Les univers d’Achraf Touloub
Troisième exploration de son œuvre chez Baronian/Xippas et nouvelles découvertes.
Publié le 29-05-2020 à 09h17 - Mis à jour le 29-05-2020 à 09h28
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Troisième exploration de son œuvre chez Baronian/Xippas et nouvelles découvertes. Revenant pour la troisième fois chez Albert Baronian associé, depuis cette saison, au galeriste Xippas, Achraf Touloub persiste dans sa manière, non pas de s’inscrire dans le temps tel qu’on le conçoit trop souvent, mais dans une sorte de conceptualisme ambiant qui mêle étroitement notre ère technologique à des techniques artistiques qui ont traversé les âges et les traditions.
Né à Casablanca en 1986, installé à Paris, Touloub compte déjà de notables expositions, dont une participation à la Biennale de Venise en 2017. On l’a vu aussi bien dans un ensemble au Centre Pompidou qu’à Maison Rouge, à Paris.
Pour ce retour chez Baronian, Achraf Touloub démultiplie les perspectives. Il y a des dessins, toujours fins et subtils ; des installations/reliquaires ; des sortes de tapisseries posées contre les murs.
Pour singulier, regard posé sur notre époque du tout connecté, son acte créatif amalgame ce qui nous porte de nos jours, le temps et l’espace qui fuient, galopent, se diversifient d’un pôle à l’autre. Les infos et les croyances sont de la partie et il s’interroge sur notre relation envers les nouvelles réalités.
Conceptuel, Touloub mélange forme et fond, utopie et réalité, assimile les systèmes à sa disposition et mélange leurs réalités telles que nous les recevons. Croyances et mythes sont associés de pair à un tout qui ne nie pas la vacuité, la déliquescence de nos environnements.
"L’objectif n’est pas de visualiser ces œuvres mais de cohabiter avec elles", dit-il, nous engageant à les regarder telles qu’elles nous surprennent, nous parlent, nous interpellent, sans qu’il faille à tout prix leur trouver un sens déterminant.
Ses "Soft Sculptures", huiles sur textiles, fausses tapisseries, sont, il le veut ainsi, comme des secondes peaux, une sorte de retour à un originel qui nous parle peu ou prou, quand bien même sont-elles réalisées dans des matériaux synthétiques bien loin des techniques selon la tradition.
Ses boîtes reliquaires retiennent des bouts de bois à peine sculptés, souvent pris pour ce qu’ils sont, tels quels. Et ses dessins, s’ils en appellent à ce que nous croyons savoir des anciennes imageries, ont pour eux une réalisation à la fois virtuose et passée au peigne fin d’histoires anciennes qui meublent toujours nos attaches aux traditions.
L’exposition d’Achraf Touloub nous met en demeure de revoir nos concepts artistiques à l’aune des nouvelles donnes, en tenant compte de ce qui nous entoure et, bien souvent, nous fait perdre le Nord. Touloub avance avec son temps, s’y lie et délie selon ses heures, comme tout artiste dès lors qu’il est aux prises avec ses fantasmes ou avec ce que lui crie sa conscience.
Il n’est pas un artiste dont on s’accapare avec légèreté. Plutôt, il nous entraîne à sa suite par son pouvoir de chamane reconverti aux saintes écritures très actuelles !
Achraf Touloub, Discord Venue Art total Où Galerie Baronian/Xippas, 2, rue Isidore Verheyden, 1050 Bruxelles. www.baronianxippas.com et 02.512.92.95 Quand Jusqu’au 15 juin.
