L’"Ica", pour que chacun s’approprie l’architecture

Le secteur de l’architecture en Belgique le demandait depuis 15 ans ! L’idée se trouvait déjà dans les revendications du Livre blanc pour l’architecture contemporaine en Communauté française en 2004: créer un opérateur culturel chargé de faire la promotion et la diffusion de la culture architecturale en Communauté française en s’adressant à un large public, montrer qu’il y a autre chose à faire qu’empiler des briques et que l’architecture peut contribuer à un mieux vivre collectif. Un instrument pour améliorer peu à peu la qualité de l’architecture en Communauté française.

Un tel outil existe depuis vingt ans, en Flandre avec le VAI, Vlaams Architectuurinstituut, et à Bruxelles avec le Civa.

Mardi, ce nouvel opérateur a été lancé à Namur, à la maison de la culture. Il s’appelle « Ica » (Institut culturel d’architecture Wallonie Bruxelles), est porté par quatre centres culturels (de Namur, Charleroi, Huy et Recyclart à Bruxelles) et est dirigé par l’architecte, historienne de l’art et critique Audrey Contesse, entourée d’une équipe de 3 personnes.

L’ancienne ministre de la Culture, Alda Greoli avait fait approuver ce projet que la nouvelle ministre, Bénédicte Linard, est venue confirmer mardi, précisant qu’elle veillerait à assurer la pérennité de l’Ica au-delà des trois ans de budget de fonctionnement déjà accordés.

Si l’Ica a son siège social à Namur, il n’a pas de lieu fixe mais utilise un réseau couvrant tout le territoire, avec les quatre centres culturels à la base du projet et les partenaires qui sont venus s’y ajouter comme le Civa, la maison de la culture à Tournai ou les Grignoux. Un total de 13 lieux qui permettront de diffuser largement la question de l’architecture.

Plate-forme de rencontres

Toute la semaine des activités sous le titre de L’architecture n’a peur de rien sont organisées qui dévoileront les politiques voulues par l’Ica: des débats sur de sujets comme A-t-on toujours peur de l’architecture contemporaine en FWB? Des visites de bâtiments contemporains de Namur et environs avec leurs architectes (comme la visite du nouveau Delta). Le jeune bureau Spécimen est intervenu dans la cour du centre culturel en « habillant » les tables de pesage des anciens abattoirs.

Et une belle exposition au centre culturel est proposée pour la semaine (on espère que cette expo sera itinérante et sera présentée dans d’autres centres culturels comme le fait De Singel à Anvers). On y montre des films spectaculaires sur la manière d’habiter (les buildings Etrimo face à La Baraque des étudiants de LLN), les réponses d’architectes à leurs sources d’inspiration (ébauche d’une histoire de l’architecture contemporaine), des exemples dans la région de Namur, les réponses apportées par des personnalités comme par le grand public à des questions comme: C’est quoi habiter? et C’est quoi la culture architecturale?

On y lit ainsi la définition de Chantal Dassonville, la bouwmeester francophone: « C’est prendre conscience que l’architecture façonne notre existence, nos rapports aux autres et au monde. Elle devient alors source de curiosité, d’attention. » Ou cet étudiant qui dit: « Habiter c’est avoir un truc durable qui nous ressemble et que l’on choisit. »

Audrey Contesse parle de coopération avec tous les acteurs et de créer une plate-forme de rencontres. Elle a ouvert sur le site de l’Ica un agenda qui reprend toutes les initiatives en matière de diffusion de l’architecture qui viennent compléter celles de l’Ica, comme à Bozar, au Civa, au VAI, dans les facultés d’architecture.

Pour personnaliser ce projet, l’Ica a adopté un beau code graphique bleu pour ses affiches et publications avec des slogans comme L’architecture n’a pas peur du noir, L’architecture a le compas dans l’oeil.

Avec encore des ateliers enfants, un appel à des jeunes architectes, des ponts vers l’art, … Bref, tout un éventail d’actions pour que la question de la bonne architecture aille vers les usagers, c’est à dire nous tous.

Semaine de lancement de l’Ica à Namur. www.ica-wb.be