La Biennale d'art de Venise reportée d'un an : cela aura un impact sur la Belgique
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Publié le 19-05-2020 à 09h16 - Mis à jour le 19-05-2020 à 13h11
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La Biennale d’architecture est finalement repoussée à 2021 et celle d’art contemporain à 2022.
Le coronavirus aura finalement eu la peau de la Biennale d’architecture de Venise placée sous le commissariat d’Hashim Sarkis. Prévue initialement en mai, reportée à fin août, elle a finalement été décalée à 2021 seulement.
Logiquement, la Biennale d’art contemporain qui devait suivre en 2021 a dès lors été reportée à 2022.
Cela a un impact immédiat en Belgique. En 2021, ce devait être le tour de la Communauté flamande de choisir l’artiste qui occupera le pavillon belge des Giardini. C’est remis à 2022 et dès lors, la prochaine participation de la Communauté française à la Biennale de Venise est repoussée à 2024.
On se souvient qu’en 2019, la Communauté française avait finalement choisi, à la surprise générale un duo d’artistes néerlandophones de Bruxelles, Harald Thys et Jos De Gruyter, pour leur projet Mondo Cane (repris pour l’instant à Bozar). On parlait alors de réciprocité possible en 2021. La Flandre rejette maintenant l’idée d’une collaboration obligatoire avec les francophones, tout en disant que son projet sera sans frontières.
Il était prévu, avant de connaître ce report d’un an, que le choix de la Flandre intervienne fin mai et qu’il serait fort observé car il reviendra au final à Jan Jambon (N-VA), ministre-président et ministre de la Culture dont la politique est très critiquée par les artistes. Le projet choisi sera-t-il très politique comme tant d’autres à Venise ?
Un jury avait choisi six candidats commissaires chargés de présenter un concept et un (ou des artistes) pour mai. Ce sont Heidi Ballet, Till-Holger Borchert (du Groeningen museum) & Michel Dewilde, Enough Room for Space, Zoë Gray (curatrice au Wiels), Christophe Slagmuylder et Hilde Teerlinck (ex-Frac du Nord).
La surprise est d’y retrouver Christophe Slagmuylder, Bruxellois qui dirigea dix ans le Kunstenfestivaldesarts et qui dirige maintenant les prestigieuses Wiener Festwochen. Majorité de femmes
Plusieurs pays avaient déjà annoncé leurs représentants et cette liste ne devrait pas changer. Et ces artistes devraient interroger l’état du monde après la crise.
On devrait donc retrouver en 2022, la peintre Tina Gillen choisie pour représenter le Luxembourg. Une artiste bien connue chez nous puisqu’elle vit et habite à Bruxelles. Son projet Faraway So Close, est pensé comme un « tableau vivant » déployé à l’échelle du Pavillon luxembourgeois, comme un décor de cinéma où on retrouvera ses thématiques de l’architecture, du paysage ou la relation entre abstraction et figuration. Dix autres pays avaient déjà choisi leur artiste, très souvent des femmes à l’image de la commissaire générale de cette Biennale, la jeune Milanaise Cecilia Alemani.
Pour la Suisse, c’est Latifa Echakhch en collaboration avec le musicien Alexandre Babel. Elle a une très belle expo qui rouvre au BPS22 de Charleroi.
Pour la France, c’est la franco-algérienne Zineb Sedira dont les installations et vidéos interrogent autant son récit personnel que la grande Histoire.
La Grande-Bretagne a choisi pour la première fois une femme noire, Sonia Boyce, aux vidéos et installations très politiques.
Le Canada a sélectionné Stan Douglas déjà souvent venu à Venise et dont le Wiels avait présenté une grande expo en 2016 avec ses installations vidéos caractérisées par des mises en scène et des effets de montage élaborés autour des utopies perdues du XXe siècle.
Par l’Australie, c’est l’artiste et musicien Marco Fusinato. L’Autriche a opté pour un duo très provocant: Jakob Lena Knebl et Ashley Hans Scheirl. Ils ont montré à la dernière Biennale de Lyon leur esprit de transgression et de parodie, avec leur installation réalisée dans une fosse des usines Fagor qui interrogeait le côté obscur des normes sociales, du genre, de l’esthétique (volontiers kitsch) et de l’économie néolibérale.
La Finlande proposera la performeuse Pilvi Takala que le Wiels a déjà présentée. En 2011, elle avait effectué une étonnante performance au Woluwe Shopping Center: habillée en noir avec classe, elle portait un sac en plastique transparent rempli de billets de banque tandis qu'elle se promenait dans le centre commercial, comme une parfaite cliente, mais tout en faisant une action non-conforme. Invariablement, les clients et les vendeurs chuchotaient et faisaient des commentaires au passage de l'artiste, jusqu'à ce que le personnel de sécurité l'avertisse qu'il n'est pas permis de se promener ainsi avec de l'argent. L’argent doit rester caché !
Les Pays-Bas ont choisi Melanie Bonajo qui, à la dernière Biannale Manifesta à Palerme, avait montré une vidéo superbe et très sensuelle où l’homme se fond dans la nature (elle fut aussi invitée au Kunsten à Bruxelles).
L’Islande a opté pour Sigurður Guðjónsson et la Nouvelle-Zélande pour Natalie King.