montre aussi l’environnement des œuvres d’art, cependant sans artifice puisque ses images sont autant de prélèvements directs dans le cours de la vie. En l’occurrence, le cours de sa vie professionnelle dont une bonne part consiste à reproduire avec toute la dextérité technique que l’on imagine, tableaux et sculptures dans les musées, les galeries ou chez les collectionneurs.
Surréaliste
Voici quelques années, en prenant un peu de recul au sortir de la prise de vue d’une œuvre entre rouge et bleu accrochée au-dessus d’un lit immaculé lui-même traversé par un fil rouge, il se rend compte du potentiel de l’ensemble de la scène improvisée. Il en fait une photo qui le décide à désormais toujours faire un ou deux pas vers l’arrière pour fixer en image les lieux souvent très improbables où l’emmène son travail de reproduction.
C’est ce qui nous vaut aujourd’hui de retrouver chez Rossi et dans un catalogue publié pour l’occasion une sélection d’une trentaine de clichés parmi les centaines déjà réalisés. Autant de photographies au cordeau empreintes d’un humour quelque peu surréaliste. De bout en bout, on y est proche de la beauté de "la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie" chère à Lautréamont. Qu’on en juge. Ici, en extérieur, on retrouve au pied d’un mur en briques, une peinture de Marcel Broodthaers représentant… un mur en briques où est accrochée une plaque indiquant "Rue René Magritte". Là, décroché de sa cimaise et tout à côté de rideaux aux motifs jaunes, on remarque la cape de même couleur d’un autoportrait en armure de Félix Labisse. Ici enfin on s’introduit dans une mise en abyme où, prise sur fond muséal, une photographie de Louise Lawler montre la sculpture de La petite danseuse de quatorze ans d’Edgard Degas se découpant elle-même sur un fond du Museum of Fine Arts de Boston.
Dans sa préface au catalogue, le peintre Georges Meurant confie : "Mon point de vue est orienté par cette conviction : n’est œuvre que celle qui opère, marque durablement son spectateur, l’invite à revenir à elle." Point de vue on ne peut plus à propos que l’on ne peut que partager.
"Décrochage" de Vincent Everarts Photographie Où Rossi Contemporary, Rivoli Building, 690, chaussée de Waterloo, 1180 Bruxelles. www.rossicontemporary.be Quand Jusqu’au 4 janvier, jeudi de 13h à17h30, vendredi de 13h à 18h et samedi de 14h à 18h.
