La Brafa se la joue superbe
Le 65e anniversaire est célébré avec faste et dans une diversité à ravir. Émotions électriques.
Publié le 29-01-2020 à 16h32 - Mis à jour le 09-03-2020 à 15h36
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Le 65e anniversaire est célébré avec faste et dans une diversité à ravir. Émotions électriques. Au gré de nos premiers pas dans cette foire toujours aussi belle et superbement agencée dans ses décors, à commencer par le tapis, coloré et dynamique, il faut s’arrêter chez Benjamin Steinitz (Paris). Il sort comme chaque année le grand jeu de la décoration française "Grand Siècle" et Louis XV, avec des boiseries somptueuses scandées de panneaux en papiers de riz chinois du XVIIIe siècle, animés de grands oiseaux. On en connaît d’identiques au pavillon chinois du château de Wörlitz (Saxe-Anhalt). Ceux-ci proviennent de la famille des comtes de Semallé, dont un fut fondé pouvoir du futur Charles X et cousin des Mandat-Grancey. Le stand est par ailleurs décoré de deux importantes toiles d’Anto Carte (1886-1954).
Hiquily
En face, chez Röbbig (Munich), c’est un festival de porcelaines allemandes, dont du Meissen. Un pan de mur est décoré d’une partie du service "Au Cygne" du comte Henri de Brühl (1700-1763), façonné de 1737 à 1742 par Kandler et Eberlein. Le service comptait 2 200 pièces. La plus belle chose du stand est toutefois une vitrine en chêne sculpté, en deux-corps, sortie d’un atelier de Liège vers 1750. Il n’y a qu’à Fanson (Fondation privée et futur musée) que l’on en voit de plus belles. Chez von Vertes (Zurich), il ne faut pas manquer un beau tableau de Fernand Léger, alors qu’en face, chez les De Jonckheere (Genève, mais le cœur est à Bruxelles), outre un grand paysage au berger de Jacob Grimmer (1526-1589) dont on voudrait connaître le nom du château, il y a une minuscule Fuite en Égypte (12 x 15,5 cm). Elle est du Maître des Demi-Figures, actif à Anvers entre 1500 et 1550. C’est un petit chef-d’œuvre. Le stand est divisé avec une partie destinée à la seconde moitié du XXe siècle ; on y admire une importante sculpture de Philippe Hiquily (1925-2013), comme on en voit une dans le parc du château de Fernelmont.
Chez Deydier ça Tang
Chez les Desmet (Bruxelles, Sablon), il ne faut pas manquer un buste de jeune femme de qualité en terre cuite, florentin du XVIIe siècle. On y voit également un superbe buste d’Eros, en marbre blanc de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle. Il reprend le modèle découvert par Hamilton sur la Via Labicana, à Centocelle vers 1770. L’original en pieds, attribué à Praxitèle ou à Lysippe, est conservé au musée du Vatican.
Dans le genre antique, mais d’époque cette fois, il faut aller chez David Aaron, venu de Londres avec quelques merveilles dont cette plaque en pierre partiellement polychromée figurant Ihy, fils de Hathor, déesse de l’amour. C’est une œuvre d’époque ptolémaïque, vers 305-30 avant J.-C.
Chez Harold t’Kint (Bruxelles), parmi beaucoup de choses du XXe siècle, on trouve une superbe toile d’Emile Claus (1849-1924) figurant un Jeune homme ratissant un pré, vers 1889. Christian Deydier (Paris), passablement énervé par une journée d’expertises contestables, expose un superbe cheval chinois en terre cuite d’époque Tang (618-907). Le stand comporte plusieurs pièces japonaises d’époque Kofun (VIe siècle) dont une tête de cheval Haniwa en terre cuite. Deux guerriers de la même période scandent l’espace. Tout cela est de la plus haute rareté.
Marc Chagall chez Meessen
Il faut ensuite tout regarder chez Paolo Antonacci (Rome) dont deux vues d’intérieurs vers 1830-1840, rendues à l’aquarelle par J.S. van den Abeele, natif de Gand (1797-1855). Il y a là une vue située en Suisse et l’autre à Florence. Pareillement sur le stand de Victor Werner (Anvers et Bruxelles) où il ne faut rien manquer entre ses sculptures, meubles et tableaux de la seconde moitié du XIXe siècle. Le stand de Patrick Lancz (Bruxelles, Sablon) est lui aussi passionnant. On y retiendra son Charretier d’Anto Carte, à la gouache et aquarelle, daté de 1918. Chez Meessen De Clercq, on trouve une œuvre importante de Marc Chagall, figurant une Jeune mariée sur fond rouge. Chez Rodolphe Janssen, un mur est consacré à l’Iranienne Sanam Khatibi, née en 1979 à Téhéran, qui vit à Bruxelles et que l’on est habitué d’admirer à travers de très grandes toiles paradisiaques. Cette fois, c’est le contraire. Son mur est composé de cinq toiles petites comme des tableaux de Jan van Kessel au XVIIe siècle ; ce sont des natures mortes, des vanités et elles valent presque plus cher que cet artiste ancien ou ses imitateurs.
Francis Janssens de Varebeke qui va participer au "PAD" à Paris en avril montre ici de l’orfèvrerie européenne des XIXe et XXe siècles de haute qualité, tout comme son mobilier Art nouveau. On épinglera chez lui un superbe vase couvert de Philippe Wolfers, conçu en 1900, de même que son groupe en ivoire sculpté figurant un couple de danseurs nus. Ils sont sortis des ciseaux de Charles Samuel (1862-1938), en 1913 et sont à mettre en parallèle avec toutes les danseuses que l’on voit sur le stand de "Cento Anni". On notera que Francis Janssens a été exclu "sans explication, comme une trentaine d’autres marchands, de la foire de Maestricht après vingt-cinq ans de participation. Il faut dire que le pas-de-porte approche les 40 000 € et que la liste d’attente pour y entrer est longue. On a vite fait le compte"…
Salon égyptien
Un saut chez "La Présidence" (Paris) permet d’admirer une belle composition aquarellée de Szafran Lilette dans les feuillages, et un somptueux Geer van de Velde, sans oublier deux-trois Boudin plein de charme et de raffinement.
Juste après s’ouvre le grand stand des Apolloni (Rome), venus avec deux plâtres issus de l’atelier de Canova figurant Caroline et Joachim Murat. Nous avions déjà évoqué chez eux les deux toiles romaines de l’Anversois van Bree, plus belles en vrai qu’en photos. Il faudra y ajouter un salon égyptien (vers 1810) composé d’après des projets de Piranese pour un palais des environs de Turin. C’est rarissime mais difficile à placer. On continuera avec la magnifique toile de l’Américain Robert Cutler Hinckley (1853-1941) Pygmalion et Galathée, chez Irina Berko. Et on terminera avec ce superbe lustre de feuilles de laurier en bronze doré et cristal de roche qu’on voit dans le stand plein de fantaisie de Philippe Rapin (Paris). Il est de Robert Goossens (1927-2016). Il ne faut pas rater la manufacture De Wit (Malines) et les stands des Ghellinck et Theunissen (Bruxelles, Sablon) qui répond pour le mobilier français à celui très réussi également des Berger (Beaune).
Salon Où Tour&Taxis, 88, avenue du Port, 1000 Bruxelles. www.brafa.art Tél. : 02.513.48.31 Quand Jusqu’au 2 février, tous les jours, de 11 à 19h ; nocturne le jeudi 30, de 11 à 22h30.
