Quatuor en coup de gueule majeur
Ils sont quatre. Sans leader, un vrai collectif nommé « Subject Matter ». Tout récent. Ce qui les réunit ? La pratique de la peinture. Leur expérience est solide, leur c.v. étoffé. A l’occasion de leur expo bruxelloise à la A.galerie, quatre peintres diffusent un manifeste.
Publié le 05-02-2020 à 10h16 - Mis à jour le 05-02-2020 à 11h14
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A l’occasion de leur expo bruxelloise à la A.galerie, quatre peintres diffusent un manifeste. Un commentaire de notre critique d'art Claude Lorent.
Ils sont quatre. Sans leader, un vrai collectif nommé « Subject Matter ». Tout récent. Ce qui les réunit ? La pratique de la peinture. Leur expérience est solide, leur c.v. étoffé. Ils sont connus et leur art est apprécié hors des cénacles fermés de l’entre-soi. Ils exposent dans une galerie bruxelloise qui pour la première fois troque le papier à émulsion pour les supports du pictural. La A.galerie (25, rue du Page, à 1050 – Jusqu’au 29 .02), dirigée par François Delvoye, les accueille en un champ libre qui se ressent dans l’accrochage inventif, ludique, jouant sur les rapprochements et les confrontations. Les peintures de Laurent Becquaert, Gille Delhaye, Bernard Gilbert et Charlotte Marchand savent ce qu’elles ont en commun dans leurs différences : une solide personnalité !
Réunis autour de pizzas dont il reste juste un artichaut, voilà que les artistes poussent un coup de gueule, par écrit, une sorte de manifeste que voici, disponible à la galerie:
« Aujourd’hui, face à la situation en général et artistique en particulier :
A la nécessité de réagir face aux diktats.
A la nécessité de résister aux codes esthétiques comparables à un nouvel académisme.
A la nécessité d’acquérir du temps pour l’imprégnation et l’échange.
Ralentir
En réaction à la complaisance, à l’individualisme et à la corruption institutionnelle.
En réaction à la volonté de réduire le débat politique dans la création, à la simple allégorie.
A la nécessité de se reconnecter au Monde réel et à d'autres mondes subtils.
A la nécessité de jouir et de partager.
Se réenchanter,
Il reste un artichaut ». Subject Matter
Des mots forts : diktats, académisme, corruption…, qui demandent éclaircissements du quatuor qui s’explique : « Dans le mesure où beaucoup d’institutions publiques deviennent de plus en plus dépendantes des cercles privés investissant dans l’art contemporain, elles garantissent la côte de certains artistes plutôt que d’autres en les soutenant sans autres critères que la « complaisance », et à la condition que ces artistes répondent à leurs diktats esthétiques et intellectuels: ce qui engendre un nouvel académisme, qu’elles imposent, en échange, au monde de l’art et aux investisseurs privés. (Le nouvel académisme est cet art "officiel" qui glorifie certaines "stars" de l'art contemporain comme seule valeur esthétique et surtout financière. Ce n'est pas à comparer avec la notion plus esthétique connue à la fin du 19ème siècle, à travers l'art pompier mais plutôt un regard critique sur le monde de l'art et l'ensemble des acteurs, artiste compris).Ceci en toute opacité et sans aucun contrôle extérieur. Dès lors, la corruption institutionnelle n'est pas, comme on pourrait le croire, uniquement financière (subsides, aides à la création, fonds privés spécifiques, ...), elle est aussi morale et intellectuelle ». A potasser !



