Vanfleteren des villes et Stefan des champs
Affluence extraordinaire pour sa grande rétrospective à Anvers. Le Fomu y consacre à juste titre ses salles d’expos temporaires.
Publié le 02-01-2020 à 12h58 - Mis à jour le 21-05-2021 à 17h44
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Affluence extraordinaire pour sa grande rétrospective à Anvers. Le Fomu y consacre à juste titre ses salles d’expos temporaires. La première chose à signaler à propos de l’exposition de Stefan Vanfleteren actuellement au Fomu à Anvers, c’est l’affluence extraordinaire. La foule se presse dès l’ouverture pour voir le travail de ce quinquagénaire devenu au fil des ans un de ces BV (bekende Vlamingen) choyés par les médias du nord du pays. Beaucoup de monde donc, ce dont il faut se réjouir.
Régal
La deuxième chose à signaler, c’est qu’il s’agit moins d’une exposition "de" qu’une exposition "sur" ce talentueux photographe. Les cartels sont clairs à ce sujet, qui parlent de lui à la troisième personne. Ces dernières années, on avait pu voir en ce même lieu son magnifique "Belgicum" (2007), tout comme on avait pu déguster au Musée de Charleroi son fantastique documentaire sur la cité carolorégienne (2015). Cette fois, il s’agit d’une rétrospective très complète dont le sujet - comme on s’en rend compte à la lecture des textes - est bien moins le monde qu’il a tant arpenté durant sa carrière que l’avènement d’un grand artiste.
Le récit se donne dans l’ordre chronologique. Et cela commence fort avec des images inédites en petit format (vintage) des tout débuts, de ces années 1988-1993 de la scolarité à Sint-Lukas. Un vrai régal pour l’œil où l’on décèle déjà cette attirance pour le quotidien, pour la culture populaire et cette proximité spontanée avec les gens qui la font.
Vient ensuite sa longue collaboration avec De Morgen, un journal qui dès les années 1980 offrait une vraie place à la photographie. Ce sont à la fois des années en prise avec l’actualité, de la disparition du roi Baudouin à la fermeture de l’usine Renault. Ce sont aussi des années de voyages et la découverte des grandes métropoles. L’exposition fleuve n’en rate pas une miette.
Récent
Quand Vanfleteren revient au bercail, c’est pour dresser le portrait sans concession de son pays à travers ceux, très expressionnistes, des pêcheurs en voie de disparition, d’un paysan vivant dans la solitude et de bien d’autres personnages hauts en couleur qu’il photographie en noir et blanc et au moyen format.
Beaucoup moins pris par l’actualité, il réalise également de magnifiques séries comme, par exemple, celle sur les vestiges du mur de l’Atlantique ou celle sur des vitrines de commerces aujourd’hui fermés et qui jadis faisaient vivre les centres-villes.
Bien logiquement, la fin de l’exposition nous montre les productions les plus récentes. Et là, tout d’un coup, on n’a plus l’impression qu’il s’agit du même photographe. Le Stefan des champs est devenu le Vanfleteren des villes. De la chronique des petites gens, on passe aux portraits habiles et quelque peu pompeux de célébrités. Du quotidien au ras des pâquerettes si révélateur de la société, on passe à des tableaux allégoriques fabriqués avec beaucoup de virtuosité en studio. Le grand photographe est devenu ce grand artiste qu’un cartel n’hésite pas à comparer à Francisco de Zurbarán. Certes, c’est d’une maîtrise incroyable, mais cela touche moins. Cependant, ne mégotons pas, au-delà de ce côté hagiographique un peu exagéré, l’ensemble est impressionnant et vaut à lui seul le voyage à Anvers.
"Present" de Stefan Vanfleteren Photographies Où Fomu, Waalsekaai, 47, Anvers. www.fotomuseum.be/fr Quand Jusqu’au 1er mars 2020, du mardi au dimanche de 10 heures à 18 heures.
