Une perle à découvrir au coeur de Bruges
Le domaine Adornes et sa Chapelle de Jérusalem appartiennent à la même famille depuis 17 générations. En dehors des cohortes de touristes, cachées dans le calme de la ville médiévale, on trouve à Bruges des merveilles qui valent le détour. C’est le cas du domaine Adornes et sa chapelle de Jérusalem. On repère de loin sa tour hexagonale surmontée d’un globe avec la roue brisée du martyre de Sainte-Catherine. Elle apparaît déjà dans le paysage du retable de Saint Nicolas du XVe siècle, du musée Groeningen.
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Publié le 24-11-2019 à 09h53 - Mis à jour le 24-11-2019 à 09h55
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Le domaine Adornes et sa Chapelle de Jérusalem appartiennent à la même famille depuis 17 générations.
En dehors des cohortes de touristes, cachées dans le calme de la ville médiévale, on trouve à Bruges des merveilles qui valent le détour. C’est le cas du domaine Adornes et sa chapelle de Jérusalem. On repère de loin sa tour hexagonale surmontée d’un globe avec la roue brisée du martyre de Sainte-Catherine. Elle apparaît déjà dans le paysage du retable de Saint Nicolas du XVe siècle, du musée Groeningen.
Même si d’autres maisons ont subsisté à Bruges comme celle- la plus impressionnante- qui appartenait à Louis de Gruuthuse (1427-1492), qui fut sa demeure et qui vient de rouvrir après cinq de travaux, le plus modeste domaine Adornes a la particularité d’être resté toujours, pendant six siècles, soit 17 générations, entre les mains d’une même famille, traversant guerres et révolutions.
Au gré des alliances et mariages, la famille Adornes a transmis ce patrimoine en 1752 à la famille de Draeck et depuis 1882, à la famille de Limburg Stirum.
Aujourd’hui Véronique de Limburg Stirum et son mari Maximilien, descendant d’Anselme Adornes ont décidé depuis 2014 d’ouvrir le domaine au public et, en plus, cette année de l’ouvrir à l’art contemporain.
Ayant visité en été 2018, Autun, ils y ont découvert l’exposition mêlant art ancien et actuel montée par le couple dans la vie comme dans l’art, Reniere&Depla, qui habitent Watou en Belgique et sont tombés amoureux d’Autun. Les oeuvres contemporaines dialoguaient avec le passé et soulignaient les rapports entre la Bourgogne et la Flandre.
Ils leur ont demandé de faire de même à Bruges dans leur domaine à la Peperstraat, à côté de la l’église baroque de Sainte-Anne, une des plus belles de Bruges, une église à ne pas rater.

Pèlerinage
Le domaine Adornes en pleine ville, comprend une résidence encore habitée par les Limburg Stirum et rarement visitable, les maisons-dieu qui servent de musée avec un film sur l'histoire d’Adornes (ces maisons étaient destinées à des femmes seules et pauvres), un jardin, un salon écossais où on peut prendre le thé, et surtout la Chapelle de Jérusalem.
Les Adornes venaient de Gênes et ces immigrés italiens (comme les Portinari et les Arnolfini) firent rapidement fortune à Bruges dans le négoce et le traitement de la laine (ils avaient le monopole de la pierre d’alun). Ils devinrent des personnalités politiques de la ville, soutenant les ducs de Bourgogne.
Il y eut surtout Anselme Adornes (1424-1483), surdoué, négociant hors pair, négociateur d’une paix commerciale avec l’Ecosse, membre des plus hautes confréries brugeoises. Très pieux, il entreprit à 46 ans un pèlerinage à hauts risques de 14 mois à Jérusalem passant par Rome, Tunis, le Caire, le désert du Sinaï avec un séjour au monastère de Sainte Catherine.
C’est lui qui bâtit la Chapelle de Jérusalem construite en plus petit sur le modèle du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Dans la crypte de la chapelle, on découvre le corps de Jésus au tombeau.
Cette chapelle comprend de nombreuses sculptures anciennes, des vitraux totalement conservés, un autel avec les instruments de la Passion du Christ et le tombeau en pierre noire avec les gisants d’Anselme Adornes et son épouse Marguerite Vander Banck. Une chapelles supérieure est surmontée par la grande tour.

Art actuel
Dans cette chapelle, on découvre des oeuvres contemporaines: une belle tête en albâtre suspendue de Sofie Muller et quatre tableaux de Jan Van Riet dont un avec trois clous renvoyant aux reliques de la vraie Croix qu’Anselme disait posséder.
Deux salles de la maison sont devenues un cabinet de curiosités avec un ensemble choisi par Reniere&Depla, d’oeuvres antiques et moyen-âgeuses prêtées par le musée Rolin d’Autun, des naturalia (oeufs de dinosaures, etc.) et de nombreuses oeuvres modernes et actuelles: dessins d’Edgard Tytgat et Rik Wouters, deux beaux dessins de Thomas Lerooy, une grand peinture de Cindy Wright, les peintures-mots d’Arpaïs Du Bois, des peintures de Jan Van Riet, Reniere&Depla et Koen Broucke.
Le domaine d’Adornes revit ainsi peu à peu, un lieu à découvrir dans un Bruges resté admirable et loin des foules.
Domaine Adornes, exposition A provisional Legacy, jusqu’au 4 janvier, Peperstraat 3, à Bruges, du lundi au samedi de 10 à 17h, www.adornes.org