Au royaume de la patience, David Crunelle est roi !
Le collage souffre de sa réputation. On le dit "facile", "épuisé par des artistes qui ont trouvé dans cette technique de quoi planquer leur manque de virtuosité…". Faux et re-faux ! Démonstration efficace à travers la sélection présentée par la Zedes Art Gallery.
- Publié le 04-12-2019 à 16h47
- Mis à jour le 04-12-2019 à 16h48
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Le collage souffre de sa réputation. On le dit "facile", "épuisé par des artistes qui ont trouvé dans cette technique de quoi planquer leur manque de virtuosité…". Faux et re-faux ! Démonstration efficace à travers la sélection présentée par la Zedes Art Gallery.
L’enseigne habille ses murs des compositions de David Crunelle. L’exposition s’intitule "Intarsia", soit une technique de broderie italienne de la Renaissance, proche de la marqueterie, désignant cet art qui consiste à incruster des pièces de bois sur un support de même matériau afin de créer des motifs géométriques. Photographe et graphic designer, l’artiste belge s’est lancé dans le collage il y a cinq ans. "Je voulais me dissocier de l’ordinateur et de l’infographie pour réaliser un travail sur papier. Des œuvres concrètes, uniques. Très vite, j’ai souhaité complexifier le processus en augmentant le nombre de pièces." (David Crunelle) En quête de challenges techniques, le collagiste réalise des assemblages composés de milliers d’éléments hétéroclites. Ses outils ? Scalpels et lames bien aiguisées ! Ses ressources ? De vieux magazines, des cartes postales d’un autre âge, de la correspondance (dont celle de deux amants éloignés), des photographies, des affiches de propagande… Soit autant d’images chargées d’une mémoire et porteuses de sens.
Patchworks de papier
Dans ses collages complexes d’une habileté considérable, l’artiste distille quelques minuscules fragments de cartes hologrammes. David Crunelle emploie ici la matière la plus chère à ses yeux d’enfant. La précieuse substance des cartes qu’il collectionnait et recomptait dans les cours de récré. "Ces cartes, c’était toute ma vie !" confie-t-il, heureux de leur offrir un avenir plus joyeux que celui qui leur était réservé dans ses fardes de cartes à collectionner. Plus encore, l’artiste aime énormément l’idée de mêler des papiers de provenances et d’époques différentes. Un contraste permettant de créer une dissonance entre les textures. Enfin, ces éléments réfléchissants apportent des touches de lumière et permettent d’intensifier l’aspect vif de la composition dont l’ensemble est finalement enduit d’une résine époxy.
L’écrasante majorité des pièces exposées s’inspire en droite ligne des techniques de quilts folks américains. Soit des patchworks réalisés par des femmes au foyer, reproduisant des formes variées très intéressantes mais aussi très difficiles techniquement. Un art populaire et traditionnel qui n’était valorisé que lorsque celui-ci provenait de mains masculines.
Seul bémol de la sélection ? Quelques grands formats suggèrent assez directement (trop peut-être ?) le travail du collagiste américain Fred Tomaselli. La frontière entre hommage et copiage peut-être sensible. Raison pour laquelle nous ressortirons de cette exposition avec le souvenir de ces beaux patterns très géométriques (qui s’éloignent clairement de son aîné) et que l’on préfère nettement aux premiers.
David Crunelle. Intarsia Collages Où Zedes Art Gallery, rue Paul Lauters 36, 1050 Ixelles www.zedes-art-gallery.be Quand Jusqu’au 21 décembre, du mercredi au vendredi de 12h à 18h, le samedi de 14h à 18h.
