De l’Africain au Van Buuren
Première, à l’initiative de Didier Claes et d’Isabelle Anspach : 55 masques et objets en majesté.
Publié le 24-01-2020 à 12h27 - Mis à jour le 24-01-2020 à 12h28
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Première, à l’initiative de Didier Claes et d’Isabelle Anspach : 55 masques et objets en majesté. En marge de la Brafa, Didier Claes a réuni, dans l’inimitable et superbe écrin Art Déco du Musée Van Buuren, une cinquantaine de pièces africaines issues de deux collections au-dessus de tout soupçon.
Voir là ces objets de culte disséminés entre salle à manger, salon, bureau à l’étage, parmi les meubles et souvenirs d’une maison qui a vécu au rythme de l’art et des artistes qui y étaient reçus en amis, a quelque chose de stupéfiant, de quasi magique.
C’est si vrai que l’on se dit que les Van Buuren, qui ont vécu à une époque où, surgi de nulle part, l’art africain subjugua les créateurs européens qui, après Matisse et Picasso et jusqu’aux expressionnistes allemands, les ont collectionnés, y ont puisé des sources d’inspiration principalement formelles, auraient tout aussi bien pu les réunir en affinité avec leurs tableaux, tapis, vases et la nature à l’entour.
Un habitat, des arts habités
Point ici d’objets, fussent-ils rares, mis sous vitrine. Disposés sur les appuis de fenêtres aussi bien que sur le piano à queue, ces objets, cultuels pour la plupart, respirent, soulignent les interactions inattendues entre toiles de maîtres et artefacts d’arts venus d’ailleurs, de diverses régions de l’Afrique.
La Chute d’Icare, tableau longtemps tenu pour être un Bruegel l’Ancien, mais aussi les cinq natures mortes de l’épatant Van de Woestyne, expressionniste flamand qui fut un intime des Van Buuren, un Gustave De Smet, un Rik Wouters, les autres, se marient allègrement aux pièces votives comme aux objets de parure ou du quotidien d’une Afrique aujourd’hui reconnue à sa place parmi les créations artistiques du monde.
L’habitat des Van Buuren était prédestiné à accueillir des arts à ce point habités. La réussite de leur mise en juxtaposition avec l’ambiance Art Déco du lieu saute aux yeux.
Que retenir de ces deux ensembles "africains" ? Sans établir d’échelle de valeur car tout en l’occurrence mérite la distinction, relevons cette Maternité Dogon du Maître des yeux obliques, dont on en connaît quatre variantes à travers le monde. Son bois couvert d’huile a, grâce à ce privilège de foi, pu subsister à travers les siècles. On la répertorie entre le XVIe et le XVIIe siècle.
Kota, Mumuye, Fang, Luba, Pende…
Face au jardin, trois grandes statues Mumuye du Nigeria ayant appartenu à Jacques Kerchache dominent l’environnement de leur stature caractéristique.
Sur le piano, sept reliquaires Kota et Mangwe - dont deux du Maître de la Sébé, d’après les recherches identitaires de Bernard de Grunne, avouent l’air figé des protecteurs d’âmes.
À ne pas mésestimer un petit Fang couvert d’huile et une Porteuse de coupe Luba, de notre ancien Congo. Ou une Tête en terre cuite de la Côte d’Ivoire, un fameux Fétiche à clous du Bakongo, une statue Baoulé de Sakassou à la belle patine croûteuse.
Du côté des masques, quelques Dan, Senufo, Bamana, Idoma, Lega valent l’attention, comme on ne peut ignorer la suite de pendentifs en ivoire en forme de masques des Pende, de la RDC.
Et puis, il y a tout le reste qui n’est en rien du "pour meubler" : poulies d’étrier, cuillères, fers noirs… Pour le plaisir des yeux.
Pièces tribales d’Afrique Art africain traditionnel Où Musée Van Buuren, 41, avenue Léo Errera, 1180 Bruxelles. Petit catalogue illustré et parfait. Quand Jusqu’au 1er mars.
