Kinshasa, Lomé: l’Afrique se dote de nouveaux musées
Ce week-end, à Kinshasa et à Lomé, ont été inaugurés les tout nouveaux musées nationaux du Congo et du Togo. L’Afrique s’équipe en musées prêts à recevoir les oeuvres qui lui seront rendues. Plusieurs pays veulent ainsi battre en brèche l'argument du manque d'infrastructures adaptées, souvent opposé aux demandes de restitution.
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Publié le 24-11-2019 à 08h32 - Mis à jour le 24-11-2019 à 18h15
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Ce week-end, ont été inaugurés le musée national de Kinshasa et le Palais des gouverneurs à Lomé.
Ce week-end, à Kinshasa et à Lomé, ont été inaugurés les tout nouveaux musées nationaux du Congo et du Togo. L’Afrique s’équipe en musées prêts à recevoir les oeuvres qui lui seront rendues. Plusieurs pays veulent ainsi battre en brèche l'argument du manque d'infrastructures adaptées, souvent opposé aux demandes de restitution.
Il y a juste un an s’ouvrait le Musée des civilisations noires à Dakar payé par la Chine (14500 m2 avec 3500 m2 de surface d’expos, coût de 30,5 millions d’euros).
Samedi, après trois ans de travaux, était officiellement inauguré par le président congolais Félix Tshisekedi – qui a notamment “remercié la Belgique pour la conservation du patrimoine congolais” – le Musée national du Congo, construit sur le boulevard Triomphal, à côté de la cathédrale du Centenaire protestant, par les Sud-Coréens, qui ont offert les 21 millions d’euros de la construction. Ce musée vient bien plus que compléter l’entrepôt-musée du Mont Ngaliema, qui était dans un triste état.
Comme à Dakar où l’architecture reprenait celle des maisons de Casamance, ici aussi elle veut renvoyer à celle traditionnelle du Congo.
Une cour intérieure avec bassins, de grandes portes coulissantes, une terrasse intérieure, une bibliothèque, une salle de conférence, un espace multimédia et des salles d’exposition où on ne trouve encore que 400 objets rangés par grands thèmes (défis de l'existence, cycle de la vie, expression culturelle).
Si le musée de Kinshasa possède, dit-il, 12000 objets, il ne peut encore en exposer que 400 représentant 65 peuples du Congo, bien peu soulignent ses responsables, pour montrer la richesse culturelle des 450 peuples qui forment le Congo (on ne dit plus ethnies).

Restitution
A l’occasion de cette ouverture officielle (en réalité le musée était déjà prêt depuis quelques mois), les autorités congolaises ne demandent pas à la Belgique, la restitution immédiate des biens culturels congolais. "Nous avons d’autres urgences", avait déclaré le président Félix Tshisekedi au Soir avant son déplacement à Bruxelles en septembre. Le musée lui-même n’est pas (encore) demandeur), mais la question arrivera. On le sait bien au musée de Tervuren où le directeur Guido Gryseels, collabore depuis longtemps avec les musées africains et promeut les accès via Internet ou l’idée de prêt d’oeuvres et d’expos temporaires itinérantes an Afrique. Ouvert à une discussion sur la restitution, la première tâche, répète-t-il, est de dresser un inventaire précis, en toute transparence de ce qu’on a.
Il n’exclut pas des restitutions à terme, au cas par cas, de pièces en double, ou emblématiques, pour compléter des collections dans les musées congolais ou rwandais. Mais il faut auparavant définir un cadre précis : Qui peut demander une restitution ? Que veut dire une acquisition qui aurait été illégale alors que c’était la colonisation ? Quels changements à opérer à notre loi sur l’inaliénabilité des collections publiques belges ? Les réponses doivent venir d’une négociation d’Etat à Etat et seul un gouvernement belge peut lever l’inaliénabilité des collections.
Palais de Lomé
A Lomé, on a inauguré ce week-end, l’ancien Palais des gouverneurs, devenu Palais de Lomé, l’un des monuments emblématiques de la capitale du Togo et joyau du patrimoine togolais, construit entre 1898 et 1905, abandonné depuis 20 ans et entièrement restauré à l’identique (pour 3,7 millions d’euros). Il a l’ambition de devenir le premier centre d’art et de culture du Togo et de rayonner sur toute la région: »Pour la première fois de son histoire, ce lieu d'où s’exerçait le pouvoir colonial sera ouvert au grand public pour qu'il puisse découvrir son riche patrimoine, historique, culturel et environnemental ».
Lieu d’expositions, de spectacles vivants, avec une tour belvédère, une galerie du design, une librairie, une galerie d’art, deux restaurants, et surtout un parc botanique de 11 ha donnant sur l’océan, ponctué de sculptures contemporaines, avec une grande variété d’arbres tropicaux, trois bassins à nénuphars et les chants de quarante espèces d’oiseaux .
Le Palais ouvrira jeudi ses portes au public avec cinq expos, dont le Togo des rois avec des objets traditionnels prêtés par des descendants de différents royaumes, un hommage au designer togolais Kossi Aguessy ou encore Three Borders, une présentation d'artistes contemporains du Togo, du Ghana, du Bénin et du Nigeria.