Signal d'espoir pour la culture: le 19 mai, on pourra revoir nos chefs-d’oeuvre
La crise frappe durement la culture. La réouverture le 19 mai du musée des Baux-Arts est un signal d’espoir.
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Publié le 30-04-2020 à 05h00 - Mis à jour le 02-05-2020 à 22h27
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La crise frappe durement la culture. La réouverture le 19 mai du musée des Beaux-Arts est un signal d’espoir.
On l’a répété: la culture est le secteur le plus sinistré par le confinement avec l’horeca, et un secteur oublié pendant cette crise, qualifié parfois de « non essentiel ».
Une conférence de presse s’est déroulée jeudi dans le grand hall du musée des Beaux-Arts de Bruxelles, sous l’immense tableau de La Révolution de 1830 de Gustave Wappers. David Clarinval, ministre en charge des musées fédéraux, et Michel Draguet, le directeur du musée, ont rappelé le rôle essentiel de la culture, encore davantage en temps de crise. Ils ont expliqué en détails comment le plus important musée de Belgique va partiellement rouvrir le mardi 19 mai, premier musée belge à le faire, avec un parcours à effectuer en toute sécurité sanitaire, au milieu des chefs d’oeuvres absolus de Bruegel, Rubens ou Rembrandt.
D’autres musées fédéraux et communautaires ont annoncé qu’ils allaient aussi rouvrir le 19 mai mais attendent encore un feu vert officiel.
Pour David Clarinval, la procédure de réouverture du musée des Beaux-Arts peut servir de référence pour les autres musées et a été approuvée, dit-il, par les experts du groupe chargé de l’Exit Strategy (GEES).
Michel Draguet explique s’être appuyé sur l’expérience étrangère y compris celle des musées chinois et japonais qui ont déjà rouverts en mars.
D’abord l’Art ancien
Dans les faits, pour le visiteur, la procédure est sans surprise, proche de celle étudiée par les autres musées et ressemble à celle des magasins.
Le 19 mai, seule la section Art Ancien, Old Masters, sera rouverte, celle de Bruegel à Rubens. Les visiteurs pourront acheter leur billets à des bornes mais il est conseillé de réserver en ligne et de recevoir un créneau horaire pour faire sa visite.
Un parcours obligatoire à travers les salles est fléché au sol. A l’entrée de chaque salle, un panneau indique le nombre maximum de visiteurs. Si le nombre est atteint, il faut attendre. Des indications précisent tout au long la nécessité de garder ses distances.
On laissera entrer 50 visiteurs maximum par heure (5 fois moins que l’affluence « normale »). Une chance pour être quasi seul face aux tableaux! Les protections habituelles sont prévues à l’entrée. Des casiers resteront accessibles aux vestiaires. Tout le matériel touché par les visiteurs sera régulièrement nettoyé. Le restaurant, le service d’audioguides, les visites de groupes, etc., resteront encore à l’arrêt.
Soulignant l’importance qu’un musée reste ouvert, Michel Draguet rappelle que durant la seconde guerre mondiale, même sous les bombes, la National Gallery a toujours exposé au moins un tableau.
Combien de visiteurs viendront ? En règle générale, 60 % viennent de l’étranger, et ces visiteurs ne reviendront pas avant longtemps. Le musée veut dès lors s’adresser en priorité aux visiteurs locaux, de proximité.

Prêter aux galeries
En fonction de l’évolution de la pandémie et de l’expérience acquise, le musée rouvrira ensuite le Musée fin de siècle, et puis, mais sans doute bien plus tard, le musée Magritte handicapé par ses salles trop exigües.
Michel Draguet envisage alors pour ne pas priver trop longtemps les visiteurs, de présenter pour un temps, les Magritte aux étages -3 et -4 du musée.
Il explique aussi vouloir profiter du moment pour offrir aux visiteurs des explications étendues de tableaux mythiques comme les Têtes de Maures de Rubens (ex-Têtes de nègres) et La Mort de Marat de David vedette aujourd’hui sur les réseaux sociaux du monde entier.
Il veut aussi marquer la solidarité du musée avec les artistes par des idées neuves: le musée se propose de prêter des oeuvres aux galeries d’art pour les soutenir (et à travers elles les artistes qu’elles défendent). Il voudrait aussi présenter des vidéos de comédiens et musiciens dans le grand Hall du musée pour les visiteurs attendant de pouvoir entrer.
Par ailleurs, David Clarinval a rappelé l’autorisation donnée aux musées fédéraux de puiser dans leurs réserves des années antérieures. Jusqu’ici, c’était interdit par les règles européennes. Les 40 millions d’euros au total des réserves des quatre musées fédéraux, qui devaient servir à des investissements ou achats, pourront être utilisés pour éponger leurs pertes dues au covid-19.
La réouverture du musée des Beaux-Arts, et sans doute en parallèle celle d’autres musées (Africa Museum, Muhka, Mac’s, etc.), sera donc un signal d’espoir.
Les musées de Berlin rouvrent eux, le 4 mai déjà, les musées italiens, comme les Belges, le 18 mai. La France a annoncé mardi la réouverture le 11 mai des seuls « petits musées » sans préciser ce que ce terme signifie. Les grands musées parisiens comme le Louvre resteront fermés encore pour plusieurs semaines de plus.