Eduardo Paolozzi, le daron du Pop Art
Bien avant l’éclosion du Pop Art, Eduardo Paolozzi va combiner des sujets populaires à des techniques qui le sont tout autant.
Publié le 30-01-2020 à 18h17 - Mis à jour le 04-02-2020 à 16h40
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Bien avant l’éclosion du Pop Art, Eduardo Paolozzi va combiner des sujets populaires à des techniques qui le sont tout autant.
Eduardo Paolozzi (Édimbourg, 1924 - Londres, 2005) fut l’un des artistes britanniques les plus emblématiques de sa génération. Un vrai précurseur qui réussit à se nourrir de son temps. Avec une inlassable curiosité, il multiplia les expériences plastiques, employant par exemple des techniques propres à la publicité - considérées avec mépris - bien avant les Andy Warhol et consorts. Mieux, le terme "Pop Art", utilisé pour la première fois par le critique d’art anglais Lawrence Alloway, serait inspiré d’un de ses collages contenant précisément le mot "Pop" ("I Was A Rich Man’s Plaything", 1947).
La galerie présente deux pans d’une production qui n’a cessé de se réinventer : huit sculptures "mecanomorphiques" en aluminium, complétées de quatre grandes séries de travaux imprimés (gravures, impressions d’écran, photolithographies…). Réalisé entre 1965 et 1970, l’ensemble baptisé "General Dynamic F.U.N." appelle une iconographie très large qu’il extrait la plupart du temps de vieux magazines (dont certains furent partiellement détruits par les bombardements). Un vocabulaire emprunté au quotidien et des sujets communs (des matières qui fascinent l’Amérique, des bandes dessinées, des publicités pour des produits de grande consommation…). Il exploite tout ce répertoire familier dans un style très graphique, flirtant souvent avec le psychédélique. Ces motifs tirés de la culture populaire, Paolozzi les mettra à l’honneur une dizaine d’années avant le Pop Art américain. Il fait dès lors figure de précurseur en combinant, bien avant l’heure, des sujets populaires et des techniques qui le sont tout autant.
Touche-à-tout de talent mais impatient, l’artiste vient à la sculpture. S’inscrivant dans la suite logique, l’ensemble présenté chez Clearing - soit des réalisations des années 60 et 70 - doit être envisagé comme une succession de collages. L’artiste collectait des pièces industrielles détachées qu’il combinait les unes aux autres. Il était dès lors tributaire des morceaux dont il disposait. Il imaginait précisément ces assemblages, toujours uniques, puis les commandait à des professionnels. Pièce phare, l’exemplaire intitulé Parrot. À cette époque, Eduardo Paolozzi est fasciné par l’univers de Walt Disney. Il livre ici sa propre interprétation, très libre, de Mickey Mouse.
Enfin, détail que l’on ne manquera pas de replacer dans quelques diners mondains : Sir Eduardo Paolozzi fut nommé en 1986 par la reine Elizabeth II - qui l’appréciait énormément - "sculpteur ordinaire de Sa Majesté pour l’Écosse". Un artiste largement sous-estimé, à (re)découvrir !
The Metallization Of A Dream. Eduardo Paolozzi Pop Art Où Clearing, avenue Van Volxem 311, 1190 Forest www.c-l-e-a-r-i-n-g.com Quand Jusqu’au 14 mars, du mardi au samedi de 10h à 18h.
