Francis Alÿs, une performance en période de confinement
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- Publié le 03-04-2020 à 09h07
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Dans le cadre de la série L’art au temps du coronavirus, voilà la contribution de Francis Alÿs sous forme d’une photographie de sa performance en cours à Mexico, centrée sur la marche et le confinement, et d’une courte légende.
Francis Alÿs, un artiste majeur aujourd’hui dans le monde, né en 1959 à Anvers, de son vrai nom Francis de Smedt, étudia l’architecture à Tournai et à Venise. Il vit au centre de Mexico, dans le quartier du Zocalo, depuis 1986. Il raconte des petites histoires qu’il exprime dans des vidéos, des dessins, des peintures. On vient de voir à Kanal, à Bruxelles, pendant plusieurs mois, ses merveilleuses 18 vidéos sur les jeux d’enfants dans le monde (il en a réalisé une de plus depuis lors).
Chaque fois, il pose des questions de base et imagine un scénario original et poétique qu’il réalise avec un soin extrême. Il intervient dans l’espace urbain et il marche, sillonnant son quartier ou le monde. II entre dans les tornades dangereuses, déplace les montagnes à Lima, pousse des blocs de glace à Mexico. Il refait la ligne verte séparant Jérusalem Est et Ouest en marchant avec un pot de couleur percé dans la main.
Ses vidéos et dessins, poétiques et politiques, en ont fait un des plus grands artistes d’aujourd’hui. Sa rétrospective à la Tate, au Moma et au Wiels fut un très grand succès.
Marche en rond
Pendant tout le temps du confinement, il marche et marchera en rond dans son atelier de Mexico. Une performance qui donnera lieu ensuite à une vidéo et des oeuvres annexes. Il en dévoile déjà une photographie et s’explique :
« Chaque jour je marche en cercle dans mon atelier une fraction du chemin de Compostelle, l’idée est de parcourir d’ici la fin de la quarantaine les 118 km qui séparent la côte Atlantique au port de Ferrol, à Santiago de Compostelle á l’intérieur du pays. Cette route est connue comme ‘El camino Ingles’. C’est un projet que j’avais en tête depuis quelques années et ces temps de réclusion sont l’occasion parfaite de le réaliser. J’espère qu’il ne faudra pas faire de détours…?! »
Veut-il montrer que l’artiste peut toujours échapper au confinement par la poésie et l’imagination ? Que le monde tourne en rond? Est-ce une référence au célèbre livre de Xavier De Maistre Voyage autour de ma chambre (1794) ou encore aussi, au pèlerinage à la basilica de la Virgen de la Guadalupe, à Mexico qui attire chaque année des millions de pèlerins à pied et à genoux, tout près de son atelier ?
« Oui, bien sûr, je suis toujours heureux de toute lecture potentielle, l’interprétation de mes oeuvres reste toujours ouverte. »