A la Patinoire royale, le combat ne s’arrête pas
Engagées dans le mouvement féministe, 18 artistes américaines offrent un état des lieux le confirmant : la lutte n’est pas finie.
Publié le 29-01-2020 à 16h34 - Mis à jour le 31-01-2020 à 13h43
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Engagées dans le mouvement féministe, 18 artistes américaines offrent un état des lieux le confirmant : la lutte n’est pas finie.
Depuis son ouverture, la Patinoire royale | Galerie Valérie Bach soutient majoritairement des femmes. S’inscrivant naturellement dans cette perspective, la proposition actuelle présente 18 plasticiennes - toutes disciplines confondues - partageant une posture intimement engagée : une démarche féministe s’attaquant aux discriminations, de toutes natures, que l’on rencontre dans notre société patriarcale.
Sur fond de #metoo et de #balancetonporc, ce thème apparaît à la fois actuel et atemporel. Le titre de l’exposition "The Infinite Journey" rappelle que ce combat pour l’égalité des droits (politique, économique, culturelle, sociale et juridique) et le respect absolu des femmes ressemble à un voyage infini, interminable. Les premières luttes ont débuté dans les années 30. Près d’un siècle plus tard, le combat se poursuit.
Plurielles
Au-delà du phénomène d’actualité, l’exposition propose de découvrir une scène américaine, bouillonnante à souhait, inconnue du public belge. Et pour cause : cette présentation collective marque pour beaucoup leur première apparition en Europe. En outre, plus de la moitié de ces artistes n’ont pas 40 ans (Theodora Allen, Julie Curtiss, Sara Cwynar, Loie Hollowell, Amy Lincoln, Cassi Namoda, Macon Reed, Odessa Straub et Chloe Wise). L’occasion de s’intéresser à cette génération émergente d’artistes prenant le relais du combat de leurs aînées. Celles-là ne sont pas oubliées. Dans un bel équilibre, l’espace bruxellois convoque également les grandes figures tutélaires, piliers de l’art féministe du New York des années 60 et 70 : Martha Rosler, Mary Kelly, Nancy Spero et Carolee Schneemann. Autres personnalités qui sont du voyage, Kiki Smith, Annette Lemieux et Leslie Hewitt.
L’assemblage distille une douceur toute féminine… Cela provient de la nature même de ces œuvres. Exceptions faites d’Angela Dufresne et de Cassi Namoda, les plasticiennes présentées vont délaisser la peinture sur toile, considérant ce support comme trop "masculin", pour pratiquer le collage, la gravure, le dessin, l’aquarelle, la peinture sur papier, la photographie… Soit autant de médiums latéraux préférant des supports plus délicats, dégageant une sensation de paix. Et pourtant, la lutte ne perd rien de son intensité. On découvre avec curiosité les vidéos délicieusement kitsch de Chloé Wise. On goûte aux impressions vitaminées de Macon Reed et on sourit devant son installation A Pressing Conference. L’artiste s’amuse à parodier la pressroom de la Maison Blanche, invitant le visiteur à poster sur les réseaux sociaux sa propre conférence de presse. Belle occasion de tacler Donald Trump, archétype du machiste idiot bafouant régulièrement la liberté de la presse.
Les seules faiblesses de cette proposition restent le manque de balises et de dialogues entre les œuvres. Le visiteur se sent quelque peu catapulté au cœur de cette scène américaine, aussi passionnante que poignante, exposée pêle-mêle et sans explication. Un sentiment légèrement inconfortable qui nous donne néanmoins l’occasion de rappeler que cet espace reste une galerie, non un centre d’art ou un musée. On a tendance à l’oublier.
American Woman. The Infinite Journey Art contemporain Où La Patinoire royale | Galerie Valérie Bach, rue Veydt 15, 1060 Saint-Gilles www.prvbgallery.com Quand Jusqu’au 21 mars, du mardi au samedi de 11h à 18h.
