Gérald Vatrin : le présent du passé
Sans renier son passé, le travail du verre s’offre avec Gérald Vatrin un lifting tout en modernité.
Publié le 20-11-2019 à 17h39
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Sans renier son passé, le travail du verre s’offre avec Gérald Vatrin un lifting tout en modernité. Héritier de l’École de Nancy, Gérald Vatrin (°1971) s’inscrit dans le prestigieux sillage des Gallé, Daum&Cie. L’artiste verrier livre un véritable travail d’orfèvre, chronophage à souhait. Le résultat est à tel point abouti qu’il apparaît excessivement difficile d’imaginer tout le processus créatif : le feu surpuissant et sa chaleur infernale, le magma de pâte de verre, la force physique et la maîtrise technique… Armé de sa fraise, Gérald Vatrin grave librement ses précieux globes, creusant des galeries ouvertes, sinueuses et complexes. Ici, la technicité et l’habileté ne suffisent pas… Ce travail impose une énorme dose de sang-froid. Et pour cause : entre ses mains, le verre peut éclater, telle une bombe à retardement qui risque d’exploser à tout instant si on ne prend pas le temps de respirer, de l’apprivoiser. "Le souffleur ne peut être qu’athlète, on n’est pas dans la broderie si ce n’est pour la précision. Les joues enflées pulsent l’air dans la canne, comme si l’homme voulait y faire passer quelque chose de son âme." (EW, In vitro Lumen, 2019)
Correspondances africaines
Gérald Vatrin a partagé sa vie entre la France où il exerçait son art et le Mali avec lequel il est éternellement lié par le cœur. Une part décisive de sa vie s’y déroula. C’était avant l’été 2014, période agitée qui le contraint à abandonner l’Afrique en raison de troubles politiques. Enrichi de ce métissage unique, il rentre en France avec de petits objets qui lui serviront pour les pièces à venir, mais surtout une inspiration exotique imprégnée de motifs typiques. Des géométries foisonnantes et spontanées et des formes primales provenant d’une culture instinctive et authentique. D’ailleurs, quelques-unes de ses pièces portent des gris-gris (parfois dissimulés à l’intérieur du globe) faits de cuir, de perles de glaise, de cauris, de poils de chèvres, d’épines de porc-épic… Certains de ses globes présentent une opacité proche de la céramique… Illusion qui se dissipe aussitôt qu’un rai de lumière s’engouffre dans le volume. Il y a aussi des pièces - véritables dentelles de verre - qui exaltent par leur excessive transparence.
Une sublime présentation mêlant les sources d’inspiration : des motifs proches de l’art nouveau (avec des orchidées et quelques insectes), l’évocation de tatouages rituels (dans les dessins anguleux) ou encore quelques références à l’art aborigène (avec ses armées de petits points strictement alignés). Une trentaine de pièces, toujours uniques, dont certaines issues de séries devenues très rares. Des œuvres d’une grande variété - permettant de mesurer toute la créativité de l’artiste - qui laisseront place, début décembre, à une seconde sélection. Soit une exposition en deux temps qui préfigure le focus que lui consacrera l’année prochaine le Musée du Verre de Charleroi. Autant d’occasions de découvrir cet artiste-verrier conjuguant passé et modernité.
Gérald Vatrin. 20 ans Art du verre Où Mathilde Hatzenberger Gallery, rue Washington 145, 1050 Ixelles, www.mathildehatzenberger.eu Quand Jusqu’au 30 novembre (Partie I), du 5 au 21 décembre (Partie II), jeudi et vendredi de 11h à 18h, samedi de 12h à 18h et srdv.
