Bouée de sauvetage pour les Rencontres photographiques d’Arles

Comme nombre de festivals, suite au Covid 19, les Rencontres de la photographie d’Arles qui célébraient leur 50e édition l’an passé ont été annulées. Elles manqueront certainement à tout un public fidélisé au cours du temps. Elles manqueront évidemment aussi à toute une profession qui les voit comme une boussole et ce plus particulièrement depuis le tsunami de l’image digitalisée sur internet. Elles commencent déjà à manquer à la ville d’Arles, à ses hôteliers, restaurateurs et commerçants qui s’accrochent néanmoins à une bouée de secours inattendue.

De la photographie, mais pas que

En effet, Arles Contemporain, l’association de galeries permanentes d’art contemporain créée en 2013, semble prendre le relais pour l’été 2020 en coordonnant le programme de tous les lieux d’exposition de la ville, qu’ils soient pérennes ou éphémères. En ce compris des lieux comme ceux de l’association du Méjean habituellement repris dans le cadre des Rencontres. Cela nous donne donc une programmation éclectique - fournie du reste - très inégale aussi et dans laquelle il faudra faire soi-même les choix manquants d’un commissariat général.

Il y aura de la photographie, mais pas que. Ainsi, par exemple, dans un endroit aussi emblématique que l’église des Frères Prêcheurs trouvera-t-on un mélange de trois médiums (peinture, sculpture et photo) pour évoquer les fantômes. De même à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz pourra-t-on visiter les ateliers "d’Action collective temporaine" (sic). Sur l’ancien site de la SNCF, Luma Arles présente "It’s urgent" un projet d’affichage d’une centaine d’artistes en résonance avec l’actualité épidémiologique.

Les initiatives photographiques qui se profilent dans les travées du festival ont eu tout d’un coup un boulevard devant elles. Ce sera pour le meilleur et parfois pour le pire lorsqu’on voit que le célèbre Café van Gogh s’improvise galerie en exposant des photos "de jazz et des portraits de femmes". Pourtant un demi-siècle des Rencontres nous a appris que si la photographie est destinée à un public large, ce n’est pas pour autant n’importe quoi. Il y a désormais une culture photographique comme en témoigne toute une part de l’exposition "La Boîte de Pandore. Un cabinet de curiosités contemporain" au Musée Réattu avec une histoire et des artistes qui font que désormais on ne peut plus confondre le médium avec un aimable passe-temps du dimanche.

Ceci dit, en voyant que le programme de cet événement soutenu par la Ville annonce "60 lieux d’expositions et des événements tout l’été", on se demande vraiment pourquoi avoir annulé les Rencontres…

Arles contemporain Où Arles. arles-contemporain.com Quand Jusqu’au 6 septembre.