Le cri silencieux de la nature
Avec Hua Tunan, on est entre Orient et Occident, figuration et abstraction, peinture et street art.
Publié le 29-05-2020 à 09h28
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Avec Hua Tunan, on est entre Orient et Occident, figuration et abstraction, peinture et street art.
Dans un contexte particulièrement sensible, la Mazel Galerie est heureuse de présenter, pour la toute première fois en Europe, le travail d’un jeune peintre chinois vivant en Chine, Hua Tunan. Un accrochage très long à mettre en place, et qui peut être apprécié à distance. Crise sanitaire oblige, la galerie (qui vient de fêter ses dix ans) propose une visite virtuelle de l’exposition.
Né en 1991 à Foshan, Hua Tunan (de son vrai nom Cheng Yingjie) compte parmi les artistes asiatiques les plus prometteurs de sa génération. Son profil est totalement atypique. S’il commence à peindre en suivant scrupuleusement les techniques traditionnelles chinoises enseignées par son père, il va rapidement s’en détourner pour observer la culture occidentale. Un tournant qui n’est pas étranger à sa formation qu’il poursuit à Singapour (ville elle-même tournée vers l’Occident). Cette influence va le propulser dans le street art, univers qui lui offrira déjà une certaine notoriété. Et pour cause : le jeune homme se mettait en scène en réalisant de grandes interventions dans la rue. Des performances - très gestuelles et réellement spectaculaires - qui attiraient, invariablement, énormément de monde.
Aujourd’hui, l’artiste livre des toiles, entre abstraction et figuration, incarnant la synthèse entre son héritage traditionnel et son influence occidentale. Il mêle par exemple sa logique de peinture en mouvement à des gestes d’arts martiaux (notamment dans ses procédés de projection).
Engagement expérimental et environnemental
L’artiste expérimente sans cesse, faisant de son processus de création une véritable performance. Hua Tunan emploie des accessoires divers et variés (perceuse, seringues…) pour créer des jeux de mouvements. Et si le résultat se rapproche d’une forme de chaos, il ne faut pas s’y méprendre. Ses compositions qui paraissent spontanées ou aléatoires sont en réalité rigoureusement contrôlées et programmées. En outre, il travaille des pigments très brillants qui donnent l’impression d’incrustations (certains endroits apparaissent constellés de petites perles ou pierres précieuses).
Avec une palette et une facture occidentales, Hua Tunan explore des thèmes typiquement asiatiques. Des paysages dans lesquels il compose des motifs de falaises (proches de ceux des estampes classiques chinoises ou japonaises) ; des dragons, représentations traditionnelles de sa culture ; des tigres pour lesquels l’artiste nourrit une réelle affection. Il est à ce point attaché à ces animaux qu’il s’engagea dans une action pour la protection des tigres sauvages initiée par le WWF en 2018. Plus généralement, l’artiste est extrêmement sensible au monde qui l’entoure, à la nature et à la vie sauvage, déclarant récemment sur les réseaux sociaux : "Cette année, j’ai constaté comme chacun la situation écologique terrible dans le monde entier, notamment les incendies en Amazonie et en Australie, et les nombreuses vies que cela mettait en danger. De telles catastrophes ont semblé être un appel de la nature me demandant de m’en rapprocher en dessinant. La nature est mystérieuse et imprévisible. Nous devrions non seulement la vénérer, mais aussi renforcer la sensibilisation à sa protection. Grâce à ce travail, j’espère que vous pourrez entendre la voix de la nature. Comme le rugissement d’une cascade, la nature gémit à travers ces catastrophes. Les humains doivent l’entendre."
Dans ce climat d’urgence écologique, cette exposition apparaît donc comme un cri, silencieux mais pictural, de la nature à l’homme. À chacun de tendre l’oreille…
Hua Tunan. The Balance of Nature Peintures Où Mazel Galerie, rue Capitaine Crespel 22, 1050 Ixelles www.mazelgalerie.com Quand Jusqu’au 21 juillet, du mercredi au samedi de 11h à 18h.
